Cet été-là est caniculaire, à Arras comme partout. Négociatrice dans l’immobilier, Louise Dufour s’avère la plus efficace de l’agence “Ventimo”. Agée d’une trentaine d’années, elle vit seule depuis son échec marital avec Etienne. Ces derniers temps, Louise ne supporte plus les chiens. Celui de ses voisins lui gâche le paysage. Un vieux cabot puant risque de lui faire rater une vente. Elle est agressée par le pitbull de jeunes voyous, et sauvée par un étonnant SDF. L’idée de trucider quelques chiens s’impose à Louise : « Un sale clébard en moins, c’est un trottoir propre en plus. » Agressé par un molosse, l’amical SDF a sombré dans un coma amnésique. Louise voudrait l’aider. M.Tchang tient une boutique près de l’agence immobilière. Attaquée une nouvelle fois par le pitbull des énergumènes à casquettes, Louise trouve refuge chez lui. Le Chinois sait déjà qu’elle déteste les chiens. S’il ne lui dit pas pour quel usage, M.Tchang demande à Louise de lui fournir des chiens. Elle sera protégée par les neveux du Chinois. Louise accepte. Elle infiltre la SAFE, association qui recueille des chiens. Bénévole active, elle peut alimenter le trafic dirigé par Mme Yang Tsé. Elle débarrasse aussi certains de ses clients de leurs bêtes gênantes. Suzanne, la secrétaire de l’agence, a toutefois remarqué le curieux comportement actuel de sa collègue. Les boves, couloirs souterrains nombreux sous Arras, permettent aux Chinois de faire transiter peaux et viandes de chiens. Le décès du SDF perturbe Louise. Dautun, son grand patron, est sincèrement amoureux d’elle depuis longtemps. Animée par sa haine des chiens, Louise dérape... Le thème n’a rien d’anodin. Si certains chiens ont leur utilité, s’il est interdit de faire souffrir des animaux, « la plus grande sagesse consiste à protéger l’Homme de sa propre sottise » selon M.Tchang. Le chien gâté comme un enfant, traité tel un jouet, par des maîtres se prétendant vertueux, on peut y voir de la stupidité et de l’hypocrisie. Louise se révolte contre l’envahissement canin. Ses actes extrêmes, illégaux, sont d’une délicieuse amoralité. Fonceuse pourtant sensible, cette héroïne est vraiment attachante. La forme narrative, renforcée par les interventions de la secrétaire Suzanne, est très réussie. On apprécie l’humour grinçant du récit. Voilà un roman non-conformiste original.
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