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ÉLISA VIX |
Rosa MortalisAux éditions LE ROUERGUE |
1532Lectures depuisLe jeudi 7 Mars 2013
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Une lecture de |
Flic sans grande ambition, Thierry Sauvage est lieutenant de police à Soissons. Sa vie perso n’est pas un modèle d’équilibre. D’un côté, il y a son ex-épouse Maryse, prof militante, et leur fils Victor. De l’autre, son ex-compagne Valérie, débordée depuis la naissance des jumelles dont il est le géniteur contre son plein gré. L’aide de la mère du policier n’est pas inutile. Sauvage reste assez froid vis-à-vis de ses deux familles. Au commissariat, il est assisté par la robuste Joanna Sénéchal, vingt-cinq ans. Celle-ci occulte un drame lié à sa mère, mais un gendarme n’a pas renoncé depuis un quart de siècle. Actuellement, outre la délinquance galopante, Soissons est perturbée au quotidien par le Front Anti-Pub. Ces altermondialistes noircissent les affiches, brûlent les prospectus, causent un fort incendie. Sauvage est chargé de remplacer un collègue souffrant, sur une enquête délicate. Il s’agit du meurtre de la jeune Bernie Sainte-Croix, assassinée à son domicile en soirée. La famille Sainte-Croix, c’est la société Royal Soup, un des plus gros employeurs de la région. Son père étant décédé cinq années plus tôt, c’est Thérèse Sainte-Croix qui a repris les rênes de l’entreprise. Elle n’avait alors que vingt ans, et envisageait d’entrer dans les ordres. Sa sœur jumelle Bernadette, dite Bernie, étant idéaliste par nature, elle s’est contentée de toucher une rente. Entre son émission sur une radio FM, et son action parmi les altermondialistes, Bernie semblait avoir trouvé sa voie. Côté cœur, elle assumait nettement moins. Elle a quitté l’animateur de radio Greg, avant de sortir avec le responsable d’un club équestre, Christian Aubry, trente-sept ans. Avec son alibi incertain, douteux, ce dernier fait un excellent suspect, à moins qu’une preuve ne le disculpe. Thérèse Sainte-Croix apparaît fort peu expansive, au point que Thierry Sauvage se pose des questions. La roseraie en friche de sa propriété semble la fasciner. Le policier se demande si une substitution serait plausible, Bernie prenant la place de sa sœur. Ce que son ami légiste juge impossible. Sauvage connaît un psy, Serbe d’origine, qui pourrait entrer dans le subconscient de Thérèse grâce à l’hypnose. La personnalité de la victime interroge aussi. Frigide, comme l’affirme Christian Aubry ? Sinon, “Bernie était gentille avec tout le monde, autant de gentillesse, c’en était écœurant. Suspect, finalement.” Elle eut un petit conflit d’argent avec son amie Samira Ouadi, qui a ouvert un institut de massage. Bernie restait en rapport avec les antimondialistes et le Front Anti-Pub, semblant souhaiter les financer. La vérité sur ce crime sera fatalement plus complexe… Sans doute le policier Thierry Sauvage est-il plutôt déboussolé, ne maîtrisant pas grand-chose de sa vie privée, quelque peu maladroit aussi lors de cette enquête. Quant à dire, comme en quatrième de couverture, que cette histoire provoque “le trouble et le rire”, il est bon de nuancer. Ne nous attendons pas à une ambiance désopilante, hilarante. Quelques sourires naissent de certaines scènes, oui. Pour ce qui est du caractère troublant, on sera davantage d’accord. La gémellité est toujours intéressante à traiter dans le polar. Ce qui permet de jouer sur la personnalité ou les éventuels secrets de chaque jumelle, dans le cas présent. Une question sociétale est abordée également : “C’était comme si l’humanité, à un moment donné, s’était fourvoyée sur une mauvaise piste, avait pris le mauvais embranchement. Fallait-il revenir sur nos pas jusqu’au carrefour fatidique ? Si oui, qui était prêt à renoncer au mode de vie occidental ?… Guérir le monde par ce procédé même qui l’avait rendu malade, le profit ?” Vaste problématique que la remise en cause de nos systèmes, c’est sûr. Élisa Vix nous présente là un solide roman d’enquête, d’une lecture fort agréable. |
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