Une lecture de LEO LAMARCHEEntre polar et histoire. Ousmane et Dialikatou sont nés au Sénégal, mais vivent à Marseille depuis dix ans. Ils travaillent dans un restaurant colonial sur la Canebière. Lucie et Salam, leurs deux enfants, ont vu, à la fin du premier tome, Nos ancêtres les pygmées, leur instituteur, M. Tarmin, être mobilisé et partir pour l’Algérie. Dans ce deuxième volume, près de six mois ont passé. La rétorsion sévit désormais pour ceux qui réclament la paix en Algérie, et les deux enfants s’étonnent de ne pas avoir de nouvelles de leur maître. Un soir, un homme fouille les poubelles du restaurant où Ousmane est en train d’achever son service. C’est M. Tarmin, qui a déserté l’Algérie. Il raconte la guerre, le recours à la torture, les exécutions sommaires… Ousmane n’hésite pas, et le cache chez lui. Les enfants vont finir par découvrir le clandestin, qu’ils aideront à fuir la police française et à trouver refuge en Italie. Pour la première fois, le colonialisme est abordé dans la littérature jeunesse et c’est une réussite. Les dessins de Jacques Ferrandez qui accompagnent le très beau texte de Didier Daenincks contribuent à la justesse et l’émotion de l’ensemble. Des photos d’époque renforcent le réalisme et donnent des repères historiques. Une des pages noires de l’histoire de France enfin mise à la portée des plus jeunes. À lire d’urgence !
Le maître est un clandestin, de Didier Daeninckx et Jacques Ferandez, éd. Rue du monde, 44 pages, 13,80 euros. À partir de 8 ans.
LEO LAMARCHE |
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