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ALAIN WAGNEUR |
Djoliba, Fleuve De SangAux éditions ACTES N OIRS |
1808Lectures depuisLe jeudi 9 Decembre 2010
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Une lecture de |
2007. Policier ayant traité des affaires très sensibles, Richard Zamanski est aujourd’hui en poste à Blainville, station balnéaire de Charente Maritime. Il a fini par supporter cette mise au placard, même s’il trouve mal sa place au sein de la police locale. Ses récents problèmes de logement lui occupent l’esprit. C’est par hasard qu’il retrouve ici un de ses anciens profs, Claude Parvillier. Originaire de la région, ce jeune retraité s’est installé dans la maison de ses défunts parents. Zamanski n’aura pas l’occasion d’échanger d’autres souvenirs avec Parvillier, car celui-ci est découvert suicidé peu après. Dépression causée par l’inactivité ? L’enquêteur n’y croit guère. D’autant qu’on n’a pas trouvé de lettre d’adieu, et que l’ordinateur de Parvillier a disparu. Par tradition familiale, ce passionné de l’Afrique y exerça son métier durant de longues années. Il préparait un dossier concernant ce continent, mais on ignore précisément sur quel thème. La hiérarchie de Zamanski n’est pas convaincue par l’hypothèse d’un meurtre. Par la suite, une opération de police hasardeuse oblige l’enquêteur a prendre un peu de vacances. Peut-être l’occasion de découvrir la cabane de ses rêves et les joies du nautisme. À titre officieux, il est averti par un collègue gendarme de la mort violente d’Amidou Diop. Cet étudiant proche de Claude Parvillier semblait l’aider à constituer le fameux dossier disparu avec l’ordi. Il a été torturé, avant d’être éliminé. Zamanski et son collègue ne sont pas surpris qu’aucune suite ne soit donnée à ce nouveau meurtre. Le policier recherche sur Internet quelques infos sur la famille Parvillier, père et fils. Le père fut un haut fonctionnaire dont les responsabilités en Afrique étaient importantes. Le parcours du fils apparaît moins lié aux autorités françaises. Il étudia la sociologie de ces populations. Pour Zamanski, l’affaire prend bientôt une tournure plus sérieuse encore. Il est reçu par Delarive, de la Direction nationale de la police, et par une conseillère ministérielle. On lui propose une mission occulte, qu’il ne peut refuser. Antoine Delarive, pas si hostile, recommande la plus grande prudence à Zamanski. Le policier sent déjà qu’une menace plane autour de lui. Aux obsèques de Parvillier, il a croisé Cazenave, vieux colonial ami de la famille. Zamanski rencontre chez lui cet homme qui connaît bien les arcanes des relations entre France et Afrique. Quant à savoir ce que Claude Parvillier faisait au Mali, Cazenave doute qu’il s’agisse d’espionnage d’aucune sorte. Zamanski interroge ensuite Claire, la sœur de Parvillier. Elle lui confie que son frère risquait de gros ennuis judiciaires au Mali, plusieurs plaintes ayant été déposées contre lui. Des questions se posent sur l’ONG pour laquelle il opérait là-bas. Après cette visite, Zamanski a une nouvelle fois la preuve que rôde un danger criminel. C’est à Bamako qu’il espère découvrir de nouveaux éléments… Entre roman noir et enquête menée par un flic désabusé, cette histoire est bien sûr le prétexte à évoquer nos troubles liens avec le continent africain. L’époque des réseaux de Jacques Foccart et de ses amis semble désormais de l’histoire ancienne. Pourtant, l’influence (affichée ou souterraine) de la France reste forte dans ces pays indépendants. L’auteur pose aussi la question du rôle des ONG, de leur financement et de leur fonctionnement. Alphabétisation et soutien médico-social sont de nobles missions, qui méritent une véritable clarté. Soulignons un sympathique clin d’œil: au Mali, Zamanski prend contact avec le duo de policiers créé par le romancier Moussa Konaté. Entre affaires de mœurs et politique internationale, c’est dans un contexte dense qu’évolue ici un récit qui se suit avec grand plaisir. |