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RAF VALLET |
Sa Majesté Le FlicAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
965Lectures depuisLe mercredi 18 Aout 2016
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Une lecture de |
Sur la Côte d’Azur, du côté de Cannes et Nice. Fils d’un défunt cambrioleur, Bruno Lortail est plus un escroc qu’un braqueur. Complice du hold-up de la grande Poste de Marseille, arrêté par le commissaire Guillaume Jévard, il écopa seulement de six mois de prison. Âgé de trente-cinq ans, il vient d’en sortir et va récupérer le butin planqué dans une usine désaffectée. Mais le bâtiment a été détruit entre-temps. Jévard est là, aussi, car il entend bien protéger Bruno, dont il a besoin. Quand deux truands à la solde du nommé Nesmaz sont peu après chargés de buter Bruno, le policier les fait abattre. Jévard et Bruno se rendent ensemble chez Félicia Santeuil, vingt-huit ans. Partageuse, elle est la maîtresse du flic, depuis que son amant Bruno a été mis en prison. Ça ne dérange pas Jévard de la partager. Le policier ne leur cache pas que sa cible, c’est Nesmaz. Aujourd’hui, ce caïd se donne des allures d’homme d’affaire respectable. Mais il débuta à Oran, où il tenait un hôtel de passe et fit partie de l’OAS. Après l’indépendance de l’Algérie, il développa un réseau de bordels en France et en Allemagne. La législation française étant de plus en plus stricte avec les maisons closes, Nesmaz abandonne cette activité au profit de placements fructueux, ou qui permettent de blanchir l’argent sale. Selon Jévard, c’est Nesmaz qui a le butin qu’avait planqué Bruno. Avec ça, il a financé la récente campagne du politicien Caceldi, qui n’a pas été élu. Le but final du policier, c’est que Bruno s’empare du contenu du coffre-fort de Nesmaz. Car il y cache des documents précieux, des dossiers sur certaines personnes. Nesmaz et son épouse quadragénaire Odette habitent dans une propriété sécurisée, un vrai "château"… avec son petit musée privée. C’est là que va se jouer le premier acte, ce qui est destiné à mettre la pression sur Nesmaz. Bruno parvient à voler les quatre toiles de maîtres, dont un Rembrandt et un Soutine. En guise de rançon, Jévard – masquant sa voix – réclame une très forte somme à Nesmaz. Bien que le dispositif de police soit prêt, Nesmaz ne peut empêcher que Jévard touche la rançon. Jusqu’à là hors du coup, car il est censé avoir passé quelques jours en mer sur son voilier, Jévard est appelé à la rescousse sur cette enquête. Bruno et Félicia se sont ménagés un alibi, un week-end en amoureux. Pourtant, Jévard le mettra bientôt en garde-à-vue, afin que Bruno soit un temps à l’abri. L’expert de l’assurance est formel : les tableaux de Nesmaz sont des faux. Nesmaz pense que le galeriste Califf, qui les lui a vendus, l’a sciemment arnaqué. Celui qui authentifia les toiles étant décédé, difficile de prouver la culpabilité de Califf. Néanmoins, ce n’est pas un hasard s’il vient de s’expatrier en Suisse. Le policier Jévard s’y rend pour rencontrer Califf, et pour mettre en banque la rançon. C’est maintenant que commence vraiment le plan de Jévard, une machination impliquant Califf (ou son sosie) afin que Nesmaz soit contraint d’ouvrir son coffre-fort, en présence du politicien Caceldi. S’il réussit, Jévard acceptera les félicitations ministérielles. Avec un joli pactole en réserve pour ses vieux jours… En tant qu’auteur de polars, Jean Laborde (1918-2007) connut une sympathique notoriété dans les années 1960, sous le pseudo de Jean Delion, puis adopta le nom de Raf Vallet en signant ses huit romans des deux décennies suivantes. C’est en grande partie grâce aux adaptations au cinéma de plusieurs de ses titres qu’on retient l’œuvre de Raf Vallet. “Adieu poulet” (1975, avec Lino Ventura, Patrick Dewaere, Victor Lanoux) et “Mort d'un pourri” (1977, avec Alain Delon, Stéphane Audran) furent d’immense succès. -“Sa Majesté le Flic” fut transposé à la télévision en 1984, avec Bernard Fresson, Philippe Nicaud, Michel Beaune, Gérard Darier). On peut emprunter à Claude Mesplède une bonne définition des romans noirs de Raf Vallet : “L’ironie, présente dans chacun de ces récits, a un goût amer car les "héros" de Laborde sont souvent aussi amoraux que ceux qu’ils prétendent combattre.” (Dictionnaire des Littératures Policières, Éd.Joseph K). Dans “Sa Majesté le Flic”, le commissaire Jévart (anagramme du policier Javert, dans “Les misérables”) affiche un délicieux cynisme. Plutôt désabusé par un métier où on trouve plus facile d’arrêter les petits malfaiteurs de banlieue que de s’attaquer aux gros requins, il va essayer d’être le plus malin. Il vise un homme d’affaire douteux, un politicien véreux, et même le poste de son supérieur Salat. Certes, on ne doute guère qu’il arrive à ses fins, mais tout est dans la manière. Il ne reste plus au lecteur qu’à suivre l’intrigue, telle que l’auteur l’a organisée. Ce qui nous réserve d’excellents moments ! Un très bon polar noir. |
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