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DONALD WESTLAKE |
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955Lectures depuisLe mercredi 1 Decembre 2016
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Une lecture de |
À New York, en 1969. Mitch Tobin est marié à Kate. Ils ont un fils de quinze ans, Bill. Tobin a été policier durant dix-huit ans. Ce quadragénaire a été exclu de la police deux ans plus tôt, suite à un pataquès qui causa la mort de son équipier, Jock. Désormais, il s’occupe en bricolant sur son mur ou en creusant dans sa cave. À trois reprises, Tobin a mené des enquêtes parallèles sur des crimes, mais il n’a pas de licence de détective privé. Patron d’une boutique de vêtements à Brooklyn Heights, l’homosexuel Ronald Cornell contacte Tobin chez lui. Son petit-ami et associé Jamie Dearborn, mannequin, a été assassiné. Pour l’inspecteur homophobe Aldo Manzoni, c’est juste un amant occasionnel qui a tué Jamie. Cornell ne croit pas en cette version. Il compte découvrir l’assassin parmi leurs proches, en établissant l’horoscope des six suspects qu’il a recensés. Mitch Tobin l’aide a obtenir les dates et lieux de naissance des intéressés. Il n’a pas l’intention d’aller plus loin. Lorsque Cornell est hospitalisé après une tentative de suicide, cet acte ne paraît pas logique. C’est Kate qui incite son mari à enquêter sur le meurtre de Jamie et sur l’agression de Cornell, puisque c’en est effectivement une. Tobin joue la prudence, d’abord parce que Manzoni ne va pas aimer ces investigations illégales, ensuite parce que l’ex-policier connaît très mal la communauté homo de New York, ses habitudes et sa psychologie. Après le gros avocat Stewart Remington, Tobin rencontre certains autres suspects : Cary Lane, mannequin lui aussi, venu de Californie, et Jerry, petit-ami de l’avocat, le plus jeune de leur groupe. Il y a également David Poumon, un Canadien de Toronto. Tobin observe l’appartement des victimes, ainsi que les abords de leur boutique. Plus au calme chez lui, il s’intéresse au rapport astrologique préparé par Cornell. Le signe du Bélier semble avoir son importance dans le destin perturbé du couple Jamie Dearborn-Ronald Cornell et de leurs camarades. Quel sérieux accorder à ces horoscopes, analyses peut-être crédibles mais ne reposant sur aucun fait concret, aucune preuve valable ? Restent les deux derniers suspects. Bruce Maundy se montre carrément agressif envers Tobin, qui ne tarde pas à répliquer. Quant à Léo Ross, il cumule les handicaps d’être homo et Noir. Aucun des six ou sept suspects (avec Jerry) n’a d’alibi complètement solide. Tobin le constate en conversant avec eux lors d’une soirée entre amis. La situation financière de Cornell apparaît saine. Par contre, la jalousie amoureuse au sein du groupe, aboutissant au crime, est envisageable. Quand un autre d’entre eux est assassiné à son tour, par facilité l’inspecteur Manzoni s’empresse d’inculper Léo Ross. Pour faire réagir le vrai tueur, Tobin imagine d’utiliser les talents vocaux de Cary Lane… (Extrait) “Jamie Dearborn avait été tabassé à mort, tradition consacrée par l’usage, avec un chandelier de bronze. L’objet faisait partie du décor de la chambre du dernier étage où le corps avait été découvert. J’essayai de me représenter chaque suspect en train de brandir ce chandelier. À priori, aucun d’eux ne me semblait capable d’un tel geste […] Il n’existe pas un modèle type d’assassin. Tout un chacun peut tuer sous l’effet d’une pulsion assez forte. Si seulement j’avais rencontré Jamie Dearborn vivant, je saurais mieux quel genre de réaction il était susceptible de provoquer. Et lequel de mes six suspects pouvait le plus facilement y succomber…” Quatrième titre de la série "Mitch Tobin", ce roman de Donald Westlake (1933-2008) fut publié en 1970 sous le pseudonyme de Tucker Coe. Il est paru dans la Série Noire sous le titre “Tantes à gogo” l’année suivante. C’est une traduction entièrement révisée et augmentée que nous propose la collection Rivages/Noir avec “Inscrit dans les astres”. Qu’on ne s’inquiète pas si l’on a pas lu les romans précédents de cette série, car l’auteur fait référence — à travers les images qui tourmentent encore Tobin — à l’épisode qui lui valut d’être viré de la police. Et chaque roman est indépendant des autres : les lecteurs de Westlake savent bien qu’il cherchait à se renouveler pour chaque nouvelle intrigue. Au centre de cette histoire, c’est un regard sur les homosexuels dans le New York d’alors que nous fait partager l’auteur. Même quand il s’interroge sur le potentiel devenir homo de son fils adolescent, Mitch Tobin le fait avec peu de préjugés. Rencontrant le cercle d’amis de Ronald Cornell, son but est de dénicher le criminel, pas d’émettre une réprobation sur leurs mœurs. Faire abstraction de leurs comportements typés eût été absurde, mais il ne tombe pas dans la caricature grotesque. C’est donc le “portrait d’une minorité” qui est ici dessiné. On peut se dire que s’ils se regroupent, ce qui est une manière de se protéger, la notion plus large de “communauté homo” reste très vague, en ce temps-là tout comme de nos jours. L’énorme différence, c’est que la quasi-totalité de la population actuelle ne les traitent plus tels des pestiférés. En préambule, Westlake précise : “Ce livre n’est ni une condamnation ni un plaidoyer pour l’astrologie”. Les protagonistes croient dans les horoscopes, ce qui est parfaitement leur droit. Cet aspect est présenté avec le sérieux qu’adoptent les convaincus de ces pratiques. Que l’on en soit fervent ou que l’on y voit une supercherie proche de l’escroquerie, le sujet fait partie de l’intrigue, alimentant d’éventuelles pistes. Homosexualité et astrologie, les thématiques de Donald Westlake sont loin d’être "lisses" ou "bien pensantes", et c’est ce que l’on aime dans la plupart des romans de cet auteur remarquable. |
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