tout le monde te haïra de Alexis AUBENQUE


Tout Le Monde Te Haïra AUBENQUE204

ALEXIS AUBENQUE

Tout Le Monde Te Haïra


Aux éditions ROBERT LAFFONT

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Le vendredi 29 Janvier 2016

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Alexis AUBENQUE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Collection La Bête noire.  Parution 4 novembre 2015. 432 pages. 20,00€.

On ne peut pas dire que ce soit une déclaration d'amour...

Dans une dizaine de jours, Noël arrivera avec son lot de cadeaux.

Pourtant, la distribution ne sera pas équitable pour tout le monde. Ainsi Alice Lewis arrive dans la petite ville côtière de White Forest, sise au sud de l'Alaska, n'ayant plus de nouvelles de sa sœur Laura. Sa mère, juste avant son décès, lui a appris quatre mois auparavant qu'elle possédait une sœur de vingt ans plus âgée qu'elle. Elle lui a écrit, Laura lui a répondu mais depuis un mois, c'est le silence total.

Alice veut signaler auprès des services du shérif Trévor cette disparition, mais elle se fait jeter dehors, le nom de Laura Barnes n'étant guère en odeur de sainteté. Laura est mariée avec Lloyd, le fils du maire de la petite ville, a un fils de dix-sept ans, Zachary, et travaille comme journaliste dans un périodique local. Elle enquêtait, aux dernières nouvelles, sur l'apparition lors de l'été de cadavres charriés par un iceberg en dérive et provenant d'un navire ayant échoué cent ans auparavant, le New Horizon. Mais c'est pour une toute autre raison que le nom de Barnes est tabou.

A sa sortie du commissariat, Laura glisse sur une plaque de gel et un homme qui passait inopinément par là la relève. Une occasion unique pour faire connaissance, mais lorsqu'Alice déclare qu'elle recherche sa sœur et évoque le nom de Barnes, l'homme a un haut-le-cœur. Il est détective privé, se nomme Nimrod Russel, et a été viré de la police par le maire, Abraham Barnes, pour une vague histoire d'inceste sur laquelle il avait enquêté. Nemrod a gardé de bonnes relations avec ses anciens collègues, car il n'était nullement fautif, au contraire, mais le maire n'avait pas du tout apprécié le résultat de cette enquête, pour des convenances amicales avec le père blâmable.

Nonobstant, Nimrod propose à la jeune fille de l'héberger, en tout bien tout honneur, chez lui, sur l'île Douglas qui est située juste en face de White Forest. Comme Alice n'est pas fortunée, elle s'occupera du ménage, des repas et de sa chienne Laïka, si celle-ci l'accepte. Et lui se mettra à la recherche de Laura, ne promettant pas de résultats probants.

Pendant ce temps, Tracy Bradshaw, lieutenant de police, est mandée d'urgence sur une affaire de meurtre particulièrement sanglante. D'ailleurs le meurtrier n'a pas fait dans le détail. Kruger a été pendu, dans sa grange, par les pieds avant d'être éventré du sexe jusqu'à la gorge par un hakapik, un pique de chasse utilisé par les Inuits pour la chasse au phoque. Nul doute que quelqu'un voulait signer le crime, le mettre à l'actif des Inuits qui sont cantonnés dans la région et que les envahisseurs américains tiennent en piètre estime.

Avec Scott, son nouveau coéquipier, qui a remplacé Nimrod, qui comme on l'a lu précédemment a été viré sans gloire, Tracy va s'atteler à une enquête difficile. Comme si elle n'avait pas assez d'ennuis personnels. Avec son mari Vernon, pas de problème, avec Alyson, leur fille, pas plus même si elle entre dans l'âge ingrat, mais Ridley, le garçon, fait des cauchemars la nuit, réveillant ses parents, les empêchant de jouir d'une nuit de repos entière, réparatrice et amplement méritée. Il se réveille en hurlant, déclarant voir des flammes partout, ayant peur pour sa sœur et ses parents, et affirmant que tout le monde le hait.

Avec Nimrod, Tracy a toujours eu de bonnes relations, et ce n'est pas la mise à l'écart de son ancien collègue qui a changé quelque chose. Ils parlent de leurs enquêtes respectives, et éventuellement se proposent d'échanger leurs renseignements, de se suppléer, de retrouver leur ancienne complicité. Mais cela ne se fera pas sans dommage, leurs adversaires inconnus ne leur ménageant pas les coups, ceux qui font mal. Mais qui sont ces adversaires qui se dressent sur leurs chemins ?

Est-ce l'enquête de Laura sur les cadavres du New Horizon, et surtout la disparition inexpliquée d'une centaine d'orphelins qui théoriquement étaient à bord du navire et dont les corps n'ont pas été retrouvés ? La disparition tout simplement de Laura, abandonnant sa famille pour un autre homme ? Le meurtrier de Kruger qui pourrait être une jeune femme d'origine inuit, et tient une sorte de maison de plaisirs particuliers, dont les clients sont adeptes de déguisements en tout genre, particulièrement celui de phoque énamouré ? Autre chose ? Ou tout simplement tout cela à la fois ?

Comme ces bons feuilletonistes qui savaient relancer l'action au moment crucial, abandonnant leurs personnages dans une situation délicate pour en retrouver d'autres qui eux aussi connaissaient des problèmes dans les chapitres précédents, Alexis Aubenque construit son intrigue en naviguant d'un protagoniste à un autre, d'une phase angoissante à une autre. En y incorporant ses thèmes de prédilection, l'eau, la mer de préférence, et les îles.

Tel une arachnide méticuleuse, Alexis Aubenque tisse sa toile sans se laisser distraire par les à-côtés tout en élaborant son intrigue comme un véritable Dédale, un labyrinthe qui offre de nombreuses voies de sorties en trompe l'œil. Parfois un cadavre vient s'engluer dans cette dentelle plus solide qu'il y parait, mais rien ne perturbe l'arachnide qui continue à broder. Une secousse qui pourrait sembler sismique, mais au contraire renforce l'édifice patiemment élaboré.

Alexis Aubenque possède cette faculté que n'ont plus de nos jours bon nombre de romanciers, celle d'entretenir l'intérêt du lecteur, sans s'adonner à des considérations oiseuses permettant de gonfler l'ouvrage mais n'apportent rien de plus que de l'ennui.

L'histoire se déroule sur quatre jours, et en incrustation le lecteur découvre le calvaire de Vassili, un gamin qui narre sobrement son parcours de jeune mineur. Pose de dynamite dans des galeries, puis le travail à la pioche comme les grands, les rebuffades, les réprimandes, avec au bout l'espoir qu'un jour il pourra retrouver Mère Russie.

Sous couvert d'un roman d'aventures palpitant, les origines complexes de cette intrigue nous offrent un final éblouissant jouant sur l'appât du gain et l'indifférence des êtres humains qui ne se demandent pas pourquoi certains produits sont si peu onéreux, alors que se sont des enfants qui les fabriquent. L'auteur évoque un contexte socio-économique malsain avec une introspection historique.

Vous savez aussi bien que moi que cela arrange toute la planète qu'il y ait des pauvres pour engraisser les riches.

Une déclaration émise par l'un des protagonistes qui démontre un cynisme émanant de riches et de ségrégationnistes ou d'antisémites envers toute une population parfois inconsciente ou aveugle de ce qu'il se passe réellement.

Mais Alexis Aubenque joue également avec le lecteur. S'il évoque furtivement Jack London, le décor et certaines scènes nous incitent à penser à ce grand écrivain, il renvoie à d'autres personnages célèbres. On ne peut que rapprocher le prénom du détective, chasseur d'images puisqu'il travaille essentiellement sur des affaires de cocufiages, à celui d'un autre grand chasseur mythologique. Nimrod, qui en hébreu signifie se rebeller, ne serait donc que la déformation de Nemrod, le chasseur éternel. Et que penser du patronyme de cette jeune fille qui recherche sa sœur : Alice Lewis, qui est une référence implicite à Alice de Lewis Carol.

Le bon point du jour est également attribué à Alexis Aubenque, qui connait mieux le français que bien des journalistes lesquels n'hésitent pas à déclarer : il y avait deux mille chômeurs l'an dernier et cette année ils sont deux fois moins (ceci n'est qu'un exemple). Ce qui veut dire, si je compte bien, qu'ils sont quatre mille en moins. Deux mille moins quatre mille égale ? Et oui, il y a un truc et pourtant on entend ou on lit ce genre de phrase quotidiennement.

Page 361, Alexis Aubenque écrit : Il mit moitié moins de temps pour rejoindre le campement de base qu'il n'en avait mis pour grimper. La formulation est exacte et nos braves journalistes ou économistes qui veulent nous donner des conseils et affirmer leur supériorité intellectuelle devraient en prendre de la graine.

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