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MARIE WILHELM |
Aller Simple Paris-corrèzeAux éditions LA GESTE |
803Lectures depuisLe lundi 13 Aout 2018
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Une lecture de |
Collection Le Geste noir N°101. Parution le 16 mars 20158. 312pages. 13,90€. ISBN : 979-1035301453 Certains viennent se ressourcer en Corrèze tandis que d’autres quittent ce département pour faire de la politique ! Quinquagénaire émargeant à l’Education Nationale, Vincent Farges se prend de bec avec l’un de ses élèves qui se montre particulièrement irrespectueux et provocateur. L’ado le nargue, mais à cinquante ans, et il ne les parait pas, Vincent Farges possède de beaux restes, ayant pratiqué la boxe française et les activités physiques à la ferme de ses parents en Corrèze. L’inévitable arrive et il faut que le directeur interrompe le carnage. Farges est mis en retraite anticipée. Un moyen de le calmer pense le rectorat. Toutefois dans la tête de Farges, ça mouline. La mort bien des années auparavant de son fils Grégoire puis la désertion de sa femme partie se consoler ailleurs. Alors, il ne lui reste qu’une solution, revenir sur ses terres natales, direction Meymac, joli petit village où il devrait pouvoir se ressourcer et recouvrer une certaine sérénité. Il s’installe à l’hôtel, le seul de la commune, et recherche une maison à acheter dans les environs. Cela fait quinze jours qu’il traîne lorsqu’il est abordé par une vieille dame qui lui reproche de les éviter tous, elle son ancienne institutrice, et ses anciens condisciples qui furent également ses amis. Suite au décès de sa femme honteusement attaquée par un vil crabe, le commissaire Savigny est désemparé. Durant huit jours il traîne sous les ponts de Paris, ne se lavant pas et se nourrissant à peine. Mais son patron veille et il lui intime d’aller se ressourcer ailleurs, le mettant d’office en congés, et de penser à l’avenir de ses deux gamins, des jumeaux, âgés d’une dizaine d’années. Comme sa femme était originaire du Limousin, direction Meymac avec ses deux loupiots et installation à l’hôtel. Pendant ce temps Vincent Farges déambule dans la cité qui s’ouvre sur le Parc Naturel Régional de Millevaches, et il aperçoit dans une ruelle une jeune femme désirant forcer la porte d’une maisonnette. Elle est accompagnée d’une jeune fille, sa sœur, et d’un bambin, son fils d’un an. Son mari, qui vient de se faire renvoyer de l’entreprise de transports où il travaillait, est d’un naturel colérique, et pour bien faire comprendre à ses interlocuteurs qu’il a raison, use de ses poings sans vergogne et sans barguigner. La douce figure d’Anna en témoigne par des bleus qui font tache. Anna Lestrade n’est guère estimée dans la bourgade, étant mariée avec un homme n’ayant pas bonne réputation. De plus elle est la fille du notaire mais les relations familiales sont très distendues. Vincent Farges prodigue ses conseils à Anna, et accepte de coucher chez elle, en tout bien tout honneur, ce qui n’est pas du goût du mari. Lequel n’hésite pas à employer la manière forte. Seulement l’homme est enlevé, et démarre alors une affaire dans laquelle Anna sera compromise et Vincent, décidé à l’aider, trouvera de l’aide inattendue et officieuse en la personne du commissaire Savigny et auprès du commandant de gendarmerie qui ne se prend pas pour un agent de sécurité élyséen.
Dans un style sobre, limpide, plaisant, Marie Wilhelm nous concocte un suspense rural qui nous change agréablement des histoires mettant en scène des truanderies banlieusardes. Les personnages, dont certains pour ne pas dire la plupart, sont des cabossés de la vie, s’intègrent parfaitement dans le rôle qui leur est dévolu, même les jumeaux ou le bambin. Si Albert, le mari d’Anna, n’est pas le personnage sympathique par excellence, les autres protagonistes ne se montrent pas toujours non plus sous un jour favorable, à cause de ces petits préjugés qui font florès dans les campagnes repliées sur elles-mêmes. Souvent à cause de ragots, de colportages, de racontars, d’incompréhensions, de malentendus, comme dans le cas d’Anna qui est mise à l’écart pour des raisons indépendantes de sa volonté. Mais ce n’est pas parce que ce roman est fortement implanté dans le terroir qu’il faut croire que l’histoire se réduit à une intrigue plan-plan. L’auteur sait mettre en valeur ses personnages et insérer dans ses dialogues des situations actuelles qui ne sont guère favorables à l’épanouissement de la population. Les normes édictées par Bruxelles pèsent sur les esprits. Ça, je vous jure, qu’est-ce qu’ils nous emmerdent avec leurs normes ! y’a plus que ça qui compte, les normes. Heureusement, dans ma partie, on n’est pas trop touché. Mais les paysans, alors eux, ils sont en première ligne. Vous savez qu’ils n’ont plus le droit de vendre leurs fromages sur les marchés s’ils n’ont pas un étal réfrigéré ? Vous savez combien ça coûte, un étal réfrigéré ? Ailleurs, ce sont les priorités policières qui sont battues en brèche, il faut aller dans le sens du poil de l’opinion publique : Les directives gouvernementales du moment donnaient la priorité au spectaculaire : surveillance ostentatoire des routes, patrouilles fréquentes dans certains quartiers dits à risques, sauvetages à la James Bond si possible filmés. Avec l’intensification des actions classifiées terroristes en France et dans toute l’Europe, il fallait donner au public le sentiment que tout était mis en œuvre pour renforcer la sécurité. Un excellent livre de détente mais qui n’oublie pas de remettre quelques pendules à l’heure.
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