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JEROME ZOLMA |
Adios ViracochaAux éditions JIGALVisitez leur site |
2896Lectures depuisLe samedi 29 Mai 2010
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Une lecture de |
Célèbre dessinateur de BD sous le pseudo de Run, Yves Renault était l’auteur d’une série historique, avec le scénariste Jean-Michel Char. Ce dernier ayant cessé de collaborer depuis quelques années, Run poursuivait seul la série à succès. Sa tranquille propriété dans les Corbières était l’idéal pour concevoir les albums. Handicapé après un AVC, il avait engagé le jeune Thomas pour dessiner en son nom. Yves Renault vient d’être assassiné. La détective privée Lily Verdine est engagée par sa famille. Pour retrouver avant la police le coupable en fuite, qui n’est autre que Thomas. Échaudée par de précédentes affaires, Lily Verdine se promet d’être prudente. Elle peut compter sur un garde du corps, son ami péruvien Juan-Manko. Si son vocabulaire est un peu insolite, c’est un fougueux amant. Leur enquête débute dans les Corbières, région venant d’être touchée par des inondations catastrophiques, par une visite de la propriété du défunt. Schéhérazade, la belle compagne de Thomas, ne comprend pas ce qui s’est passé. Le président du club de rugby local et l’ancien patron du jeune homme confirment les comportements violents de Thomas. Soit pour une question d’argent, soit parce que Run ne l’aidait pas à se faire connaître dans le monde de la BD, on peut imaginer que Thomas s’est énervé et l’a tué. Après avoir été agressée par deux types menaçants, Lily Verdine essaie sans succès d’éviter que Juan-Manko ne soit expulsé. Quand la voiture de Thomas est retrouvée, avec le cadavre d’un inconnu défiguré à l’intérieur. Sans nul doute, la seconde victime de Thomas. Quand Schéhérazade confie à Lily les carnets d’adresses du fuyard, la détective repère le nom d’un ami hongrois. Direction Budapest, Pécs, puis les rives du lac Balaton, pour l’intrépide Lily. Mais Thomas a changé ses plans. “Le syndrome de la cavale qui commence à lui bouffer le cortex” estime Lily. De retour à Paris, la détective s’intéresse de plus près à la famille du défunt. Sa veuve et son fils Hugo sont peu coopératifs. Le deuxième fils, Martin, est absent depuis quelques temps. Dans l’appartement voisin du sien, Lily côtoie de curieux énergumènes. Que le frère d’Yves Renault soit l’amant de la veuve, ce n’est pas ce qui fera avancer l’enquête de Lily. Lorsque Thomas adresse de brefs appels téléphoniques à Schéhérazade, il est localisé par les flics en Bretagne, puis en Charente, puis se rapprochant des Corbières. Ami de Lily expert en ordinateurs, Victor explore le disque dur de celui de Martin. Cette fois, elle tient une piste concrète. Elle recrute son pote Phil, le bistrotier anar. Celui-ci détermine que c’est à Saint-Pierre-des-Tripiers, en Lozère, qu’ils trouveront une explication. La kalachnikov de Phil risque de servir, car une opération commando se prépare… Tant pis pour les lecteurs ayant raté “Croisière jaune” et “Mistral cinglant” (disponibles aux Éd.Jigal), les deux premières aventures de la pétulante Lily Verdine. Ils y auraient sympathisé avec cette digne héritière du détective Nestor Burma, aussi téméraire que son célèbre prédécesseur. Voici enfin le troisième épisode des tribulations de la remuante Lily. On ne s’ennuie pas un seul instant en sa compagnie. Son bel amérindien, aux airs de dieu Inca, ne lui fait pas oublier les investigations en cours. Si l’affaire semble assez simple, il ne faut certainement pas se fier aux apparences. Garder une longueur d’avance sur les flics, faire un détour chez les Magyars, découvrir l’identité du second mort grâce à un Opinel, s’inquiéter de la disparition d’une enclume, cerner la planque d’un groupe d’allumés, autant de péripéties que Lily est capable d’affronter sans complexe. Toujours en pleine forme, elle nous entraîne sans son sillage. La tonalité du récit est évidemment souriante, enjouée. “Pour prouver notre volonté de collaborer, j’ai joint sans attendre mon lieutenant (…) Thomas prolonge une trajectoire centripète qui l’a conduit de Budapest à Angoulème en passant par Brest, et le ramène doucement vers le département de l’Aude. Les barrages des flics n’étaient pas très efficaces, mais le poulet restait confiant: le fuyard revient vers la niche et se fera coincer dès qu’il mettra les pieds dans le Onze.” Un roman agréablement rythmé, très convaincant.
Yves Renault, un célèbre dessinateur de BD, a été victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a laissé paralysé du bras gauche. Avec se retour de Lily Verdine, Zolma nous offre un polar digne des Américains des années hard-boiled après le passage de la tornade féministe qui veut que les durs à cuire cherchent la couleur… celle de l’amitié faute d’amour.
Votre mission, si vous l’acceptez, est de retrouver le meurtrier de mon frère ! C’est un peu ce genre de phrase qu’Hubert Renault tient à Lily Verdine, détective privée qui pensait que son client l’avait convoquée dans son bar favori pour une histoire d’adultère. Célèbre dessinateur de bandes dessinées, Run alias Yves Renault, a été assassiné dix jours auparavant dans sa propriété près de Carcassonne. Il avait créé avec Jean-Michel Char, scénariste, un personnage, Pierron, hussard napoléonien, qui était un héros à l’égal des Tintin et Lucky Luke. Puis pour une raison indéterminée Char avait rompu l’association et Run travaillait seul depuis des années, se retranchant durant des mois dans sa maison isolée des Corbières. Cinq ans auparavant, il avait été victime d’un accident vasculaire cérébral et était resté à moitié paraplégique. Depuis il a sorti deux nouvelles aventures de Pierron. Mais ce que le public ignore, c’est que Thomas Carayol, l’homme affecté à l’entretien, doué pour le dessin, avait suppléé le dessinateur, handicapé. Or justement Thomas Carayol a disparu et évidemment il devient l’assassin présumé. Bref Hubert Renault demande à Lily de retrouver Thomas avant les policiers. En compagnie de son Péruvien d’amant qui vient passer quelques jours en France, Juan-Manko surnommé Viracocha, elle part vers les Corbières enquêter sur place. Se faisant passer pour une journaliste, elle rencontre le lieutenant de gendarmerie en charge de l’affaire ainsi que Shéhérazade, l’amie de Thomas, visite la propriété de Run sans y être invitée, interroge des proches de l’homme en fuite dont un de ses anciens patrons. Thomas n’est guère prisé, sauf par son amie évidemment, car il ressort que le fuyard est un homme susceptible, qui se sert volontiers de ses poings pour affirmer ses droits. La présence de Lily n’est pas appréciée de tous et elle est agressée par deux encagoulés, et Viracocha est priée de regagner ses Andes natales suite à un conflit avec les forces de l’ordre, qui comme on le sait provoquent volontiers le désordre. Elle essaie de remonter une filière qui l’emmène de la frontière espagnole jusqu’en Hongrie puis retour à Paris où elle sollicite le concours de Philippe, son cafetier préféré et ami, possesseur d’une Kalachnikov, une arme qui peut s’avérer utile. Si Thomas est en fuite d’autres personnes manquent à l’appel, dont Martin le fils de Run, et ce n’est pas forcément la faute aux intempéries qui ont sévi durant les jours qui ont précédé et suivi le meurtre du dessinateur de B.D. Des intempéries qui perturbent le bon déroulement de l’enquête, les gendarmes étant occupés à retrouver les disparitions provoquées par des éléments déchainés et éventuellement identifier les corps. Adios Viracocha, dont l’explication du titre réside dans l’épilogue, démarre sur les chapeaux de roues, puis se calme, adoptant un régime de croisière, mais une croisière qui ne manque pas d’imprévus et de retournements de situation. Lily se montre égale à elle-même, toujours aussi combative, acerbe, insolente mais en même temps romantique, idéaliste. Lily, on ne peut pas mieux la définir qu’en citant ces vers de Georges Brassens : Un' jolie fleur dans une peau d'vache, Un' jolie vach' déguisée en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mèn' par le bout du cœur. Dès la première page, le lecteur est plongé dans une atmosphère dont il ne peut se dépêtrer, ce qui fait qu’il ne peut lâcher le livre jusqu’au mot fin, qui d’ailleurs n’est pas imprimé. La figure de Juan-Manko est prégnante avec ses imperfections linguistiques, l’emploi volontiers d’argot, ce qui prouve qu’il a compris ce qu’est l’intégration, puisqu’il ne s’exprime pas de façon académique mais populaire. Et bizarrement cela lui nuira. Pourtant j’en connais qui n’hésitent pas à proférer « Casses-toi, pauv’… » (Vous pouvez compléter les points de suspension à votre gré et selon votre inspiration) et qui sont toujours là ! |
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