Une lecture de
LEO LAMARCHEMarin est un lycéen rêveur, en relatif échec scolaire. Les études ne l’intéressent pas. Tout ce qu’il aime, c’est son grand-père François qui le lui a appris, à la barre de son voilier, dans de longues courses à deux. Depuis le décès de François, le seul être qui le comprenait, Marin souffre de la pesanteur de l’atmosphère familiale. Ses parents et lui ne sont que des étrangers, réunis fortuitement sous le même toit. Et il en souffre. Il y a aussi Imran, orphelin tchétchène traumatisé par la guerre, réfugié en France auprès d’un oncle brutal et obtus. Un garçon délicat, Imran, qui comprend vite et possède un solide sens des valeurs, assez pour juger immorales les magouilles de son oncle qui l’oblige peu à peu à y participer, histoire de faire de lui un homme. Entre Marin et Imran qui débarque un matin au lycée, l’entente est immédiate. Une complicité sans mots de deux ados largués, l’un mal à l’aise dans la cellule familiale, dans sa vie, dans sa classe l’autre épuisé d’en avoir trop vu et trop bavé. C’est leur histoire qui nous est racontée, par petites touches, dans ce beau roman noir, le lent cheminement qui va les conduire à se rapprocher l’un de l’autre et, un beau matin, à larguer les amarres dans tous les sens du terme. Dans une belle écriture simple et, à petites touches pudiques, Dominique Delahaie a su évoquer le malaise de ces deux ados en rupture, deux personnages profondément attachants dont l ‘histoire prend le lecteur aux tripes. Un beau roman noir.
Coll « Rat Noir », 148 pages, 14 euros.
LEO LAMARCHE |
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