Une lecture de LEO LAMARCHEAprès avoir été une « petite fille modèle », Valérie a pris de plein fouet la crise d’adolescence. Mal dans sa peau, mal dans sa vie, dans sa famille où ses parents se déchirent, mal dans ses baskets de lycéenne. Heureusement, elle avait Nick, un « bad boy », un révolté qu’elle aimait depuis trois ans, le seul peut-être à la comprendre. Valérie avait aussi un secret : un carnet dans lequel, par jeu ou par défoulement, elle notait jour après jour les noms des filles qui la harcelaient, les garçons qui l’ignoraient, ceux et celles qui la snobaient, les faux amis, les vrais ennemis… Sans savoir que, le jour où elle partagerait son secret avec Nick serait le début de la fin… Que Nick, sans crier gare, un beau matin à la cafétéria, sortirait une arme et tirerait à bout portant sur ceux qui figuraient en bonne place sur cette « liste de la haine ». Lorsque Valérie reprend conscience, grièvement blessée à la cuisse, elle peine à rassembler ses souvenirs : Nick a blessé, tué nombre de leurs camarades. Elle s’est interposée, mettant fin au carnage et a vu son ami se suicider. Son regard sur le monde a changé en même temps que le regard des autres. Ils la disent coupable : sans sa liste, rien ne serait arrivé. Mais sans son intervention, le massacre se serait mué en carnage. Alors, quelle est sa place dans cette histoire. Héroïne ou coupable ? Ce beau roman noir raconte la longue quête que mène Valérie pour comprendre, sa lutte contre elle-même, contre les autres qui la jugent, contre ses parents qui la croient coupable. Ce n’est pas elle qui a tiré, mais… Sur le douloureux chemin de la guérison, Valérie va devoir se battre pour survivre. Elle va faire de belles rencontres, affronter la haine, la responsabilité, la culpabilité,… et devenir elle-même. Un beau roman noir, sans intrigue autre que ce long cheminement, sans autre suspense que la question du devenir de cette jeune fille attachante, où se mêlent habilement les flashes de la scène du massacre, les comptes rendus des journaux et les questions de Valérie qui doit reconstruire sa vie. Un roman noir psychologique qui fonctionne admirablement, plongeant le lecteur dans les doutes, les peurs, les interrogations de l’adolescente, où le lecteur s’identifie à cette personnalité complexe. Le tout, dans un style incisif et percutant. Une réussite !
Hate list, de Jennifer Brown, éd. Albin Michel, coll « Wiz », 448 pages, 15 euros, à partir de 14 ans et pour tous.
LEO LAMARCHE |
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