Une lecture de PAUL MAUGENDRE Collection Folio Junior N°809. Editions Gallimard Jeunesse. Parution le 7 mai 2013. 204 pages. 6,90€. Illustrations de Nicolas Wintz. ISBN : 978-2070654154. Première édition septembre 1997. Prière de ne pas se pencher au-dessus de la rambarde ! En cette année 1354, les Bretons fidèles à Jean de Montfort et les Gallo qui soutiennent Jeanne de Penthièvre, autre prétendante au trône, s’écharpent dans une guerre d’usure. Les Bretons bretonnants sont aidés par les Anglais, les Bretons gallo par les Français. Ce 10 avril, près de Bécherel, la bataille conduite par Bertrand Du Guesclin voit ses hommes gagner contre les Anglais et retiennent prisonniers quelque combattants adverses dont Calveley qui était à la tête des Anglais. Garin Trousseboeuf, est le dix-neuvième enfant d’une fratrie qui en compte vingt-cinq, et son père, paveur, intempérant, ne sait élever sa progéniture qu’à coups de fouet. Garin a fui son village natal, renvoyé de l’école-cathédrale pour des vétilles, des plaisanteries douteuses, et à quatorze ans il s’est déclaré scribe, tenant son écritoire en bandoulière. Il est pris dans cette échauffourée et promis à végéter dans un cul-de-basse-fosse. Il plaide sa cause auprès du connétable et se voit confier la redoutable mais bénéfique mission de transcrire les demandes de rançons exigées pour la libération des prisonniers. Seulement, il faut connaître le Breton pour dialoguer avec les prisonniers, dont un particulièrement qui n’est revendiqué par personne. La Dame de Montmuran propose comme interprète sa nièce Mathéa, fille de Dame Agnès et fils du sieur Alain, lesquels vont diriger le château en son absence et celle du seigneur du lieu. Garin est subjugué par cette belle jeune fille qui n’obtient rien du prisonnier. Il a oublié son écritoire lors de son enlèvement et il quémande l’autorisation d’aller le rechercher dans un fourré. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Réginart, le frère de Mathéa, et de leur chien Jean-sans-peur, un cabot hirsute et plein de poils mais pas méchant. Du moins aux dires de Mathéa. Un autre travail est confié à Garin, celui de faire l’inventaire du château. Cela lui permet de vagabonder dans les différentes pièces des tours et du donjon, pièces habitées ou non, déambulant sur les courtines. Et dans une des tours il découvre un vieil homme, un ancien chancelier, confiné dans cette cellule après avoir fauté et qui passe pour un sorcier. Mais surtout Garin est souvent en compagnie de Réginart, à défaut de Mathéa, et comme il parle aussi bien Breton que Français, il se rend compte que Mathéa a réussi à converser avec le prisonnier. Seulement celui-ci est devenu amnésique et donc ne peut décliner son identité, jusqu’au jour où il prétend être le fils d’un duc Anglais. Sa rançon est surévaluée en conséquence, seulement ce prétendu ou réel fils de noble s’échappe. Comment, dans quelles circonstances ? Sa geôle ne possédait pas de fenêtre et la porte était fermée de l’extérieur ! Un problème à résoudre pour Garin. Mais des complications lui tombent sur le dos lorsque des soldats sont retrouvés, morts, assassinés. Et il est le cœur de la cible, celui qu’on soupçonne. Cette histoire ancrée dans cette période de la Guerre dite de Cent ans, du moins à ses débuts, nous permet de retrouver quelques personnages célèbres, dont le connétable Bertrand Du Guesclin, et des décors des environs de Bécherel (devenue de nos jours la fameuse cité du livre), et plus particulièrement le château de Montmuran qui existe toujours. Garin est un affabulateur, un curieux, un gamin qui a déjà connu bien des vicissitudes mais ne perd pas son sens de l’humour. Il se conduit parfois en philosophe sans le savoir, tout comme monsieur Jourdain qui… antienne connue. C’est un débrouillard qui s’attire les ennuis sans vouloir les provoquer. Quoique parfois il sait pertinemment qu’il va au-devant mais c’est dans sa nature. Il brave le danger, sans pour autant ne pas ressentir de la peur, et lorsqu’il se trouve dans des conditions inextricables, la solution est toujours présente pour le sortir de l’embarras. De son fait ou d’alliés inattendus. Un héros à suivre, tant pour sa bonne humeur que les faits historiques réels et les lieux qui plantent le décor. Ce qu’il y a de terrible dans les guerres, c’est qu’on ne sait jamais de quel bord il faut se trouver. Garin se fit tout petit dans son coin, non par peur de la mauvaise humeur du seigneur, mais pour qu’on l’oublie complètement. C’est la seule manière d’apprendre les choses importantes, les meilleures, celles qui ne vous regardent pas du tout. Quand tout va mal, il faut s’attacher à une idée nouvelle qui n’a rien avoir avec votre situation.
PAUL MAUGENDRE |
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