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ALICE YVERNAT |
Les Billets IndiscretsAux éditions L EMBARCADERE |
2188Lectures depuisLe lundi 3 Octobre 2005
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Une lecture de |
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Le 6 juillet de l’an de grâce 1750, vers quatre heures et demi de l’après-midi, une charrette conduit, Jean Diot et Bruno Lenoir, en place de Grève où un bûcher les attend. La foule des curieux s’est massée sur la place et les rues avoisinantes. La bousculade est rude car chacun veut voir officier Charles Jean-Baptiste Sanson, bourreau en chef de la ville… La lueur du brasier ne s’éteindra qu’à la nuit venue, bien après que les spectateurs aient déserté la place… L’exécution publique de ces deux sodomites, qui n’obéissaient qu’à des considérations politiques, contrarie le travail de l’inspecteur Alexandre Framboisier. Lui qui, depuis plusieurs années, est chargé de la surveillance de ce milieu déviant et qui, au fil du temps, a réussi à tisser de nombreux liens avec certains de ces dépravés, ne parvient que difficilement à entrer en contact avec ses informateurs. Les gens ont peur et préfèrent se terrer… L’inspecteur Pierre Marais, qui n’est pas directement en charge de cette affaire, se voit confier par une amie des plus haut-placées, une mission de confiance : il doit découvrir les raisons qui poussent un jeune homme à refuser le mariage qu’a prévu pour lui sa famille. Mais avant de s’acquitter de ce service, il quitte Paris pour Pithiviers où un ancien ami, croisé par hasard, l’a invité. Tout à la joie des retrouvailles Pierre Marais s’aperçoit que son ancien comparse compte sur lui pour le tirer d’une sale affaire : depuis quelque temps il reçoit des lettres anonymes et menaçantes… Pendant ce temps-là, Alexandre Framboisier est aux prises avec un tueur en série qui signe ses crimes en arrachant les yeux de ces victimes, toutes sodomites. Alice Yvernat signe là son second polar historique et nous entraîne dans le sillage de son héros récurrent Pierre Marais au cœur du Paris de 1750, au fin fond des tavernes interlopes, des chambres de bonnes, des châteaux et des boudoirs parfumés. Mais quel que soit le lieu, le sordide le dispute toujours à la misère ou à l’arrivisme pour, au final, se dissoudre dans le sang d’« innocents » que seule condamne la différence. A la lecture de ce polar, un esprit paresseux ou pressé ne manquera pas d’établir une égalité du genre : 18 siècle égale « Polar historique » Certes, « Les billets indiscrets » appartient incontestablement à la catégorie dite « Polar historique », mais les siècles n’ont rien à voir à l’affaire. Un « polar historique » n’est pas un polar où l’action se déroule au temps jadis. Cela ne suffit pas. Ce serait trop simple. Il ne suffit pas que l’auteur indique, au détour d’une page, que les faits qu’il va nous conter se situent en l’an de grâce 1402, pour que son polar se hisse ipso-facto dans la catégorie dite « Polar historique », encore faut-il, que nous autres lecteurs ne nous attendions pas à ce que le héros sorte son téléphone portable d’un moment à l’autre. Et c’est ce que réussit parfaitement Alice Yvernat. Chaque mot, chaque phrase, chaque personnage évoque ce siècle dit des lumières ; au point que l’on se demande, s’il ne s’agit pas là, d’un ouvrage rédigé au milieu du 18 siècle, au même moment que l’Encyclopédie, dont Pierre Marais serait un des rédacteurs, répondant en cela aux sollicitations de Diderot. |
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