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VALERIE VALEIX |
La Fumée Du DiableAux éditions DU PALEMONVisitez leur site |
371Lectures depuisLe lundi 25 Decembre 2017
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Une lecture de |
Les enquêtes de l’apicultrice N°2. Parution le 20 octobre 2017. 432 pages. 10,00€. Quand les abeilles ont le bourdon ! Parfois deux bons amis permettent de dénouer une situation dans laquelle vous vous engluez comme des doigts dans un pot de miel. Ainsi Audrey, l’apicultrice dont on a fait la connaissance dans Echec à la Reine, pour quelques jours à Colmar dans le cadre d’un salon au parc des expositions, est avisée par l’un de ses deux amis du Quercy où elle vit et qui l’ont accompagnée dans ce déplacement important, qu’un taxi lui est réservé. Le véhicule va la conduire à Strasbourg où réside le lieutenant Antoine Steinberger. Elle le retrouve dans son environnement familial avec un père débonnaire et une mère renfrognée. L’ombre de Walter, son frère jumeau disparu en Afghanistan, plane et prend plus de place que s’il était revenu. Antoine, qui lui aussi était en Afghanistan, porte cette absence comme une blessure qui ne veut pas cicatriser. D’où son caractère rigide. Il emmène la jeune femme au restaurant, puis dans le village où il a vécu son enfance et d’où sont originaire ses ancêtres, et enfin à l’hôtel de luxe où il lui a réservé une chambre. Un lit qu’il s’empresse de partager avec Audrey. Mais Audrey est contactée par une apicultrice de l’Eure qui vient de perdre une partie de ses essaims. Elle accuse son bailleur, son voisin, et son ex-mari d‘avoir sciemment procédés à des épandages phytosanitaires dans la pommeraie dans laquelle ses ruches sont placées. Mais elle désire les conseils d’Audrey, sachant que celle-ci peut procéder à des vérifications sur les cadavres des hyménoptères décédés. Audrey informe Antoine de son voyage lequel lui prête son véhicule, un tracteur urbain. Il connait bien la région car il y était en poste avant de partir pour l’Afghanistan. Et s’il a gardé de bonnes relations avec un commandant de gendarmerie, son rapport avec un adjudant, Savert, était plutôt du genre, je t’aime, moi non plus. Ils sont d’ailleurs toujours à couteaux tirés. Audrey rend donc visite à Laure, l’apicultrice, qui lui fournit des informations sur sa situation et des prélèvements sont effectués. Quentin, le fils de Laure et de Patrick Janvier, son ex, est un adolescent autiste, placé dans un centre mais il peut rentrer à la maison le week-end. Il a une bonne amie, Sophie, la sœur de Savert, qui est dans le même cas. Ce qui ne les empêche pas de vouloir se marier. Laure lui présente ou lui parle de certaines personnes dont Pâris, qui gère la pommeraie et des responsables d’Eco-Normandie, une association destinée à préserver l’agriculture biologique, notamment. Audrey prévient qu’elle ne pourra rester longtemps et que les résultats des analyses ne seront connus que dans deux ou trois semaines. Mais Laure est assassinée, enfumée comme un essaim dans sa miellerie. Le genre de pratiques que n’apprécie pas du tout Audrey, et Antoine décide de la retrouver, de même que l’ancien adjudant de gendarmerie Lebel qui se prélasse, une retraite bien méritée. Seulement, les événements se précipitent malgré la présence, ou à cause, d’Antoine. Quentin a disparu et Savert immédiatement le soupçonne, l’accuse même de meurtre. Il n’apprécie pas du tout que sa sœur le fréquente. Mais il existe peut-être chose qui le chiffonne, lui qui est toujours fourré avec l’ex de Laure. Audrey est chez la défunte afin de recueillir quelques éléments d’enquête, dont un enfumoir lorsque des hommes s’introduisent dans la miellerie. Ils s’emparent d’un appareil, mais Audrey en a découvert un autre, celui qui a servi au meurtre. Seulement la chambre d’Audrey est visitée, l’enfumoir a disparu, et le véhicule d’Audrey, enfin celui qu’Antoine lui a prêté, est piégé. Plus de véhicule, plus d’enfumoir, mais de gros soupçons. Seulement l’histoire ne fait que débuter car outre les problèmes liés aux pesticides qui auraient été diffusés dans la pommeraie à l’instar de Pâris ou de l’ex de Laure, la jalousie et la rancœur animent Savert à l’encontre d’Antoine, et une histoire de trésor, remontant aux frères Mandrin et à la famille Pâris qui étaient à l’époque les propriétaires d’un immense domaine et dont la pommerais faisait partie, se greffent sur cette intrigue qui attire non seulement les guêpes mais aussi les frelons, asiatiques ou non.
Cette nouvelle enquête de l’Apicultrice permet au lecteur de mieux appréhender les difficultés générées par les produits phytosanitaires. La mortalité des abeilles par l’épandage de pesticides n’est pas un vain mot, ou maux. Or ce sont les mêmes laboratoires qui produisent ces produits nocifs et des médicaments. Valérie Valeix, apicultrice et apithérapeute connait son sujet sur le bout des doigts et en parle avec ferveur, mais sans emphase. Avec passion et la volonté de mettre devant les faits accomplis les lecteurs qui ne différencient pas les miels d’importation, genre miel chinois, qui n’est qu’une contrefaçon, des miels d’apiculteurs Français. La remarque est la même d’ailleurs pour les pommes, qui contiennent jusqu’à trente-cinq produits chimiques, pesticides et autres, et qui sont calibrées, cirées, un peu comme la pomme présentée à Banche Neige par sa marâtre. On pourrait gloser durant des pages et des pages sur ces pratiques néfastes et frauduleuses, mais il faudrait juste un peu de bon sens et de pédagogie envers les acheteurs et consommateurs, pour que les bons produits soient privilégiés dans les cabas. Et c’est bien de pédagogie que tente de faire Valérie Valeix dans ses romans mais pas que. D’autres thèmes sont abordés dont le regard porté sur les Alsaciens, durant la Seconde Guerre Mondiale, sur ceux qui furent les Malgré nous, une méfiance qui perdure dans des campagnes par des êtres au caractère obtus. S’intègrent également une histoire de trésor, avec parchemins à décrypter, et la présence d’une secte qui recrute jusque dans les plus hautes sphères. Quant aux rapports entre Audrey et Antoine, ils sont souvent houleux à cause du caractère rigide du gendarme. Ce roman aurait mérité d’être dégraissé, afin de lui donner un peu plus de force et de vivacité. Certaines scènes, ou dialogues ne sont pas indispensables à la compréhension de l’intrigue ou de la psychologie des personnages. Au contraire, parfois cela les dessert. Ainsi lorsque Steinberger déclare à Audrey : les selfies de ce matin dans le bain, tu pourras les garder comme souvenir de nous deux. Or je ne vois guère Steiberger, homme rigoriste et ombrageux, s’adonner à cette forme de libertinage. De même, si le lecteur ne connait pas les âges de Sophie, présentée comme une jeune fille, et de Guy Savert, il sera étonné d’apprendre que leur mère est octogénaire. Et l’importance de la relecture est prouvée ici : Mercredi 31 janvier, alors que le monde se préparait joyeusement à accueillir la nouvelle année… Ce ne sont que quelques bévues qui ne doivent pas empêcher le lecteur d’apprécier ce nouvel opus des aventures de l’Apicultrice, et j’attends personnellement avec impatience le prochain, car outre que le personnage d’Audrey est éminemment sympathique, ses relations mouvementées avec le lieutenant Antoine Steinberger ne manquent pas de piquant…
Petite citation à méditer : La chasse est à la nature ce que le viol est à l’amour.
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