Critiques jeunesse -


Paul BERNA PAULBERNA

PAUL BERNA

Le Cheval Sans Tête


Aux éditions G P

7

Lectures depuis
Le lundi 5 Aout 2019
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Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

Illustrations de Pierre Dehay. Collection Bibliothèque Rouge et Or N°89. Editions G.P. Parution juin 1955. 192 pages.

Ce roman a reçu le Grand prix littéraire du salon de l’enfance 1955.

Peut-être avez-vous déjà lu des romans de Paul Berna sans le savoir. En effet Jean Sabran, son véritable patronyme, écrivait des romans noirs pour les adultes sous le pseudonyme de Paul Gerrard.

A Louvigny-Triage, les gamins qui composent la bande à Gaby s’amusent à dévaler la rue des Petits-Pauvres jusqu’au chemin de la Vache-Noire à une allure frisant celle de Formules-1 en réduction en enfourchant le cheval-sans-tête de Fernand. C’est le père d’icelui qui a troqué ce tricycle à corps de cheval à un chiffonnier contre trois paquets de tabac gris. Vous dire que ce tricycle n’est pas de première jeunesse est une évidence mais même sans tête ce jouet occupe de longues après-midi pour des gamins qui n’ont pas douze ans.

Outre Gaby, le chef de bande, et Fernand l’heureux propriétaire, enfourchent à tour de rôle les trois filles, Marion dite la fille aux chiens, Mélie et Berthe, ainsi que Tatave, Zidore, le petit Bonbon, Juan-l’Espagnol et Criquet Lariqué le négro du faubourg-Bacchus, avec cet engin descendant la pente à fond les gamelles. Parfois il y a de petits incidents de parcours, car il faut freiner avec les pieds, mais cela n’empêche pas les gamins d’enfourcher sans peur et sans reproche le tricycle diabolique.

A quelques jours de Noël, soit un an après avoir été mis au pied du sapin chez Fernand, et alors que l’espérance de vie n’avait été calculée que pour trois mois environ, le cheval-sans-tête roule toujours. Et apparemment ce jouet intéresse des adultes qui ont largement dépassé l’âge de ce genre de divertissement.

D’abord, Roublot, le camelot qui vend sur le marché tous les jeudis des articles ménagers, qui semble inquiet lorsque l’inspecteur Sinet se met à courir après un individu. Ensuite deux personnages à l’aspect rébarbatif, Pépé et Pas-Beau, proposent aux enfants d’acheter leur cheval sur roues pour une somme astronomique. Ce cheval-sans-tête, c’est leur joie de vivre et l’argent ne le remplacera jamais. Et puis de toute façon, un accident est vite arrivé et lors d’une descente, le tricycle est démantibulé, la fourche cassée. Il n’y a plus qu’à le réparer, si cela est possible.

Et c’est possible, grâce à un collègue du père de Fernand qui effectue les soudures adéquates et comme le chiffonnier a retrouvé dans son bric-à-brac la tête équine, elle devrait pouvoir être réajustée sur le corps qui entre temps a été nettoyé, vidé des objets qui n’avaient rien à y faire dedans. Dont une clé qui va servir à Gaby, Fernand et leurs amis. Aussitôt retrouvé en bonne santé, aussitôt disparu. Quatre individus volent l’animal, l’emportant à bord d’une fourgonnette. Et les amis reconnaissent les deux gredins qui les avaient abordés.

Pendant ce temps, au commissariat de Louvigny-triage, l’inspecteur Sinet et son collègue Lamy se désolent. Ils n’ont jamais rien à se mettre sous les dents, alors que leurs collègues de la police judiciaire doivent s’occuper de multiples affaires, dont le vol d’argent dans le Paris-Vintimille. De l’argent convoyé dans le wagon réservé à la Poste pour le tri du courrier. C’est à ce moment qu’ils sont dérangés dans leurs réflexions par une bande de gamins désirant porter plainte contre un vol. Celui du cheval-sans-tête !


Le cheval-sans-tête ravivera les souvenirs des plus âgés, comme moi, je n’ai pas peur de l’avouer, le temps où les gamins s’amusaient avec pas grand-chose et qu’un jouet, même à moitié cassé satisfaisait à leur bonheur.

Louvigny-Triage, qui est situé non loin de Villeneuve-Saint-Georges, porte encore les stigmates de la dernière guerre. Les habitants sont pour la plupart des cheminots, travaillant aux ateliers et sur les voies. Ils ne sont pas riches, mais dignes. Des fabriques sont abandonnées, et ne restent plus que des carcasses d’usines.

Ainsi celle dans laquelle la bande à Gaby va trouver refuge. N’ayant plus leur cheval-sans-tête, ils s’infiltrent grâce à la clé découverte dans le corps de l’animal factice. Ils font cuire des pommes de terre dans la braise. Un mets délicieux. Et ils découvrent que cette ancienne usine était une fabrique de cotillons, de masques, de serpentins destinés aux fêtes de villages et familiales.

L’accent est porté, outre le décor d’un village de la banlieue parisienne quelque peu déshéritée, sur la solidarité sans faille entre les gamins qui pensent à s’amuser sans dégrader. Quant à Marion, la fille aux chiens, elle mérite son surnom car elle recueille les canidés malades, blessés, perdus. Elle les soigne, les nourrit, les cajôle et leur trouve un maître qui saura les aimer et les adopter. D’ailleurs, lorsque le récit débute, elle en a douze chez elle, et ses parents sont d’accord pour entretenir cette meute. Mais elle reçoit quelque pitance de la part des bonnes âmes. Et lorsqu’elle a besoin de renfort dans des moments critiques, comme cela va arriver dans la confrontation avec les individus malfaisants, elle siffle en mettant deux doigts dans la bouche et ses anciens protégés rappliquent aussitôt.

Ce roman qui date de 1955 reconstitue une époque révolue qui possédait son charme, est devenu un classique de la littérature enfantine et très souvent réédité.







PAUL MAUGENDRE

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