Une lecture de LEO LAMARCHE Un polar atypique, dont l’intrigue simple, tirée du quotidien, a des accents cornéliens. Sébastien, 14 ans, est un enfant du divorce. Tous les quinze jours, son père vient le chercher pour l’emmener passer le week-end dans leur maison de campagne, afin de restaurer des “relations père-fils”, qui laissent l’ado dubitatif. Ce week-end là, on décide de partir dès le vendredi soir, rendez –vous est pris avec le plombier. Stressé par le temps qui fuit, le père roule à toute allure, traverse les villages le pied sur l’accélérateur sans voir, dans la nuit, une femme qui sort de sa voiture garée sur le bas-côté. La Rover la percute de plein fouet, Sébastien hurle et, à son grand désarroi, au lieu de s’arrêter, son père prend la fuite, roule jusqu’à l’aube avant d’incendier sa voiture sur une aire de stationnement. Il ordone à son fils d’oublier ce qui s’est passé. L’univers de l’abo bascule : son père est un lâche, doublé d’un assassin, une révélation terrible. Tandis que Sébastien tente de se remettre du choc et exprimer sa rébellion avec les moyens de fortune, Loïc, dix-sept ans, fils de la victime, tremble dans un couloir d’hôpital pour la vie de sa mère. Elle s’en sort de justesse mais reste amnésique et ne le reconnaît même plus. À bout de remords, Sébastien va entrer en contact avec Loïc, sans lui dévoiler son identité. Entre les deux victimes secondaires de l’accident, une amitié pudique et sincère se noue, le temps des vacances de février alors que Sébastien tente de trouver en lui la force d’avouer le crime de son père. Sans jamais réussir, jusqu’à la fin, où il trouvera le courage de placer le coupable face à ses responsabilités. Dans ce roman bouleversant aux accents de thriller, Christophe Léon alterne les chapitres à la première personne, dans lesquels Sébastien tente tant bien que mal de survivre à ses désillusions et ceux, à le deuxième personne, où Loïc lutte contre l”accablement et tente par tous les moyens d’aider sa mère à retrouver la mémoire. Le récit est prenant, et sonne juste. Il parle de responsabilité, de courage, de désarroi et d’amitié. Des non-dits, aussi, qui finissent par miner les relations familiales. Des regards des ados sur leurs géniteurs. De leur façon à eux de se prendre en mains ou de choisir la fuite intérieure. Un beau “polar” du quotidien, résolument psychologique. Une réussite.
Délit de fuite vient de recevoir, à juste titre, le prix Littéraire de la Citoyenneté, et son adaptation en téléfilm, avec Éric Cantona et Mathilda May sera diffusée sur France 2 d’ici la fin de l’année. Délit de fuite, Christophe Léon, éd. La Joie de Lire, 166 pages, 14, 20 euros. À partir de 13 ans.
LEO LAMARCHE |
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