DOMINIQUE SYLVAIN

Yamashita est un politicien en vue. Il n’a confiance qu’en son chauffeur Nikko, métis d’une Coréenne et d’un Américain. Yamashita serait secrètement soutenu par une secte. Le grand plaisir de ce collectionneur, ce sont des livres aussi précieux que morbides. Il se les procure chez l’antiquaire boiteuse Mukoda, à des tarifs élevés. Grâce à l’aide d’Eve, Louise s’aperçoit que Florent a vendu un livre rare à Yamashita. L’objet a été volé à l’évêque. Louise est agressée, avant de découvrir le cadavre égorgé d’Eve. Elle n’alerte pas tout de suite la police. Assistée de Ken, Louise interroge ceux qui ont connu Eve. Y compris l’antiquaire, qui en profite pour la droguer...

Une autre lecture du Baka ! de L A

Baka… : imbécile, idiot, bête, crétin, con

Telle est la traduction que donne le dictionnaire-japonais.com de ce terme. Mais Baka n’est plus seulement cette brève insulte qu’utiliseraient les yakusa aux prises avec des inconscientes, c’est aussi le premier roman de Dominique sylvain, la plus tokyoïte des auteurs parisiens de polars.

Louise Morvan, détective privée, pour sa première enquête, embarque pour le Japon, un pays dont elle ne sait rien… Mais une filature est une filature, ici comme ailleurs…

Et nous voilà au beau milieu de Tokyo, sous une pluie battante, à la recherche d’un parapluie. Et nous voilà dégoulinant de pluie, plongeant dans un baquet fumant au cœur d’une nuit électrique.

 Mais la filature de Louise ne se résume pas à une traversée d’une ville inconnue, lumineuse, bruyante et aux rues sans nom, elle est aussi faite d’étranges rencontres : un yakusa adepte des bains, un comédien séduisant, un responsable du service de sécurité de l’ambassade, un libraire spécialiste des livres anciens, un politicien collectionneur et cocaïnomane, un coréen mi-américain, une entraîneuse de bar maîtresse de quelques-uns de ces personnages, une antiquaire boiteuse, un évêque, son neveu, un « patron » de secte, une sainte…

Louise ramassera les cadavres de certains, couchera avec d’autres, échappera à la brûlure du chalumeau que lui présentera un inconnu, pour finalement ramener à la vie un reclus du net… 

Vous l’aurez compris, Louise mène à bien la mission que lui a confiée l’évêque… mais qu’importe? Car avec Dominique Sylvain l’essentiel est ailleurs, il se niche au cœur de ce qu’est un roman : un style. Elle sait se perdre dans des descriptions palpables, dans des digressions enfantines, dans des cauchemars incertains, puis brusquement, en deux coups de sabre trancher une main, un bras et une tête. Sous sa plume le temps se dilate ou se contracte pour enfanter un roman jubilatoire, hilarant par moment, comme seul sait l’être JL Godard en dernière analyse. 

Avec ce onzième premier roman Dominique Sylvain s’impose aux yeux de tous comme un des auteurs les plus importants parce que des plus talentueux. Mais avait-elle besoin de s’imposer? N’a-t-elle pas toujours été une grande écrivaine ?

Une autre lecture du Baka ! de RENE BARONE

mai 2007, 200 pages, 15 €

4° de couverture :

Louise Morvan.

Profession : Détective privé.

La « Reine Louise » abandonne son QG de la Cité des Sciences et les demis de Pépé Maurice - le patron du Clairon des copains - pour le pays du Soleil Levant. L'évêque Chevry-Toscan a fait appel à ses services car son neveu fait des siennes.

La jeune femme mettra quelque temps à se relever de son dérapage sur Tokyo, qu'elle découvre ivre de chaleur et de pluie. À apprivoiser la ville moderne et son métro tentaculaire, à mesurer l'emprise de la tradition comme celle de la pègre, présentes partout, dans les jardins le jour, comme dans les clubs branchés la nuit. L'assassinat d'Ève Steiner, son interprète, provoquera l'électrochoc qui lui fera comprendre qu'elle est manipulée : Baka !, idiote !

Mais qu'est-ce qui relie Yuki Mukoda, l'antiquaire, Boss Gonzo, le yakusa, Jiro Yamashita, l'homme politique désabusé et le jeune métis Nikko Thomson ?

 * * *

Il pleut beaucoup à Tokyo. On pourrait se croire dans un roman de Simenon, sauf qu’ici ce n’est pas un inspecteur bourru engoncé dans un lourd pardessus qui mène l’enquête, mais une jeune femme “dure comme le silex et belle comme le marbre” experte en arts martiaux et qui n’hésite pas à faire le coup de poing avec les hommes de main du yakuza local.

Le pays du matin calme ne l’est pas autant que cela. Louise s’en rendra vite compte et devra affronter de multiples dangers pour mener à bien son enquête.

Mais outre l’intérêt d’une enquête passionnante qui se déroule dans une ambiance de violence feutrée jusqu’à une apothéose de sang, ce qui ajoute au plaisir de la lecture c’est la qualité de l’écriture. Un petit exemple parmi bien d’autres : “Ses mots devenaient des nuages d’un blanc impeccable ; ils s’échappaient de sa bouche comme les bouffées de vapeur de la locomotive de Jean Gabin dans La bête humaine.”

Moi, j’adore !