Une lecture de PAUL MAUGENDRESes parents sont divorcés et pour des raisons pratiques Sybille Mercier a préféré vivre chez sa mère non loin de la porte de Vanves. Chez son père, avenue de Villiers, ce n’est pas mal non plus, mais elle s’y sent moins à l’aise. En fin de semaine sa mère, ancien mannequin reconvertie dans les magazines de mode se rend chez son nouvel amant, son patron, quant à son père, célèbre animateur à la télévision, il ne peut la recevoir tout le temps. Alors elle passe son temps à chiner dans les brocantes, les marchés aux puces notamment celui de Vanves et souvent elle découvre son bonheur. Ce ne sont que des bricoles mais cela lui fait plaisir. C’est ainsi qu’elle tombe un jour devant un objet insolite qui ne devrait, en théorie, ne pas se trouver au milieu d’un ramassis de bricoles usagées. Un album photos, pareil à celui que possédait sa grand-mère, ouvert sur un cliché représentant une tombe sur laquelle figure l’inscription Gaylard. Elle ramène l’album chez elle et découvre sur la face intérieure de la couverture, un nom et une adresse. Germaine Turpin, avenue de Villiers. La rue où elle a vécu et où réside encore son père. Elle décide de rendre l’album à sa propriétaire et pour cela elle se renseigne auprès de la concierge de l’immeuble. Hélas la propriétaire est décédée, ne restent que quelques héritiers. La bignole lui fournit, après avoir été amadouée par la jeune Sybille, l’adresse du fils de Germaine, antiquaire dans le XVIème arrondissement. L’antiquaire ne se montre pas si heureux que ça de recevoir l’album, qu’il garde néanmoins. Puis c’est le petit-fils, Pierre, qui contacte Sybille. Mais elle aimerait bien percer le mystère de la tombe Gaylard, qui selon les renseignements qui lui sont fournis serait la sépulture d’un ami de la famille. Mais l’enquête ne s’arrête pas là, car elle a gardé par devers elle un cliché qui est doublé d’un fort carton. La réapparition de cet album n’a pas l’heur de plaire à certains descendants de la famille Turpin, tout du moins cela sème quelque peu la zizanie et Sybille est au cœur du conflit. Dans cette histoire bon chic bon genre, enfin serait-on tenté d’écrire, les protagonistes ne se livrent pas à une débauche de grossièretés, de vulgarité. Il faut dire que les lieux décrits ne sont pas propices à ce genre de débordements. Le personnage de Sybille est touchant. Elle est esseulée, ne possédant que peu d’amis, tout au plus Charles son confident, ce qui lui suffit amplement, même si parfois elle aspire à autre chose. Lucide, elle avoue être d’un naturel réservé et d’une intelligence moyenne. Alors aller fouiner dans les affaires des autres ce n’est pas vraiment son style. Ce qui l’amène à rechercher la propriétaire de l’album photos, c’est que justement celui-ci ressemble à un objet semblable ayant appartenu à sa grand-mère, elle aussi décédée depuis peu. Et c’est en souvenir de son aïeule qu’elle va entamer ses démarches. Dans le but de faire une bonne action sans en tirer le moindre parti. Elle le fait gratuitement, mais cela lui permettra de découvrir en certains personnages, l’âme noire qui se cache sous des apparences trompeuses.
PAUL MAUGENDRE |
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