Le chant du bouc de Chantal PELLETIER


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CHANTAL PELLETIER

Le Chant Du Bouc


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Le mercredi 2 Septembre 2015

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Chantal PELLETIER




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Maurice Laice est policier à Montmartre, un quartier parisien dont il est accro. Célibataire, daltonien, quadragénaire défraîchi, il habite un appartement-boutique aussi dérangé que lui. Il se voit tel “un vieux bouc dont la violente odeur de suint n'électrisait plus aucune femelle.” Il se souvient parfois de l'étouffant deux-pièces de ses parents, rue Coustou. Avec son père qui travaillait chez Renault, et sa mère dans une poissonnerie de la rue Lepic. Ses parents s'installèrent du côté de Mâcon. Son père est récemment décédé, il est incapable de réconforter sa mère. Ils étaient trop loin de lui, à tous points de vue.

Souvenir aussi de sa défunte presque fiancée : “La mort de sa future femme lui épargnait le grand plongeon dans l'amour, cet océan où l'on n'apprend jamais à nager.” Depuis, Maurice a des relations incertaines avec les femmes. Et ce n'est pas d'être sous les ordres de la commissaire Aline Lefèvre qui arrange ses sentiments. Dynamisme et sexe sont les moteurs qui l'animent. Plutôt au féminin, le sexe pour elle qui égratigne les hommes avec verdeur. La blonde Aline Lefèvre surnomme son adjoint "Plussémoins", ce que lui inspire la traduction de "More is less". Maurice fréquente L'Oracle, un bistro aux menus savoureux, où il a sympathisé avec le serveur algérien Boualem, au passé marquant.

Le meilleur et plus vieil ami de Maurice, c'est le bouquiniste Rémy, qui tient boutique dans le quartier avec sa compagne Malika. Il a des soucis de bail commercial, car le secteur s'embourgeoise, se transforme au détriment d'habitants comme lui. À force de se brancher, Montmartre frise l'électrocution : “On ne voyait plus dans le coin que des types des médias, de l'édition. Des archis, des journaleux, tous ces métiers improbables qui se nourrissent de look et de modes comme d'autres de steak-frites. Fromagers, tripiers, bouchers, fermaient les uns après les autres pour laisser place à une ribambelle de marchands de sapes et de coiffeurs. À quelles obsessions de tignasses correspondait cette multiplication de merlans et autres capilliculteurs ?… On tuait Montmartre en le transformant en shopping center.”

S'il reste des immeubles vétustes, la rénovation n'améliore pas forcément l'ambiance du quartier, pour des passionnés de Pigalle, de Blanche et de la rue des Abbesses, tels que Maurice. Être en poste ici, ça vaut toujours mieux pour ce Parisien dans l'âme que son exil dans la lointaine Normandie. Néanmoins, Maurice se sent ramolli, déjà vieux : “Le manque d'humour est un très puissant accélérateur du vieillissement” souligne la commissaire qui pète le feu. Son ex-mari à elle, dont Aline Lefèvre a gardé le nom, est aussi policier. Mais ce commissaire (lui aussi) a trouvé que la vie en Corse, entre trafics divers et attentats, était nettement plus paisible qu'auprès de cette déchaînée mordante.

Ce ne sont pas les enquêtes criminelles qui remonteront le moral de Maurice Laice. Au Moulin-Rouge, un couple de cadavres est découvert entremêlé. Manfred Godalier, vingt-neuf ans, danseur soliste engagé depuis six mois après une petite carrière aux États-Unis. Homosexuel, il a été financé par son amant américain quand il s'est installé à Montmartre. Rémy figure dans le carnet d'adresses de Manfred, ce qui n'est guère signifiant. Anna, la mère du danseur, est artiste souffleuse de verre, et fait vieille pour son âge.

Elsa Suppini, vingt-et-un ans, native de Bastia, était costumière au Moulin-Rouge. Maurice est fasciné par ce “bel ange corse vierge”. Elsa voulait devenir créatrice de mode, et ne manquait pas d'inventivité, semble-t-il. En faisant le détour par Bastia, Maurice va vérifier à quel point elle était ambitieuse et très déterminée. Ses confidences écrites l'indiquent, et son amie Carla confirme. Le policier doit-il suspecter ce branque de Jean-Baptiste Monetti, ex-fiancé d'Elsa naviguant en eaux troubles ? Ce serait lui faire beaucoup d'honneur. Et puis, finalement, il possède un alibi, selon l'ex-mari flic de la commissaire Lefèvre.

Un autre crime est commis dans un immeuble de la rue Gerpil (Germain Pilon). Un “cramé cradingue” de trente-trois ans a été égorgé dans une pièce en foutoir. Ou plus sûrement mordu à mort par un être humain, ce junkie : le crack, ça attaque grave et ça fait délirer jusqu'au sanglant. Cet Hubert Laboureur organisait des rave-parties, traficotait du GHB, anesthésiante drogue du violeur. D'ailleurs, la piste de la came et des dealers, c'est celle que tient à suivre la commissaire Aline Lefèvre, avec interventions du côté de Pigalle. Pas un plan très excitant, ni tellement productif, estime Maurice Laice…

Ce roman fut récompensé par le Grand Prix du roman noir français au Festival de Cognac en 2001. Il appartient à la tétralogie que Chantal Pelletier consacre à Maurice Laice : Éros et Thanatos (1998), Le chant du bouc (2000), More is less (2002), Montmartre, Mont des Martyrs (2008), publiés chez Série Noire. Des meurtres énigmatiques, oui bien sûr qu'il y en a quelques-uns à résoudre. Des enquêtes policières, le tourmenté Maurice Laice et la trépidante commissaire Aline Lefèvre sont là pour les mener. Mais c'est d'abord à une visite guidée de Montmartre que nous invite l'auteure. Celui de Bernard Dimey (“Les copains du Lux-Bar, les truands, les poètes – Tous ceux qui dans Paris ont trouvé leur pat'lin – Au bas d'la rue Lepic viennent se fair' la fête – Pour que les Auvergnats puissent gagner leur pain”) et des figures d'antan qui animèrent ce quartier.

Crimes sanglants, certes. Héros pessimiste, en effet. Pourtant, c'est l'écriture et l'humour de Chantal Pelletier que l'on va apprécier. Que dire de la Corse ? “Pour Momo, l'île natale de Napoléon, c'était ça, des bombes, des emmerdeurs, l'Irlande qui se serait trompée de mer, avec un béret basque sous le bras. Momo s'attendait à atterrir dans un lieu ravagé par les bombes, où les passants longeaient les murs, tremblaient de peur, osaient à peine regarder une mer rouge de sang et un maquis dévasté par les incendies, et il avait survolé une tranquille carte postale épinglée sur un lac trop bleu par un imperturbable anticyclone… Rien à faire, la réalité est un mauvais scénario, sans action ni rebondissement.”

Même jeu amusé de Chantal Pelletier, citant les élucubrations d'Aline Lefèvre sur le sexe masculin : “Au départ, j'étais comme toutes les femmes, fascinée par l'instrument, sa sensibilité, son érectibilité, l'étendue de sa gamme multifonctions, son adaptabilité. Et puis, comme beaucoup de congénères, je me suis aperçue qu'on est vite battues à plate couture quoi qu'on fasse : le propriétaire de l'instrument est toujours plus amoureux de sa possession que son conjoint.” Si ces dames rêvent de princes charmants, et épousent de piteux Quasimodos, au moins Maurice Laice n'est pas de ces vantards, ayant tendance à se sous-estimer en se mélancolisant à outrance. Le décor s'y prête, d'ailleurs. Voilà un suspense tendrement drôle, à lire ou à relire.

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