Une lecture de PAUL MAUGENDRE Bibliothèque Rose. Editions Hachette. Parution Janvier 1975. 190 pages. Première édition 1965. ISBN : 2010009096 Mais que fait Fantômette confinée dans un lave-linge ? Dans la journée, Fantômette et ses amies, Ficelle et Boulotte, se sont rendues dans une laverie automatique mais lorsqu’elles veulent récupérer leurs effets, elles ne peuvent que constater les dégâts. Leurs affaires sont déchirées ou ont changé de couleur. Le gérant, pas aimable, leur signifie que de toute façon la laverie fermera le soir même et en dédommagement les force à accepter des billets neufs. Mais Françoise, alias Fantômette, réfléchit en reprenant le chemin de la maison. Il n’y a guère de clients dans cette laverie, et pourtant les machines semblent tourner jour et nuit. Elle a remarqué également que l’homme avait les mains noires, ce qui est incompatible avec sa profession. Alors elle décide d’en informer son ami Œil de Lynx, journaliste à France-Flash et feuilletoniste se délectant à écrire les aventures de Lady Namytte. Et c’est ainsi que le soir même elle s’introduit dans la laverie par l’arrière mais elle est réceptionnée par trois individus, dont le gérant, qui n’apprécient pas du tout cette intrusion. Elle les dérange dans leur travail de confection de faux billets. Et c’est ainsi qu’elle se retrouve ficelée et emballée dans le tambour de la machine à laver. Une grande, pour famille nombreuse, est-il besoin de le préciser. Et l’eau étant branchée elle a droit à un bain gratuit. Heureusement, alors que les bandits sont sur le point de partir, Œil de Lynx arrive fort à propos pour la délivrer. Il a juste le temps de sortir Fantômette de sa position fœtale et de remarquer les faux-monnayeurs s’enfuir à bord d’un camion blanc. Le temps de téléphoner à la police et le camion s’est évaporé dans la nature. Ils ont fait leur devoir, le commissaire Maigrelet est prévenu, ils n’ont plus qu’à aller se coucher afin de se reposer de leurs émotions. Le lendemain matin, un article, signé Œil de Lynx ne tarit pas d’éloges sur Fantômette et sa découverte de la présence de faux-monnayeurs. Mais la jeune fille n’est pas véritablement confiante en la police aussi se renseigne-t-elle sur la direction prise par le camion blanc et persuade son ami journaliste de se lancer sur la trace des bandits. Mais les imprévus s’amoncellent de même que les dangers sur le chemin des deux téméraires. L’intrigue de cette nouvelle aventure de Fantômette, une façon comme une autre de blanchir de l’argent, est simple, pour ne pas dire simpliste, mais l’auteur accumule les épisodes à haut risque sans perdre de temps, ni son humour. Evidemment, pour suivre un camion blanc lorsque l’on se retrouve à un embranchement de quatre routes, il faut déduire quelle voie a emprunté le véhicule car les témoins ne se pressent guère pour les renseigner. Même en 1965, les camions blancs sur les routes devaient se compter par centaines, et retrouver sa trace grâce à un pompiste, les malfrats n’ayant pas pris leurs précautions avant leur voyage, cela ressemble un peu à de la facilité, mais lorsque l’on a une dizaine d’années, pense-t-on vraiment à ces quelques anomalies ou facilités. Il est amusant de lire les comptes-rendus d’œil de Lynx dans un article journalistique, qui s’il est proche de la vérité, contient toutefois quelques détournements de ce qu’il s’est réellement passé. Il faut avouer que le journaliste veut se montrer à son avantage. Mais dans la réalité, n’est-ce point ce qu’il se passe dans les relations d’événements au quotidien, la vérité légèrement déformée pour induire, sans l’avouer, le lecteur en erreur. L’humour se cache aussi bien dans la narration des épisodes épiques subis par Fantômette et son compagnon de route, mais également dans les noms de lieux. Ainsi s’arrêtent-ils dans une auberge à l’enseigne antinomique du Roy et de la République. Quand un auteur est à court d’imagination, il raconte que ses héros ont eu un cauchemar.
PAUL MAUGENDRE |