Une lecture de PAUL MAUGENDREIls ont quinze ans, ou presque, ils sont inséparables depuis leur toute jeune enfance et même avant, ils partagent le même banc à l’école, et par effet de mimétisme, ils se ressemblent jusque dans leur façon de s’habiller. Ils, ce sont Charlotte et Simon. Ne sachant trop quoi faire en cet après-midi du début des vacances de la Toussaint, ils décident d’assister à une vente aux enchères assez particulières. Le mobilier d’un homme, Gert Fröbe, qui a été assassiné peu de temps auparavant, doit être dispersé et c’est l’occasion rêvée pour les deux gamins de visiter la maison du meurtre. Charlotte et Simon s’introduisent dans la demeure. Une vitrine recèle une véritable collection de décorations, d’insignes, de fanions, d’origine allemande, remontant à la période nazie. Etrange vente aux enchères qui se déroule à l’extérieur. L’huissier propose un meuble et l’un des acheteurs éventuels parmi la quinzaine de participants n’offre qu’un montant dérisoire. Personne ne surenchérit, à la grande surprise de l’huissier et des jeunes adolescents. Et ainsi de suite pour les autres objets qui trouvent preneurs sans que la foire d’empoigne habituelle à ce genre de liquidation mercantile se déchaîne. Tandis que Silmon reste afin d’assister à cette mascarade, se proposant de s’amuser en s’invitant dans les débats lors de la vente des décorations, Charlotte retourne dans la maison. Sur le mur d’une des pièces du sous-sol elle lit une inscription pour le moins énigmatique. Faites sortir les rats des villes. Patiente, demain est à toi. Ogonok Mais surtout elle est interloquée lorsqu’elle se trouve nez à nez avec un inconnu qui tente de la rassurer et lui confie une pochette noire qu’il a extraite du foyer d’une des chaudières. Il récupérera l’objet plus tard lui affirme-t il. Mais lorsque Charlotte rejoint Simon dans la cour, un cri jaillit de la maison. L’homme vient d’être assassiné. Si Simon désire confier l’enveloppe, qui est scellée, à la police, Charlotte préfère s’intéresser d’abord au contenu. Celui-ci contient un carnet et des feuillets, traduits en anglais, en russe et en français. Le carnet et les traductions portent le sceau du Berlin Document Center. Mais surtout, et ça Charlotte l’a compris tandis que Simon pataugeait, c’est qu’il y est question d’or. D’or enfoui quelque part, non loin de chez eux dans la forêt. Alors, au lieu d’informer la police, nos intrépides futurs et jeunes aventuriers décident d’envoyer une partie des documents à la presse. Et tout contents ils se rendent à la salle de jeux où, stupeur, Charlotte est abordée par l’un des acheteurs présents lors de la vente aux enchères. Un dénommé Chico qui souffle à Charlotte : Ogonok s’intéresse à ton joli minois, ma belle. Tu as toutes les raisons de trembler. Effectivement Charlotte et Simon se sont mis dans un drôle de pétrin. Ils ignorent que des membres du réseau Ogonok, originaire du Paraguay et d’obédience nazie, sont également à la recherche d’un trésor allemand. Ils ont aménagé une partie de la forêt comme terrain de survie, loué à des amateurs d’airsoft le week-end, et que le précieux carnet et les renseignements qu’ils contiennent leur étaient indispensables afin de découvrir l’emplacement de la cachette. Et pour cela, ils sont prêts à tout. Théoriquement destiné aux enfants de plus de neuf ans, ce court roman peut-être lu avec plaisir par les adolescents et les adultes qui retrouveront les ingrédients d’une chasse au trésor implacable. La résurgence d’un fanatisme nazi n’est pas un leurre, une chimère, mais une réalité bien concrète qui se confirme de jour en jour, comme nous le prouvent certaines scènes récentes. Et les Assassins du Cercle rouge ne sont, hélas, pas une véritable invention de l’auteur, du moins certains faits et événements appartenant à l’Histoire ou issus de notre quotidien sont là pour en témoigner. Clin d’œil ou réminiscences littéraires et cinématographiques inconscientes, les patronymes de certains personnages renvoient à des personnes célèbres. Par exemple Charles Palance, grand, très maigre, la figure tout en os, nous fait penser à Jack Palance, le célèbre acteur de cinéma, Christian Fletchère, le plus renommé des mutins du Bounty, et quelques autres. Ce roman a paru en 1990 sous le titre Le Ventre du Bouddha aux éditions Hachette.
PAUL MAUGENDRE |
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