Une lecture de PAUL MAUGENDRE Dessins de Véronique Deiss. Collection Souris Noire N°55. Editions Syros. Parution septembre 1992. 30 pages. ISBN : 9782867388064 Hommage à Gudule décédée le 21 mai 2015. Tous les ans, à la même époque, c’est-à-dire au printemps, Mémé tombe amoureuse. Et cette année ne déroge pas à la règle, au grand scandale de la famille. Seule sa petite-fille Miquette est contente pour elle. Après tout elle le vaut bien. Mais le père et la mère de Miquette ainsi que son oncle et sa tante poussent des cris d’orfraies, surtout qu’il y a de l’or frais à la clé. Mémé est amoureuse du facteur ! Un jeunot de trente ans. Au biberon qu’elle va les chercher, presque. Et cette nouvelle reste en travers de la gorge des adultes comme une arrête de requin. Parce que l’héritage est en jeu. Si elle se marie, on ne sait jamais, l’argent irait au facteur ipso facto et eux alors, ils comptent pour du beurre ? Miquette se rend dans la chambre de Mémé qui se poudroie à la farine de riz, se peinturlure les lèvres (attention ça tache !), s’apprête comme si elle se rendait au bal des débutantes. Mais les parents ont décidé de mettre des graviers dans les rouages. Mémé avait donné rendez-vous à son facteur de son cœur à minuit mais il a poireauté pour rien. Il avait reçu une lettre anonyme, et pensait qu’il s’agissait d’une groupie du costume. Pendant ce temps, mémé dormait du sommeil du juste, les anges joufflus de l’amour volant au dessus de sa tête frisottée. Les parents avaient trafiqué sa boisson du soir en y incluant un somnifère. Et le lendemain, encore endormie, mémé est transportée par des ambulanciers à la maison de retraite. L’asile des vieux. Miquette en est toute chagrinée. Une histoire courte que Gudule traite avec humour, dénonçant sans l’écrire l’avidité des enfants attendant impatiemment l’héritage. Une histoire pas morale qui se termine toutefois dans la joie et la bonne humeur car la morale est sauve quand même. Comment ? Pour le savoir il faut lire le roman même si vous êtes adultes. Surtout si vous êtes adultes. Et dites-vous bien que si vous aussi vous faites partie du lot des prétendants à la retraite, âge qui s’approche de plus en plus, vous devez vous méfiez de l’appétit de vos enfants qui n’attendent que votre transport au-delà des nuages pour s’accaparer ce que vous avez économisé non sans mal.
PAUL MAUGENDRE |