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PHILIPPE VIDAL |
La Soixante-cinquième CaseAux éditions DE LA CLEF D’ARGENT |
1781Lectures depuisLe vendredi 16 Septembre 2011
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Une lecture de |
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N’allez point chercher loups-garous, sorcières, vampires et autres personnages du mon de merveilleux et étrange du fantastique. Non, Philippe Vidal explore un fantastique feutré, celui que l’on peut ressentir entre sommeil et éveil, lorsque notre esprit vagabonde, soumis à aucune contrainte, à aucun interdit cartésien, à aucune logique, empruntant des chemins de traverse incontrôlés. On sait que c’est faux, et pourtant on ne peut rectifier le déplacement de notre conscience au risque de se réveiller et de plonger dans un réel peut-être plus fantasque ou, au contraire, trop terre à terre. Alors on se laisse bercer sur les ailes de la littérature, s’inventant des histoires, échafaudant une mise en scène, prolongeant notre rêve et ne le quittant brutalement qu’à regret. Philippe Vidal dans les dix-sept nouvelles qui composent ce recueil, se complait à évoquer au travers des textes Jorge Luis Borges, des auteurs sud américains, Georges Perec, et bien d’autres dont Raymond Carver. Tout est dit, écrit ou presque dans la nouvelle intitulée Le Jardin qui parle. A un interlocuteur qui lui demande pourquoi avoir écrit Le jardin qui parle, l’auteur répond : Il se trouve que j’ai parfois – comme tout le monde, en fait – des sortes de vision… Rien de mystique, des images qui se forment dans mon imagination, et plus rarement des phrases… Non, en fait ça a commencé à un concert de Magma. Vous connaissez Magma ? (A ce sujet vous pouvez consulter mon article sur Magma ici). Pas d’action, ou peu, surtout des réflexions, des mises en scène, malgré une présence policière, militaire, dans ces nouvelles, mais quoi de plus normal puisque Philippe Vidal explore l’ambiance sud-américaine, principalement vénézuélienne et argentine. Mais l’écriture joue aussi un rôle principal, comme dans Les livres invisibles, sorte de parabole sur l’évanescence de l’écrit et de la parole face à un régime militaire. Les livres invisibles sont des ouvrages écrits par Le Faiseur. L’Ouvreur qui passe son temps dans un café en compagnie du Diseur, cruciverbiste acharné, même s’il sèche sur des mots simples de trois lettres avec un U au milieu, l’Ouvreur invite son ami chez le Faiseur. Et le Diseur découvre avec étonnement que le Faiseur écrit ses ouvrages avec une encre qui a la particularité de s’effacer presqu’aussitôt que les mots sont rédigés. Certains subsistent partiellement le temps de les décrypter puis hop, comme par magie ils s’en vont, aspirés dans le néant. Des ouvrages qui pourraient peut-être se révéler subversifs, mais ne seront jamais condamnés au pion ou à l’autodafé puisque les textes sont invisibles. Des nouvelles qui ne sont pas si anodines que cela et font réfléchir sur la société. |
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