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ROGER VILARD |
Abattez Vos DamesAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
1228Lectures depuisLe mercredi 21 Aout 2013
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Une lecture de |
Sommé par son éditeur de lui fournir un manuscrit dans les plus brefs délais, Raymond Marilay, planche en vain devant sa page blanche. En face de son appartement parisien, dans une chambre d'hôtel, une jeune femme rousse et exhibitionniste joue au jeu dangereux du strip-tease derrière sa fenêtre. Ça y est! Marilay tient son idée, son début de roman. Il écrit dans la fièvre son premier chapitre et peut se coucher l'âme en paix. Qu'elle n'est pas sa surprise le lendemain matin d'apprendre que la réalité a rejoint la fiction: la nuit même, la rousse provocante a été assassinée. Intrigué et curieux, désireux de poursuivre son roman, il s'installe pour quelques jours dans l'hôtel où vient d'avoir lieu le drame. Comme s'il traînait la Camarde à ses basques, un second meurtre est perpétré sur la personne d'une jeune fille, étudiante effacée, tout le contraire de la première victime. Ce qui au départ n'était qu'un jeu, histoire de côtoyer le fait divers de près, devient un drame et un mystère. L'inspecteur Gerlier, assisté de Duvigneux, apprend le séjour de Marilay à l'hôtel. Ils estiment plutôt louche son comportement. En lisant le manuscrit en cours de l'écrivain, ils s'étonnent du luxe de détails; il parle de prémonitions, de trucs d'écrivain. Après une longue garde à vue qui n'apporte rien de plus aux policiers, Marilay est relâché. Il découvre chez lui le cadavre de sa tante Germaine, étranglée, et prévient immédiatement Gerlier qui note toutefois un trou dans l'emploi du temps du romancier. La tante Germaine était l'unique parente de Marilay, fortunée, tandis que lui se débat dans la zone rouge à sa banque. La première victime s'appelait Rose Marie et venait de Senlis. Marilay en se rendant à Chantilly a un accident de voiture. Pour le garagiste et les policiers, aucun doute il s'agit d'une tentative d'assassinat. Marilay est à l'hôpital, le bras dans le plâtre. Les policiers de Senlis ont découvert le meurtrier de Rose-Marie. Tout simplement un amant délaissé et jaloux de la jeune femme qui changeait de partenaires comme de slips. Le premier meurtre résolu par ses collègues, reste les deux autres à élucider. Après avoir fait les beaux jours de la collection Spécial Police du Fleuve Noir, Roger Vilard revient avec un roman fort bien construit, entretenant le suspense malgré le doute infiltré dans l'esprit du lecteur sagace, et s'amuse dans cette œuvre qui pour divertissante n'en montre pas moins les affres de l'écrivain devant la page blanche et son avenir littéraire et matériel. Une situation qui n’est pas surement imaginaire, puisque ce roman sera le dernier de Roger Vilard publié au Fleuve Noir, et ce après une longue période d’inactivité éditoriale, mais traitée avec un humour débonnaire. A quoi bon se lamenter. Ce retour aux sources de Roger Vilard sera une heureuse surprise pour tous ceux qui, comme moi, furent plus accrochés par l’esprit Fleuve Noir que par d’autres collections à prétention intellectuelle.
Citation : J’ai besoin de chasser le goût de vos sandwiches, votre fournisseur n’aura jamais de fourchettes chez Michelin et pourtant il devrait car ils sont caoutchouteux à souhait. |