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PATRICK S. VAST |
RequiescantAux éditions FLEUR SAUVAGEVisitez leur site |
235Lectures depuisLe samedi 21 Mars 2015
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Une lecture de |
Parution 10 février 2015. 240 pages. 16,80€. Avis aux futurs habitants d'un lotissement en construction... Les joies d'un lotissement tranquille dans une petite ville du Nord de la France. Seulement à Villeneuve-sur Deûle, commune située à une dizaine de kilomètres de Lille, la chaleur sévit, tout comme sur le reste du pays d'ailleurs. Une canicule que n'avait pas connu Gilles Lévêque depuis 1976. A force de se retourner dans son lit sans pouvoir trouver le sommeil, il décide de se lever, de s'enfiler une bonne bière bien fraîche, même s'il n'est que quatre heure du matin, et de se promener en compagnie de son chien. Malgré l'interdiction de laisser un représentant de la race canine vagabonder, Gilles Lévêque n'en a cure. Il fait nuit, il est tous seul, pas de voisins à l'horizon, alors un peu de liberté, cela ne se refuse pas. Sauf que les vigiles qui patrouillent ne l'entendent pas de cette oreille et voient d'un mauvais œil l'aimable animal se balader sans laisse. Premier avertissement. Seulement lorsque les deux hommes, un jeune et un vieux, c'est bon pour les statistiques, reviennent sur le train communal, c'est pour apercevoir l'homme couché à terre, apparemment sans vie. Plus surprenant des flammèches, comme des bougies d'anniversaire, jouent la sarabande sur le corps. Les policiers sont aussitôt prévenus et le capitaine Franck Lemon, un gars plutôt acide, effectue les premières constatations et prend quelques renseignements auprès de voisins réveillés ou alertés par le boucan et les gyrophares. Arrive ensuite le maire, Martial Delorme, l'air très martial, qui ne badine pas avec la sécurité. S'il n'est pas à l'origine de ce lotissement, c'est lui qui en a entrepris la reconstruction après la tornade de 1999. Et il a édicté un cahier des charges très précis concernant la sécurité. Il est en conflit avec son voisin le maire de Rontignies, lequel, malgré ses objurgations laisse les immeubles de la Cité en bordure du terrain communal se délabrer. C'est le repaire des marginaux et des étrangers, deux engeances que Martial Delorme voue aux gémonies. D'ailleurs son souhait est de réunifier les deux communes qui seraient alors sous sa coupe. La cité est donc le point de mire de tous, et il est envisagé une sorte d'action punitive.
Parmi les habitants du lotissement la famille Lefort, qui ne déroge pas à la règle sécuritaire. Pour Joël Lefort nul doute que la racaille d'en face constitue le problème majeur, et que des moyens radicaux doivent être mis en place. Il est directeur des stocks dans la grande surface de Villeneuve sur Deûle, et sa femme Lydie responsable des caisses. Et comme le supermarché appartient au frère du maire, on peut penser qu'il est conditionné. La famille Lefort a juste un petit problème qui se nomme Martha, sept ans. Elle affirme recevoir la nuit la visite d'un petit garçon nommé Brian. D'ailleurs ils l'entendent parler dans sa chambre, mais n'ont jamais aperçu de gamin, Brian ou autre. Ils commencent à se demander si Martha ne serait pas atteinte d'une maladie mais ils ne disent rien, ils interdisent même à Martha d'en parler à l'école, leur réputation et leur place de cadres sont en jeu. La tension monte, des vigiles sont appelés en renfort, ils sont armés d'armes de guerre, et le secret enterré dans ce lotissement va éclater comme une bulle nauséabonde.
C'est dans une ambiance délétère et légèrement fantastique que ce déroule cette histoire axée sur la sécurité à outrance et la gestion d'un lotissement conçu par un maire qui s'érige en petit dictateur de province. Et tout le monde est à sa botte, ou devrait l'être, car parfois cela renâcle. Mais un lourd secret plane sur ce lotissement reconstruit sur des ruines. Gilles Lévêque, le mort aux chandelles est dans la confidence, mais trois ou quatre autres le sont aussi, et les feux follets pourraient très bien orner leurs corps. L'enquête de Franck Lemon ne sera pas sans surprise d'autant qu'il ne s'agit pas de petites gens qui sont en cause mais des édiles. Alors que l'on voudrait faire porter le chapeau à des marginaux qui vivent non loin dans une cité promise à l'éradication. Alors cette fiction, qui d'ailleurs n'est pas revendiquée en tant que telle, n'est que le reflet de ce qui se passe avec plus ou moins de force dans certaines villes et ce qui pourrait devenir un lieu commun si l'on n'y remédie pas. Les mauvaises habitudes, les mauvaises pensées, les mauvaises action, le sectarisme, le trafic d'influence et l'abus d'autorité deviennent monnaie courante, insidieusement. Le trait est forcé, les situations décrites sont peut-être exagérées, mais c'est justement le propos de Patrick S. Vast de mettre en garde. Ce n'est que lorsque des scènes identiques éclatent au grand jour que l'on se rend compte que tout était latent. Le principe de précaution se doit d'être appliquer et pas uniquement dans des cas d'épidémie, mais cela pourrait en être une psychiquement, afin de ne pas tomber des nues lorsque l'on se trouve en face de ce genre de problème. Et ce n'est pas forcément des habitants des cités que vient le mal.
L'hommage à Robert Bloch n'est pas anodin, car il existe une petite analogie entre ce roman et Un serpent au Paradis dû à l'auteur de Psychose. Si le thème n'est pas à proprement parler le même, des vétérans dans un lotissement aménagé pour des retraités aisés, c'est bien la dérive sécuritaire qui en est le fondement. Et si selon l'ombre menaçante de Stephen King n'est jamais bien loin, comme le précise la quatrième de couverture, ce roman possède un avantage sur ceux de l'Américain, dès le premier chapitre le lecteur entre dans le vif du sujet et n'en sort plus jusqu'au mot fin. |
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