collection noire n°16 A quarante ans, Luc a décidé de se consacrer à sa passion, la photo, démissionnant de son emploi d’expert comptable, abandonnant femme et enfants, quittant Agen pour s’installer à Paris. Son maigre pécule ne suffisant pas, il donne des cours à des apprentis photographes et exerce son art en vendant ses clichés à des agences ou des revues. Ce n’est pas encore la gloire mais il ne désespère pas. Son modèle, Jennyfer, une adorable jeune fille rousse, pose nue sans complexe, sachant que Luc, en bon professionnel ne la considère que comme un objet lors des séances de pose. Afin de pouvoir se faire un nom dans la profession, et engranger quelques cachets conséquents, il pense tenir une idée de génie, idée qui le tarabuste depuis un certain temps, jusqu’à en devenir une obsession. Réaliser des photos de nu sur les tombes du Père Lachaise. Mais ce qu’il ignore, c’est qu’il se déroule des événements étranges, troubles, angoissants, dramatiques, fantastiques, sanglants dans cet endroit réputé calme et reposant. Il décide d’effectuer un repérage de nuit, alors qu’est programmée une séance en plein air de vieux films de Méliès. Si le début de la projection se déroule sans problème, bientôt les spectateurs assistent à ce qu’ils pensent être une blague. Mais il leur faut bientôt se rendre à l’évidence, les trois sorcières qui s’agitent sur l’écran ne sont pas des artistes de la pellicule. C’est la débandade tandis que Jennyfer est comme hypnotisée. Des roses qui surgissent de terre, des tulipes qui offrent leurs corolles hors saison, des humains qui disparaissent, des ectoplasmes qui font la sarabande, des chats roux qui se promènent dans les allées, des visiteurs de plus en plus nombreux qui nettoient les travées avec au coin des lèvres des sourires qui ne sont pas forcément de circonstance, telles sont les bizarreries que le lecteur va découvrir au fil des pages, et plus si affinité. Le thème du cimetière en littérature fantastique a été exploité jusqu’à plus soif (comme dirait le vampire !) croyait-on, et pourtant Philippe Ward réussi à renouveler le sujet avec brio. Il nous invite à explorer le Père Lachaise d’un œil neuf, occultant les tombes des très nombreuses personnalités qui y demeurent, pour se consacrer à quelques mythes. Evidemment le lecteur, puisque le personnage principal est un photographe, relèvera quelques clichés, mais combien d’artistes ont usé, et parfois abusé, d’une idée forte pour imposer leur propre vision ? Prenons par exemple Picasso, qui a copié des toiles de maîtres en apposant sa touche personnelle, son graphisme, ses couleurs. Philippe Ward est ainsi. Et il démontre, avec quelques uns de ses collègues et confrères français, je citerai Gilbert Gallerne alias Gilles Bergal ou François Darnaudet entre autre, que le fantastique n’est pas l’apanage des auteurs anglo-saxons ou américains. Au contraire, pas de délayage, pas de digressions inutiles, pas de longueurs, de remplissage pour obéir à un cahier des charges édicté par un éditeur exigeant en nombre de pages.
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