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YANN VENNER |
Black TrelouzicAux éditions HORIZONA & CO |
2041Lectures depuisLe mercredi 20 Septembre 2006
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Une lecture de |
Cette “trilogie bretonne” rassemble trois romans courts, ayant pour décor le paisible village côtier de Trélouzic. Les héros en sont Fanch Bugalez, marin-pêcheur anar épris de justice, et son vieil ami Eugène, philosophe à sa manière. En 1990, 1996 et 2000, ils sont confrontés à des affaires criminelles. « Marcel » Patronne d’un bistrot local, Georgette est la première victime d’une série de meurtres. Les enquêteurs soupçonnent Fanch, qui était son amant. Lors du deuxième crime, l’assassin laisse un indice accablant : un seau de pommes de terres. Le marginal Ernest fait un coupable idéal. Fanch et Eugène suspectent plutôt Marcel, le livreur de journaux. Cet homme aux idéaux malsains n’est pas facile à piéger. Il tue encore plusieurs jeunes, dont Lulu, un témoin pourtant inoffensif. « Une étoile est morte » Le cadavre d’Halima, une jeune Algérienne, est découvert par Fanch dans le port de Trélouzic. Ami de la victime, Aziz contacte Fanch avant de disparaître. Peu après, des attentats sont revendiqués par l’Armée Révolutionnaire Celte. Dirigée par un vieux marquis facho, cette organisation regroupe des nostalgiques de l’Algérie française. Ils exigent une rançon, contre des otages qu’ils n’ont pas l’intention de libérer. Quant à la vie d’Halima, coupée de ses racines, elle mérite d’être racontée. « Le baiser de la mer » Le jour de la rentrée, le directeur de l’école disparaît soudainement. On pense à une noyade accidentelle lors d’une sortie en mer. C’est la version gendarmesque adoptée par le sous-préfet véreux. Il faudrait plutôt s’intéresser à un ancien élève de l’enseignant. Pour Jean-Claude, qui se croit un aventurier, c’est la vengeance du cancre, la revanche de l’humilié. Fanch et Eugène le suspectent fortement… L’aspect purement polar est une facette de ce roman triple. Ici, les coupables sont identifiés. Ceux-ci expriment leur haine de la différence, de la tolérance, de la démocratie, de l’Autre. C’est « la dure loi des hommes confrontés à leurs vieux démons, la violence et la vengeance » dit l’auteur (Ouest-France, novembre 2005). Il évite d’être trop démonstratif : « J’aime l’idée de s’indigner avec humour, de dénoncer avec une distance empreinte d’ironie, d’humour acerbe » (Le Télégramme, novembre 2005). Si certaines digressions relèvent du rêve, le propos est surtout humaniste. Le militantisme citoyen de Yann Venner est modéré, pas neutre. Ses héros et lui refusent tout sectarisme, sans résignation, en gardant le sourire. Un livre à découvrir. [Diffusion : de Borée] |
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