Dave Gurney, prématurément vieilli par les dures conditions de son métier de flic du NYPD, finit sa convalescence chez lui, dans les collines paisibles des Catskill. Sa dernière mission s’est terminée par des blessures dont il portera à jamais les séquelles. Son épouse est un trésor : gentille, paisible, aimante, et infiniment compréhensive. Elle l’observe avec inquiétude. Douleurs, acouphènes, et une déprime aggravée par l’inaction de sa retraite ne font pas de Gurney le mari le plus marrant de la terre ! Elle le pousserait presque à reprendre du service. Aussi, lorsqu’il reçoit une demande d’aide toute bête : servir de conseiller technique à une jeune journaliste stagiaire et accessoirement, décourager son ex qui la harcèle, ni l’un ni l’autre n’imagine que cela pourrait leur couter bien cher. Gurney est un taiseux, ténébreux, qui n’aime pas beaucoup ce que devient son pays. Un drôle d’Américain qui n’a même pas la télévision chez lui, qui ne recherche surtout pas la publicité. Gurney est l’homme idéal pour cette affaire bizarre qui a un pied dans le passé. Dix ans auparavant, un tueur en série « Le Bon Berger » a paniqué tout le monde : il semblait bien décidé à trucider les représentants d’une société avide, ne pensant qu’au fric. Le justicier choisissait ses victimes parmi les propriétaires de Mercédès rutilantes. La jeune journaliste qui embauche Gurney fait des recherches sur les traumatismes familiaux causés par ces assassinats. Quelle influence sur les enfants des victimes ? Ces recherches semblent avoir pour conséquence de relancer les crimes. Pourquoi aujourd’hui les meurtres reprennent-ils avec les descendants des victimes initiales pour cibles ? Le flic déprimé, le chasseur de tueur en série ! Au secours, on a déjà lu tout ça ! Et pas qu’une fois... Eh bien, non ! Verdon arrive à poser un œil neuf sur ce schéma éculé, avec un personnage pas très en forme et qui commet des erreurs, des personnages secondaires sur lesquels le soupçon pèse tour à tour, jusqu’à une conclusion que certes, on avait vu venir, mais qui tient la route. Si les péripéties ne méritent pas le prix de l’originalité, le climat humain est vrai, solide, crédible, et le démontage de ce qui pourrait devenir on ne sait quelle dérive ectoplasmique, n’est pas dénué d’un humour froid appréciable. Un bon exemple du genre « assurez-vous qu’un train n’en cache pas un autre ». Ce John Verdon vaut bien deux Harlan Coben à lui seul.
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