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DON WINSLOW |
Dernier Verre à ManhattanAux éditions SEUILVisitez leur site |
1761Lectures depuisLe samedi 2 Novembre 2013
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Une lecture de |
Agent de la CIA, Walter Withers a été très efficace tant qu'il agissait en Suède. Sa bonne éducation et sa prestance naturelle sont d'excellents atouts. Beaucoup d'espion russes ont ainsi été mis hors course grâce à son habileté. En cette année 1958, Walter a senti le besoin de retrouver sa ville d'origine, New York. D'autant que sa compagne, la chanteuse de jazz Anne Blanchard, va s'y produire durant une certaine période. Malgré l'insistance de son chef, le Vieux Malin, Walter a démissionné. Il est maintenant employé dans une grosse agence de détectives, Forbes et fils, basée au Rockfeller Center. Ses fonctions s'avèrent en grande partie administratives, ce qui ne le rebute pas. Il y a quand même des enquêtes de terrain. Comme le cas de Michael Howard, possible suspect d'espionnage industriel. Une filature offre à Walter de premiers indices sur cet homme, qui a une seconde adresse. Forbes-fils confie à Walter une mission délicate, la protection d'une personnalité. À la veille de Noël, le sénateur Joe Keneally et son épouse Madeleine donnent une soirée au Plaza. Jimmy, le frère de Joe, veille à l'organisation de la fête. Walter va être chargé de protéger la belle Madeleine Keneally, une intellectuelle moins fortunée que son ambitieux mari. Si le poète Sean McGuire, inspirateur de la Beat Generation, cause un incident mineur, l'affaire est vite réglée par Walter. Plus tard, Madeleine lui avouera avoir eu jadis une liaison avec le turbulent Sean McGuire. La starlette danoise Marta Marlund est l'amante actuelle de Joe Kenneally. Jimmy Keanelly demande à Walter de réserver une chambre à son propre nom au Plaza. Plus sûrement pour abriter les relations sexuelles du sénateur avec Marta, que pour une réunion politique de Joe Keneally. Walter n'est pas dupe, mais accepte. Du club de jazz Le Cellar à la boite homo Good Night, la nuit de Noël est courte pour Anne et Walter. S'il ne lâche pas l'affaire Howard, le détective ne tarde pas à sympathiser avec Sean McGuire. Walter se pose quelques questions au sujet d'Anne et de son amie Alicia, tenant peut-être une place trop intime dans la vie de sa compagne. On le réclame pour une deuxième soirée auprès du trio Joe et Madeleine Keneally, avec Marta Marklund. Si le sénateur accorde une dernière chaude nuit à l'actrice, Walter doit la prévenir que c'est la fin de leur liaison. Un inspecteur juif de la police new-yorkaise, Sam Zaif, se présente dès le lendemain pour interroger Walter. Marta Marlund s'est suicidée aux barbituriques dans la chambre louée par le détective. Arthur va essayer de ne pas s'engluer dans un “piège à miel” impliquant le couple Keneally, des agents du FBI au service de J.Egard Hoover, et des espions russes. Il doit limiter les dégâts, pour Anne et Sean McGuire en particulier... Il est prudent de préciser qu'il ne s'agit pas d'un roman au rythme trépidant. Certes, il y a de l'action et un grand nombre de péripéties. Néanmoins, le tempo reste plus flegmatique qu'endiablé. Car cette histoire, se déroulant sur la dernière semaine de l'année 1958, est placée sous le signe du jazz. D'ailleurs, outre les scènes ayant pour décor des clubs ayant eu leur heure de gloire, les titres des chapitres sont ceux de morceaux assez connus. Le but est bien de se laisser envoûter par cette ambiance jazz de la grande époque. De Cole Porter à Thelonius Monk, en passant par George Gershwin et quelques autres, l'hommage aux géants du jazz est très présent. Un roman mélodique, en somme. Si Walter Withers assure le rôle du héros, New York est en quelque sorte le “personnage principal” de cette histoire. Éloge de cette ville qui ne dormait jamais, de Broadway et de ses quartiers animés, où l'artistique avait alors toute sa place. Toutefois, l'auteur souligne la mutation s'opérant à la veille des années 1960 : “Les clients qui, il n'y avait pas si longtemps encore, habitaient en ville et y faisaient un saut [dans les clubs] pour boire un verre, écouter deux trois chansons et partager quelques rires, vivaient désormais ‘en banlieue′.” Ici, on est encore dans le New York mythique. Où l'on croise, à travers le poète Sean McGuire, un mélange beat generation de Ginsberg, Kerouac et Burroughs. Le côté politique est transparent, incarné par la famille Keneally (Kennedy), dans laquelle nous avons le prince et futur roi Joe (JFK), l'intelligente Madeleine (Jacqueline), le vicieux manipulateur Jimmy (Bobby), sans oublier l'ombre machiavélique de J.Edgar Hoover, le type le plus haïssable de son temps. Notons enfin un clin d'œil enjoué à Mickey Spillane, un des romanciers les plus populaires d'alors. Évidemment, c'est tout ce contexte, cette reconstitution de l'époque (y compris avec des détails ignorés des Européens), qui donne un charme délicieux à ce beau roman noir aux allures rétro. |
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