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ANNELIE WENDEBERG |
L’héritier De MoriartyAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
573Lectures depuisLe lundi 14 Mai 2018
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Une lecture de |
En Grande-Bretagne, vers les années 1890, Anna Kronberg – experte en bactériologie – s’est déguisée en homme pour exercer son métier de médecin, auquel les femmes n’ont pas encore accès, sous le nom d’Anton Kronberg. Elle fit ses études à Berlin, puis à Boston, puis exerça à Londres où elle fut parfois consultée comme légiste par Scotland Yard. Collaborant avec le grand détective Sherlock Holmes, elle a partiellement réussi à contrer un réseau de scientifiques aux intentions mortifères. Entre Anna et Holmes, exista un rapprochement sentimental, mais aussi une rivalité intellectuelle, qui les éloigna l’un de l’autre. Assisté par le cruel colonel Sebastian Moran, le professeur James Moriarty enleva et séquestra Anna Kronberg. Menaçant le père de la jeune femme, le diabolique Moriarty la garda contre son gré en plein cœur de Londres, à Kensington Palace Gardens, dans sa demeure. Il parvint à la "domestiquer", l’épousa et lui fit un enfant, encore à naître. En mai 1891, Anna échappe à l’emprise de Moriarty, s’en débarrassant en l’empoisonnant. Enceinte de cinq mois, elle fuit à travers la campagne anglaise en compagnie de Sherlock Holmes. Le couple se sait traqué par le colonel Moran, ses complices et leurs chiens. Ce difficile voyage à pieds est destiné à désorienter leurs poursuivants, selon l’idée d’Holmes. Anna est par moment traversée par des idées suicidaires, quand elle pense à l’identité du père de l’enfant qu’elle porte. Ils font une pause bienvenue à Littlehampton, où Mycroft Holmes les rejoint bientôt. La situation à venir d’Anna s’annonce précaire, car le colonel Moran et d’autres héritiers pourraient revendiquer la fortune de James Moriarty. De son côté, Mycroft va tenter de démêler les choses à ce sujet. Quand Anna et Holmes prennent le train pour Londres, ils s’aperçoivent que Moran est toujours à leurs trousses. Retour à leur auberge de Littlehampton pour le couple. Ils organisent un simulacre de fausse-couche pour berner ce diable de Moran : si elle a perdu son bébé, Anna ne peut plus revendiquer l’héritage. La jeune femme arrive finalement à rallier Londres. Avec les frères Holmes, elle s’adresse aux notaires de Moriarty, faisant valoir ses droits. Appartenant à la diplomate secrète, Mycroft voudrait savoir où en était rendu Moriarty dans le développement d’armes bactériologiques. Le colonel Moran voudra en tirer profit, à l’évidence, d’autant que les rumeurs de guerre se précisent. C’est en Allemagne qu’Anna peut espérer des réponses. Auprès du docteur Robert Koch, qui a découvert un remède contre la tuberculose. Peut-être eût-il tort de trop en parler publiquement, car les souches infectées peuvent alimenter de funestes desseins. Moran n’a pas dit son dernier mot : il sera même présent à Berlin, au moment de l’accouchement d’Anna… (Extrait) : “Estimant que la colère m’échauffait trop l’esprit, je passai la main dans mes cheveux pour me rafraîchir le crâne et les pensées. — Si j’avais obéi aux règles de la société, je ne serais jamais devenue médecin. À cette heure, je serais enfermée chez moi, ayant déjà donné naissance à huit enfants, dont quatre seraient morts en bas âge de malnutrition ou de maladie. Et j’aurais un mari qui considérerait qu’il est tout à fait justifié de battre sa femme avec une canne pourvu qu’elle soit moins épaisse que son pouce, simplement parce que la loi l’y autorise…” Après “Le diable de la Tamise” et “La dernière expérience”, voici le troisième opus de la vie d’Anna Kronberg, qui ne manque ni d’intrépidité, ni de courage. Bien que nous soyons dans l’univers de Sherlock Holmes, le docteur Watson n’a guère de rôle à jouer, Anna étant la narratrice et l’héroïne de ces aventures. Par contre, Mycroft Holmes suit de près les péripéties, conscient du terrible danger des armes bactériologiques. En effet, la science progresse beaucoup en ce temps-là, mais ce qui peut sauver peut aussi détruire. Moriarty est décédé, mais le colonel Moran est également un ennemi sans pitié : “Meilleur chasseur de fauves de l’Empire britannique, totalement dépourvu de scrupules, propriétaire d’une carabine à air comprimé silencieuse, et furieux d’avoir perdu son meilleur ami et employeur, James Moriarty, qu’il a juré de venger.” On n’est pas encore à l’époque des suffragettes et le féminisme est quasi-inexistant. Dans les pays occidentaux, les femmes sont toujours les inférieures de hommes, les avancées concernant leurs droits sont rares, négligeables. Anna est encore obligée de s’expliquer, comme auprès d’un jeune orphelin de ses amis la croyant infirmière : “Je ne suis pas et je n’ai jamais été infirmière, Barry. J’ai été médecin pendant douze ans, et pour ça, il a fallu que je me déguise en homme. Et personne ne le savait.” Le combat pour un début d’égalité sera long mais, si elle en réchappe, Anna peut espérer du mieux en Amérique. Quant à sa relation avec Sherlock Holmes, elle reste ambiguë. “Vous voulez faire croire que vous ne ressentez aucune émotion…” lui reproche-t-elle. Il continue à être l’ange protecteur de la jeune Allemande, dont l’état de femme enceinte importe énormément dans cet épisode. Des personnages que l’on retrouve avec grand plaisir. |
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