Une lecture de JEANNE DESAUBRYLes plages des Landes, ciel grand ouvert sur l’océan : gris ou bleu, calme ou agité… Brune, au regard contemplatif, est à la recherche permanente de la meilleure manière de rendre les couleurs et la vie de l’océan. Totalement mutique depuis la mort de sa mère, elle ne s’exprime qu’au travers des couleurs et des traits. Elle file, son carton à dessin sous le bras, et travaille des heures durant. Avant de se mettre au travail, elle photographie, avec son téléphone, les angles, les lumières et, nécessairement les personnages, même s’il y a encore peu de monde en ce début de saison. Depuis son deuil, elle est murée dans un silence qui l’isole, la marginalise. N’ayant pas de père déclaré, après l’enterrement, elle a eu le choix : partir en foyer ou aller vivre chez son oncle et sa tante, parfaits inconnus qu’elle n’avais jamais rencontrés.
Pourquoi sa mère ne lui a-t-elle jamais parlé d’eux ? Pourquoi n’a-t-elle jamais abordé sa jeunesse, jamais rien raconté ? Qu’y avait-il à cacher ? Quelle honte ? Quel danger, peut-être ?
Brune est posée au bord de l’adolescence, prête à devenir une jeune fille. Mais la mue de la chrysalide est impossible : la douleur est trop grande. Claudine Aubrun décrit avec la même maestria les couleurs changeantes de la mer et celle des états d’âme de la jeune fille. Le deuil est présent, sans pathos, avec une belle sensibilité. Comme l’auteure ne répugne pas à épicer son roman d’un zest d’action, d’enquête et de mystère, « Dossier Océan » sait s’adresser aux amateur(e)s des deux sexes, dans une large palette d’âge, et laisse de belles images, plage, immensité, souffle du vent.
JEANNE DESAUBRY |
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