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PHILIPPE WARD |
Danse Avec Le TaureauAux éditions WARTBERGVisitez leur site |
2203Lectures depuisLe jeudi 8 Octobre 2015
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Une lecture de |
La tauromachie, certains y vouent un culte particulier. Pour eux, ce n'est ni un amusement pour touristes, ni un art de vivre pour aficionados. C'est bien davantage, une religion dédiée non pas à l'homme mais au taureau : le puissant animal traité telle une divinité, la corrida comparable à un rite sacrificiel. Autour d'une Épée hautement symbolique, se réunit en secret une étrange confrérie composée de sept membres, restant anonymes. Le directeur d'une revue taurine est le premier d'entre eux à être exécuté, de façon cruelle et spectaculaire, non sans connotation sexuelle. Après ce crime à Bayonne, c'est à l'occasion des corridas de Pampelune qu'un impresario de toreros, adepte du même groupuscule, est mortellement touché à son tour. La mise en scène est identique. Âgée de trente-et-un ans, célibataire, la brune Amaia Aguerre est policière à Lille. Elle est originaire du Pays Basque, où se parents tiennent une auberge. Elle y revient en vacances dès qu'elle le peut, retrouvant sa sœur cadette Lucie, vingt-trois ans. Par contre, Amaia ne cherche guère à renouer avec une ancienne amie, Marie-Christine. Si Lucie est amatrice de tauromachie, Amaia n'a jamais aimé cette activité. Un juge d'instruction la contacte, afin qu'elle se joigne aux policiers locaux enquêtant sur le double meurtre. Car Amaia a une spécialité, elle est profileuse. “Certains préfèrent parler d'analyste comportemental ou de psycho-criminologie, mais ce sont des termes trop barbares pour les journalistes et le commun des mortels” précise-t-elle. Elle est vite acceptée par ses collègues basques. La part sexuelle de la mise en scène criminelle peut suggérer une vengeance après un viol. Lors des fêtes de Bayonne, les agressions de femmes sont nombreuses, par exemple. Les policiers interrogent l'organisateur de ces festivités, Samuel Laroux. Celui-ci désigne les anti-corridas dont il redoute les actions, comme probables coupables. Mme Lipiensky, la plus virulente d'entre eux, à la tête d'une association opposée à ces spectacles taurins, ne paraît pas en cause : “Nous ne voulons pas la mort du taureau, alors comment pouvez-vous croire que nous puissions tuer des hommes pour nos idées ?” Amaia reconnaît le bien-fondé de cet argument. La piste d'un ex-matador alcoolique ne donne rien. C'est à Saint-Jean-de-Luz qu'une troisième victime est bientôt découverte. Ce surfeur de vingt-cinq ans prénommé Quentin faisait partie du groupe d'amis de Lucie. Ceux-ci savent de lui que c'était un gigolo pour dames mûres. Les meurtres seraient-ils commis par une secte concurrente à celle de l’Épée, manipulant ses propres initiés pour une vendetta cultuelle ? Un entraîneur de rugby de Cambo-les-Bains et un ex-artificier de la branche armée d'ETA sont les victimes suivantes parmi les adorateurs du Taureau. Si Amaia et ses collègues progressent, leur intervention au siège de l’Épée va s'avérer explosive. Toutefois, la série n'est peut-être pas close, il reste une victime à occire… Passionné de littératures populaires, Philippe Ward est bien connu des lecteurs de romans dans la catégorie Fantastique. Pour ce “Danse avec le taureau”, c'est la forme de l'enquête policière qu'il emprunte. D'une certaine façon, c'est aussi une mise en valeur de l'Euskadi, le Pays Basque, puisqu'il nous promène de Bayonne à Biarritz en passant par Pampelune (de l'autre côté de la frontière), Cambo-les-Bains (village cher à Edmond Rostand), Saint-Jean-de-Luz ou Itxassou. C'est surtout dans le petit monde de la tauromachie qu'il nous entraîne. Passion et polémique vont de pair lorsqu'on évoque ces spectacles. Bien que les aficionados soient encore très nombreux, on organise moins de corridas prestigieuses de nos jours, semble-t-il. Ce qui convient à ceux qui plaident la barbarie de ces prestations. Si la jeune enquêtrice connaît toutes ces traditions et sa région natale, elle doit explorer diverses pistes avant de finalement trouver la bonne. Il est vrai qu'en matière de serial killer, la motivation profonde est généralement difficile à définir. Notons une belle fluidité narrative, qui rend fort agréable la lecture de ce noir suspense.
Les victimes : Le directeur d’une revue taurine. Un agent de toréros. Un surfeur, gigolo pour dames. Un entraîneur de rugby de Cambo-les-Bains. Un ex-artificier de la branche armée d'ETA. Le mode opératoire : Un coup d’épée dans la nuque, une étrange marque sur le dos.
A quelques jours des fêtes de Bayonne cette série de meurtres risque de refroidir plus d’un aficionado. Alors, profitant du fait qu’Amaia Aguerre, une enfant du pays, réside pour quelques jours de vacances chez ses parents, la justice fait appel à la profiler dès le second meurtre. Convaincu que la tauromachie est le seul lien entre les victimes, Amaia oriente l’enquête vers les milieux anti-corrida. Mais la piste débouche très vite sur une impasse. Le sexe, l’argent, la jalousie, la vengeance, quel peut être le mobile du tueur en série ? Ce qu’ignore Amaia Aguerre c’est que les premières victimes de ses meurtres rituels furent un taureau et un jeune cubain qui reçut en plein cœur l’épée que, d’un coup de corne, venait d’expédier dans les airs un taureau mortellement touché au cours d’une corrida à Bayonne en juillet 1912.
Au centre du polar il y a la mort, la mort et la folie meurtrière, ce qui confère au polar une place de sein au sein de la littérature, place particulière qu’illustre de belle façon Philippe Ward avec cette intrigue adroitement agencée et narrée avec talent
Collection Zones noires. Parution 17 septembre 2015. 168 pages. 10,90€. C'est ce que l'on appelle de la Taureau magie ? Le 3 juillet 1912, un jeune étudiant Cubain décède dans les arènes de Bayonne. Il assistait à une corrida et le toréador fut malmené par un taureau qui n'appréciait pas vraiment ce jeu de cape et d'épée. Et l'épée, mal enfoncée dans le cou taurin s'envola et vint se ficher dans le cœur du spectateur. Cent ans plus tard, le 3 juillet 2012, six personnes cagoulées assistent à une sorte de cérémonie dont la mise en scène est assurée par la Grande Servante. Les membres de cette réunion sont conviés à toucher pour la première fois chacun leur tour selon un rite défini une épée cachée sous une tête de taureau. Cette arme blanche possède son histoire et la Grande Servante ne souhaite pas transformer cette célébration en hommage façon secte ou autre. Cette épée, elle l'a reçue en héritage et elle s'apprête à célébrer les cent ans de la cérémonie des sangs.
Alain Larrezabal a ressenti un frisson en tenant l'arme contre lui. Il est directeur d'une revue taurine et la corrida a vampirisé sa vie. Il est tout dévoué au taureau et à la tauromachie. Il aimerait pouvoir posséder cette arme et songe comment pouvoir s'en emparer. Alors qu'il rédige un article sur l'Epée pour sa revue, il est interrompu par la sonnette de son appartement. Il ouvre et reçoit un coup violent en plein visage. Il est retrouvé le lendemain nu, agenouillé devant un mur sur lequel est accroché une photo montrant un taureau. Une corne de taureau a été fichée dans son anus. Pas au taureau mais au cadavre. D'après le légiste une lame aurait été enfoncée derrière sa tête. De plus trois objets ont été dessinés dans le bas du dos, des tatouages représentants une épée courbe, un croissant de lune et une étoile. Du moins c'est ce que croit reconnaître Vincent, l'un des deux policiers chargés des premières constatations. En compagnie de Stéphane, son coéquipier, il hérite de cette enquête pour le moins inhabituelle. Dans deux semaines doivent se dérouler les séculaires fêtes de Bayonne, et ce meurtre tombe vraiment mal. Amaia passe ses vacances chez elle en famille à Itxassou, et elle entend bien en profiter pour voir évoluer les joueurs de cesta punta, jeu qu'elle préfère à la corrida. Elle est policière à Lille, les joies de la décentralisation, et elle possède la particularité d'être la première femme analyste-psychologique de la profession. Outre ses parents qui tiennent une auberge dans le village, elle a retrouvé sa jeune sœur Lucie. Bref des vacances qui se déroulent sous d'heureux auspices mais vont être mouvementées. Car le commissaire de Bayonne requiert ses compétences pour l'enquête sur le meurtre du journaliste amoureux des taureaux. D'autant qu'un autre meurtre va se produire peu après lors de la féria de Pampelune. Cette fois il s'agit d'un agent de toreros qui subit cette frome de châtiment dans les mêmes conditions. La mise en scène est identique et la liste va s'allonger au grand dam des policiers bayonnais qui pour autant ne le sont pas, bâillonnés. De plus elle retrouve une ancienne amie, Marie-Christine, qu'elle n'a pas approchée depuis des années, pour des raisons qui lui sont personnelles, et qu'elle fréquente sa sœur Julie l'indispose. Seulement son enquête lui prend beaucoup de temps car outre le directeur de la revue et l'agent de toreros, un surfeur, puis un ancien membre de l'ETA subissent le même sort.
Au début, ses nouveaux collègues, Vincent et Stéphane, lui battent froid, mais Amaia leur démontre rapidement qu'elle n'est pas née de la dernière pluie et leur prouve ses compétences en matières de réflexion et d'analyse.
Une enquête difficile, pour Amaia et ses collègues, dangereuse également, mais qui engendre chez le lecteur un plaisir ineffable. Il participe aux recherches, et côtoie le monde de la tauromachie dans les coulisses. Car Philippe Ward évite le piège de la description de scènes spectaculaires et sanglantes avec renfort de banderilleros, de picadors, de matadors, de foule en délire. Son propos est plus subtil. Enquêter dans le domaine des corridas, mais par la bande, et mettre en scène une analyste-psychologique policière, la première de la profession et la seule existant en France chargée d'étudier le profil psychologique du meurtrier, sans s'attarder dans des considérations oiseuses, pédagogiques. Il ne prend pas partie pour les aficionados ou les anti corridas, laissant le lecteur seul juge en son âme et conscience. Mais justement il prend soin de mettre en présence deux personnes proches, deux sœurs, Amaia qui n'aime pas du tout ce genre de sport et Lucie qui au contraire ne manquerait pour rien au monde la Féria de Pampelune et les Fêtes de Bayonne, malgré son jeune âge. Une approche sympathique d'une tradition de plus en plus battue en brèche par les défenseurs des animaux, ce que l'on peut comprendre. Mais comme beaucoup de manifestations folkloriques qui font la réputation d'une région, attirent les touristes, ceci fait partie d'un héritage difficile à éradiquer. Et si Philippe Ward ne prend partie ni pour les uns, ni pour les autres, c'est tout simplement de la tolérance, chacun voyant midi à sa porte, et il faut tenir compte des décalages horaires. Pour le lecteur curieux, c'est aussi une invitation au voyage dans le pays basque. Bayonne, bien sûr, Biarritz, Pampelune, située de l'autre côté de la frontière, Cambo-les-Bains, Saint-Jean-Pied-de-Port, Itxassou... Mais pour autant Philippe Ward ne s'attarde pas sur des descriptions géographiques ou touristiques, son propos est ailleurs. Connu pour ses romans fantastiques, Philippe Ward délaisse ce genre pour une approche plus policière, avec une nouvelle enquêtrice que l'on aura plaisir à retrouver.
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