Une lecture de LEO LAMARCHETout commence par une mauvaise blague. Il faut dire que le nouveau, Valentin, qui cache sa timidité sous une fausse assurance, a tendu la perche à ses camarades de classe. Fan de blues, dans ses efforts désespérés pour s’intégrer, il « soûle » tout le monde avec ses « histoires perso » dont les autres élèves se contrefichent. Au lieu de l’avertir, on feint de s’intéresser à lui et Valentin jubile : il a trouvé des « amis » dans son nouveau collège, sans savoir qu’il va se laisser entraîner dans une spirale infernale et qu’il va passer une année scolaire en enfer. Bastien, son voisin de table, commence par lui « emprunter » ses affaires sans daigner les lui rendre. Puis viennent les paroles de mépris, les humiliations d’abord anodines puis plus graves, les crachats, les coups, le racket… Bastien est un garçon habile, il sait s’arrêter avant de se faire repérer, si bien que rien ne transparaît de sa violence sournoise. Toute la classe est complice, tous se taisent et profitent du spectacle jusqu’à ce que Valentin, un jour, se réveille de sa torpeur de victime passive et prenne une décision dangereuse… Harcèlement est un roman qui dérange parce qu’il sonne juste. Sous forme d’une enquête menée par une psychologue sur le « cas Valentin », il donne la parole aux différents acteurs et spectateurs de ce drame implacable, met l’accent sur la solitude de la victime et la cruauté de son bourreau, tout cela sous le regard d’adultes qui, justement, ne voient rien. Dans une écriture vivante et sobre, cette « chronique d’une mise à mort psychologique » ne laisse pas le lecteur indifférent et peut entraîner des débats intéressants, en famille ou en classe.
À partir de 13 ans.
LEO LAMARCHE |
|