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MICHEL VIGNERON |
Boulogne KAux éditions RAVET-ANCEAU - POLARS EN NORD |
2079Lectures depuisLe mardi 29 Septembre 2009
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Une lecture de |
À Boulogne-sur-Mer. Intervenant sur un incendie dans une cave d’immeuble, les pompiers ont découvert un corps calciné. Le policier Xavier Pasquier est appelé sur les lieux. Avec le légiste, il constate vite qu’il s’agit d’un meurtre. Après avoir interrogé le vieux témoin qui a donné l’alerte, on identifie bientôt le cadavre. Ce Jimmy Grangé était un brutal dealer, fiché. Sa mort n’est peut-être pas une grosse perte, mais mérite une enquête. On soupçonne La Hyène, mi-prostituée, mi-dealeuse. Elle résiste avec violence quand Xavier et son collègue Stéphane viennent l’interpeller. Certes, Jimmy causait du tort à La Hyène, mais celle-ci possède un solide alibi : au moment des faits, elle couchait avec un flic. Peu après avoir été libérée, on retrouve La Hyène assassinée chez elle, véritablement massacrée. Sanglante scène d’horreur, qui impressionne les policiers. Membre de la confrérie Harley-Davidson, Bruce est un biker qui vient s’installer à Boulogne, quartier du Chemin-Vert. Il achète un immeuble où, avec ses amis Max et Vicious, il crée un club destiné aux adeptes des Harley. Ces bikers racistes n’aiment que la moto, l’alcool, la fumette, et les femmes. En réalité, Bruce et ses complices sont en train d’implanter dans le secteur leur bizness, prostitution et trafic de drogue. Pour éliminer la concurrence, Max n’hésite pas à tuer deux jeunes en les écrasant avec une voiture volée. Ce qui, à cause de la maladresse d’un policier, entraîne une rébellion de la population. Quant aux putes blacks, le gang les torturent, avant de les remplacer par de blondes prostituées. Les affaires des bikers s’organisent au mieux de leurs intérêts. Dans un premier temps, le substitut du procureur croyait à un conflit entre bandes rivales locales, version reprise par les médias. Après la mort des jeunes, Xavier sent que le problème est plus grave. L’arrestation du jeune dealer Kevin, un minus, attire vaguement son attention sur le club des bikers. Puis un fidèle indic de Xavier est, à son tour, victime du gang. À cause de la puissante drogue qu’on lui a vendu, un certain Gabriel meurt d’overdose. Pour faire avancer son enquête, il lui faut raisonner autrement : “Boulogne, on ne peut pas dire que ce soit une ville hautement criminogène (…) Il n’y a qu’ici que les délinquants que tu coffres te dises bonjour lorsqu’ils te croisent dans la rue. Tout ceci pour te dire que nous, les flics, nous ne sommes pas sur le qui-vive en permanence et que nous n’accordons pas ou peu d’importance à certains détails pourtant significatifs.” Dans l’affrontement contre les bikers qui s’annonce, Xavier ne devrait pas trop compter sur ses amis… C’est un peu une immersion dans la vraie vie des flics, que nous présente Michel Vigneron, lui-même policier. Côté privé, la profession influe sur les problèmes familiaux. Tensions de couple chez Xavier, ou risque de virer au drame, comme dans le cas de son collègue Gérard. Côté métier, chacun le choisit pour des motifs différents, et vit son stress professionnel à sa façon. On peut être fier de sa mission, et reconnaître les fautes de certains policiers, peu compétents ou devenus ripoux. Ici, on comprend aussi que les enquêteurs habitués à de la banale délinquance sont confrontés à de dures actions criminelles. Avec un froid réalisme noir, l’auteur n’est pas avare de scènes-choc. N’y voyons sans doute pas de cynisme. C’est plutôt le reflet de la manière dont les flics perçoivent des situations critiques (dès le réveil, tomber sur un cadavre carbonisé, écœurement assuré). Pas d’angélisme par rapport à un quotidien souvent sordide, pas trop de propagande non plus. Le scénario est mis en valeur par un récit vif et maîtrisé. Après “Maryline de Boulogne”, un deuxième roman percutant de Michel Vigneron. |
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