Une lecture de LEO LAMARCHEUne cité comme une autre, dans les années 70 où la vie n’est ni pire, ni meilleure qu’ailleurs. Jusqu’à ce que l’on apprenne que la barre Guillaume-Apollinaire, où Thierry, sa famille, ses amis et ses proches ont passé toute leur vie va être démolie. Alors que cette destruction prochaine révolutionne le quartier, Thierry et ses copains tentent de s’approvoiser le changement à venir : ils explorent le vaste terrain vague où vont naître les nouveaux immeubles qui viendront remplacer la barre. L’idée germe toute seule : construire une cabane rien qu’à eux, les mômes, pour y passer les heures creuses et, pourquoi pas, organiser une fête qu’ils s’imaginent grandiose. Mais il y a un obstacle : Alban, le gardien du chantier, flanqué de son molosse, que les gosses parviennent sans peine à apprivoiser. Tous se mettent à l’oeuvre et, avec des palettes de récup’, sous l’oeil bienveillant d’Alban, ils se bricolent leur palace. Seulement, au moment d’y emménager, catastrophe, la donne a changé : Alban, les vire purement et simplement des lieux et leur en interdit l’accès. Intrigués de ce revirement soudain, Thierry et Marine tournent autour de l’entrée. Une planque de nuit leur permet de constater que d’étranges personnages rôdent dans le chantier et que la cabane pourrait servir de planque à un sombre trafic. Plus encore, les deux ados pensent avoir aperçu Méziane, le frère de Soufia, qui devrait se trouver sous les verrous après être tombé pour meurtre… Alors, prévenir la police ? Non, ils n’ont pas de preuves. Ils vont devoir se débrouiller seuls pour aider au démantèlement d’un réseau de dealers et s’en sortiront, malgré leur frayeur, avec brio ! Un polar à hauteur d’adolescent, et qui sonne juste. Une intrigue bien ficelée, sans invraisemblance, avec des rebondissement parfaitement crédibles, tout comme les personnages, attachants par leurs rêves et leurs premiers émois. D’ailleurs, ce roman est plus qu’un polar : l’évocation pudique des difficultés familiales et sociales des gamins d’un quartier donne à réfléchir… La vie dans les cités, depuis les années 70, a-t-elle vraiment changé ?
La cabane au fond du chantier, de Christian Roux, éd. Syros, coll. “Souris Noire”, 150 pages, 6 euros. À partir de 11 ans.
LEO LAMARCHE |
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