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DONALD WESTLAKE |
Tous Les Mayas Sont BonsAux éditions RIVAGESVisitez leur site |
947Lectures depuisLe vendredi 23 Novembre 2018
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Une lecture de |
Autrefois nommé le Honduras britannique, le Belize est un petit état situé sur la Mer des Caraïbes, entre le Guatemala et le Mexique. En ces années 1980, ce pays tropical est devenu indépendant, tout en appartenant toujours au Commonwealth. Entre plaines côtières plates marécageuses, larges espaces forestiers, et basses montagnes du sud, le Belize est un pays qui ne peut guère compter sur un développement économique, ni même agricole. Le long des côtes se trouve une barrière de corail formant des cayes, meilleur atout touristique qui ne demande encore qu’à être exploité. Quant aux routes, elles restent mal praticables dans ce décor de jungle. Multiraciale et métissée, la population bélizienne vit modestement, dans une poignée de grandes villes et dans des villages isolés. C’est un État attirant pour certains aventuriers américains, espérant y faire fortune. De hauts responsables locaux leur font miroiter les possibilités de leur pays, vendant des terres bien au-delà de leur valeur. C’est le cas d’Innocent St.Michael, qui est à la fois directeur adjoint du service de l’Attribution des terres au sein du gouvernement, et agent immobilier. “Ses cheveux étaient africains, sa peau café au lait était maya, son courage irlandais et la fourberie de son esprit totalement espagnole.” Homme de belle prestance, Innocent St.Michael savait convaincre avec une belle roublardise, et ne déplaisait pas aux femmes. C’est lui qui a fourgué des terrains inexploitables à Kirby Galway, Américain âgé de trente-et-un ans, qui investit tout son avoir financier dans l’opération. Ce dernier pensait y créer un ranch "à la Texane". Kirby Galway est pilote d’avion, possédant son propre appareil. Formé par l’armée américaine, il était trop indépendant pour rester militaire ou même être employé par une compagnie commerciale. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans le trafic de marijuana, via le Belize vers les États-Unis. Ayant investi, Kirby a bientôt réalisé son erreur. Néanmoins, il a sympathisé avec des habitants de villages proches de ses terres, telle la famille Cruz ou Tommy et Luz, prêts à toutes les complicités. Le Belize est au cœur de la civilisation maya, bien qu’il ne reste quasiment aucune trace des vestiges de ce peuple d’autrefois. Pourquoi ne pas en fabriquer ? Kirby invite un duo, Witcher et Feldspan, qui sera capable de vendre tout objet supposément maya en Amérique du Nord. Il les conditionne suffisamment afin qu’ils ne se posent pas longtemps la question de l’authenticité de ces trouvailles. Mais la culture maya intéresse également le riche collectionneur Whitman Lemuel, que Kirby a contacté à New York. Là, il faudra se montrer plus astucieux pour le duper, même s’il est en mesure de verser des sommes très importantes. Encore que ce soit plutôt un passionné qu’un vrai spécialiste. Par contre, la jeune archéologue Valerie Greene est très experte sur la culture maya. Elle risque de faire capoter les projets de Kirby, si elle reste dans ses pattes. Que, dès son arrivée au Belize, elle se soit laissée séduire par ce diable d’Innocent St.Michael pourrait encore compliquer la situation… Donald Westlake (1933-2008) fut une figure majeure du roman noir américain, autant pour ses intrigues dures (signées Richard Stark) que pour les aventures plus souriantes de son héros John Dortmunter. Dix ans après son décès, les Éditions Rivages nous présentent ce “Tous les Mayas sont bons”, exemplaire de l’imagination effervescente du productif Donald Westlake. Il serait vain d’essayer de résumer le feu d’artifice constituant la trame de cette histoire. On y croise des personnages d’une drôlerie dévastatrice, impliqués dans des tribulations tous azimuts. Qu’un problème semble en voie d’être réglé, en voici un autre qui surgit ! L’action galope sans temps mort, chaque protagoniste se pensant assez malin pour tirer un beau profit – d’un pays qui, pourtant, ne recèle probablement aucun trésor. Qu’il est délicieux de se laisser entraîner par les multiples rebondissements concoctés avec une sacrée ironie par le regretté Donald Westlake ! Avec ses romans de veine humoristique, on passe toujours un excellent moment. |
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