Quelque part dans un état du sud. Martin Michael Plunkett est un tueur, né dans les années cinquante, coupable de dizaines de meurtres. Poussé par une irrationalité absolue en matière sexuelle, son énergie n’est jamais arrivée à s’extérioriser qu’au travers de la violence perverse qu’il exerce entre autres sur des jeunes couples. Son homosexualité non avouée, son absence de toute attache, de toute relation, en font une menace terrible pour ceux qui croisent sa route par hasard quand il ne les choisit pas pour leur beauté.S’attaquer à la critique d’un pareil monument de la littérature noire est vertigineux.Que reste-t-il à écrire qui ne l’aurait été, déjà ? Quelle comparaison pertinente, quelle réflexion novatrice pourrait naitre de mes mots ? Ceux de génie narratif, de styliste exceptionnel, voire même de folie ont déjà été si souvent usés qu’ils en paraissent rabâchés !Le roman a treize ans. Que je ne l’aie pas lu s’explique par un paradoxe : mon absolue fascination pour la trilogie Lloyd Hopkins (Lune sanglante, la Colline aux suicidés et A cause de la nuit) maintes fois relue, ou le Dahlia noir. Plus jamais, hélas, je n’ai retrouvé la charge émotionnelle de ces romans dans les écrits plus politiques qui ont suivi. Jusqu’à la lecture de « Un tueur sur la route ». Intemporel à force de noirceur, si profondément ancré dans la folie du personnage qu’il évoque forcément celle de l’auteur.James Ellroy met les mots suivants dans la bouche de son « héros » : Il existe une dynamique dans la mise en œuvre de l’horreur : servez-la garnie d’hyperboles fleuries, et la distance s’installe, même si la terreur est présente, puis branchez tous les feux du cliché littéraire ou figuratif, et vous ferez naitre un sentiment de gratitude parce que le cauchemar prendra fin, un cauchemar au premier abord trop horrible pour être vrai. La scansion parfois hallucinatoire de la narration de James Ellroy le dispense de tout discours théorique sur la folie, de toute justification, et suffit à terrifier son lecteur auquel il n’offre aucune échappatoire. Car si Plunkett est un personnage de fiction, il n’en reste pas moins qu’aucune fiction n’est allé aussi près du brasier mortifère de l’âme du serial killer. Seul peut être, Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série, réels, eux, a pu faire naitre de pareils frissons dans le dos de ses lecteurs.Non, ce n’est pas un ogre de fiction, dégoulinant d’hémoglobine bon marché, chargé de terrifier la lectrice pour lui faire apprécier son quotidien morne et rassurant. Non, ce n’est pas du grand guignol de tête de gondole. Ce roman ouvre une porte dérobée sur l’enfer, et puisse Dieu, ou Diable, nous préserver de la passer en compagnie de Plunkett !
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