Léo Malet et le cinéma.
Léo Malet (1909 - 1996) était un des auteurs français les plus prolixe, ce sont quelques 88 romans, nouvelles ou poèmes qu'il nous a légués. Du fin fond de son imagination, il a tiré les personnages de Johnny Métal, Mike Rowland… de Nestor Burma, célèbre détective privé de choc, patron de l'agence « Fiat Lux ».
Pourtant cette production, aussi talentueuse qu'impressionnante, a trouvé très peu d'écho sur l'écran blanc des salles obscures. Seul trois aventures de Nestor Burma ont été adaptées avec plus ou moins de pertinence :
« 120 rue de la gare » 1945, de Jacques Daniel-Norman avec René Dary (Nestor Burma), Sophie Desmarets (Hélène Chatelain), Jean Parédès (Marc Covet), Jean Clarens (Florimond Faroux)
« Enigme aux Folies-Bergères » 1959, de Jean Mitry, avec: Frank Villard (commissaire Raffin), Bella Darvi (Solange). (il ne s’agit pas d’une aventure de Nestor Burma)
« La nuit de Saint-germain-Des-Prés » 1977, Bob Swain, avec : Michel Galabru (Nestor Burma), Mariela Gourary (Hélène Chatelain]
« Nestor Burma détective de choc » 1982. Jean-Luc Miesch, avec: Michel Serrault (Nestor Burma), Jane Birkin (Hélène Chatelain).
Nestor Burma : détective privé de choc
Nestor Burma est à la tête d'une agence de détective dont le personnel se résume à deux personnes : Hélène la secrétaire et Zavatter un collaborateur spécialisé dans les filatures… et un chat nommé Rififi (invention que l'on peut dater du film Nestor Burma détective de choc et qui n'apporte rien au personnage mais doit faire plaisir aux amis des bêtes)
A Fiax Lux, les factures sont souvent impayées, le téléphone régulièrement coupé et le personnel rarement rémunéré. Quant aux huissiers, ils rôdent autour de l'agence, toujours prêts à saisir les meubles.
Mais Nestor Burma n'en a cure. L'argent qui lui a permis de fonder son agence n'avait-il pas une origine douteuse ? Alors ? Alors il accepte toutes les affaires qui se présentent ! Avec un faible lorsque son client est une cliente… En espérant ne pas trébucher sur un cadavre. En espérant ne pas croiser la route du commissaire Faroux et son Inspecteur Fabre ( personnage ridicule dont on ne trouve pas trace dans les livres de Malet )
Une consécration
Ce furent d’abord deux tentatives télévisuelles isolées :
« 120 Rue de la gare » Dramatique en direct diffusée le 31 août 1954 de Stellio Lorenzi. Scén. original : Leo Malet, Stellio Lorenzi. Avec : Daniel Sorano (Nestor Burma), Charles Lemontier (Faroux).
Et
« Les rats de Montsouris » 1988. de Maurice Frydland. Scén. : Bernard Marie, Jean-Claude Chambon, Maurice Frydland. Adapt. & dial. : Bernard Marie. Avec : Gérard Desarthe (Nestor Burma), Charlotte de Turckheim (Hélène), Bernard Freyd (commissaire Faroux).
Puis vint la collection « Une aventure de Nestor Burma ».
Certes, les puristes et autres fins connaisseur de l’œuvre de Léo Malet sont quelque peu surpris par les fantaisie des adaptations :
« Si, pour Brouillard au pont de Tolbiac, la transposition effectuée des années du Front populaire à Mai 68 est assez habile et permet de conserver l'esprit de l'auteur, en revanche un "Nestor Burma revient au bercail" où Le Bercail est une boite de nuit suisse et où le thème de la Guerre d'Algérie cède la place à l'immigration clandestine, laisse rêveur ; tout comme un "Nestor Burma dans l'île" où on retrouve les personnages d'Hélène et de Faroux absents du roman, dans une intrigue d'espionnage où Burma est aux prises avec un ancien colonel du KGB! » (Léo Malet – Parcours d’une œuvre Alfu ed Encrage).
Malgré ces réserves la série reste fidèle à l’esprit de l’auteur.
Le Nestor Burma télévisuel est à l’image de son modèle littéraire : un « héros » désenchanté et quelque peu phallocrate qui résout les affaires en se déplaçant constamment dans Paris et non pas grâce à des raisonnements de type "holmesque". Mais le respect de l’adaptation ne se résume pas à cette transposition exacte quant à la construction des intrigues, elle se niche surtout, et avant tout, dans les détails qui faisaient Léo Malet et, bien sûr, Burma. Léo Malet s’avouait, lui-même, obsédé total -mention qu’il avait inscrit sur ses cartes de visite- Aussi n’est-ce que fidélité à l’auteur de parsemer la plus part des épisodes de scènes d’érotisme chic (Porte-jarretelles, bas, dentelles.. et plus).
L’esprit de l’auteur semble avoir si bien imprégné les divers scénaristes qu’une fois les adaptations terminées, ils ont poursuivi la série en créant de toutes pièces de nouvelles intrigues fort convenables. Et plus encore, ils n’ont pas hésité à introduire de nouveaux personnages : Commissaire Niel et Picpus. Notons que cette liberté avec les personnages d’origine est des plus heureuse puisqu’elle atténue l’aspect machiste des enquêtes.
Le talent d’un acteur
Mais le succès est au rendez-vous et le plus célèbre détective parisien de la littérature policière française a pris réellement chair en la personne de Guy Marchand.
Pour cet acteur le personnage n'était pas totalement un inconnu. Il l'avait croisé en 1982 dans le long-métrage « Nestor Burma, Détective De Choc » sous les traits de Michel Serrault
La tâche de l'acteur était délicate : un détective privé n'est pas un personnage traditionnel dans le genre policier en France. D'ailleurs à ce sujet Léo Malet avait jugé utile de justifier ce choix :
« J'en ai fait un détective privé pour la commodité. [...] Un type libre, sans attache ni lien d'aucune sorte, disons un gars un peu aventureux sinon aventurier, qui peut aller et venir comme bon lui semble, et essaie de gagner son avoine sans trop se déshonorer ou pointer à l'usine. [...] En passant, qu'on me permette de dire que les détectives privés, les vrais [...] me débectent profondément. [...] Burma, je voulais en faire un détective antipathique, car j'avais un préjugé antiflic. »
Force est de constater que Guy Marchand s'acquitte au mieux de sa mission. Il campe avec talent un Nestor Burma désabusé extrêmement crédible, affublé pour la circonstance d'un feutre ramolli et d'un saxo pour combattre le spleen. Et depuis une quinzaine d'années il est parvenu à déployer son charisme et à nous faire oublier les faiblesses qui parsèment les épisodes aux réalisations hétéroclites mais toujours agréables. L A
Le mercredi 2 Aout 2006 |
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