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MAXIME VIVAS |
Rouges, Les Collines De CaracasAux éditions ARCANE 17Visitez leur site |
547Lectures depuisLe mardi 13 Octobre 2015
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Une lecture de |
Parution le 1er octobre 2015. 278 pages. 22,00€. Chavez le dire à tout le monde... Journaliste indépendante et grand reporter, Elisabteh W. Parrot signe ses articles sous le nom de Gaya pour différents médias. Un peu plus de trente ans et un gamin, Pablo, qu'elle a eu avec Paul Delpeuch, un agriculteur, dont elle vit séparée mais en bonne intelligence toutefois, Gaya ne se contente pas de rédiger ses articles. Elle cuisine, elle bricole, pratique l'Aïkido et d'autres sports moins violents, bois et fume avec modération. Elle voyage beaucoup aussi pour son travail et au mois d'avril 2007 elle est contactée par Las Noticias, journal vénézuélien au fort tirage et considéré comme respectant une neutralité politique. Elle est invitée au Venezuela afin d'écrire pour l'édification des Européens des articles sur la vision européenne sur la grande bataille médiatique qui déchire le pays depuis plusieurs mois et qui doit atteindre son apogée le 27 mai 2007 avec le non renouvellement d'une concession qui avait été accordée vingt ans auparavant à l'importante chaîne de télévision RCTV pour offrir la bande hertzienne à une chaîne publique éducative et populaire. Elle doit donc se rendre sur place, et autant en profiter, pense Paul, pour enquêter sur la disparition présumée de Jean-Pascal Laborde, agriculteur comme lui, et qui avait entendu dire qu'au Venezuela il pourrait s'offrir pour pas cher des centaines d'hectares de terre aisées à travailler. Il avait demandé à sa sœur de vendre sa ferme et de lui envoyer l'argent là-bas au Venezuela. Ce qui fut fait en bonne et due forme mais depuis des années, personne n'a eu de ses nouvelles. Gaya se renseigne sur l'état du pays qu'elle doit visiter et ce qu'elle lit n'est guère encourageant. Les conseils destinés aux futurs touristes n'incitent guère à visiter le pays, au contraire. Néanmoins elle reçoit son billet d'avion très rapidement et après avoir sacrifié à quelques formalités, elle peut s'envoler tranquille ou presque. Dans l'avion une passagère dit la reconnaître et apprécier son travail journalistique. Elle se présente : Alicia Hernandez, attachée aux affaires culturelles de l'ambassade du Venezuela à Paris. Une approche qui alarme quelque peu Gaya, étonnée d'être si connue, même si parfois sa photo figure en tête d'articles. Elle profite d'un moment durant lequel Alicia part se soulager, pour essayer de regarder un dossier placé dans la pochette de l'attachée culturelle mais elle n'en a pas le temps. Pourtant ce dossier paraissait être important et éventuellement la concerner. A l'aéroport elle doit être réceptionnée par quelqu'un mais personne n'est présent. Si, un chauffeur est bien là brandissant une pancarte, mais au nom de ViVaTV. Elle se renseigne et lui donne son nom. Gaya. C'est bien elle qu'il doit conduire en taxi, mais la pancarte était à l'envers intentionnellement, tout le monde pouvant affirmer qu'il ou elle se nomme Gaya. Un début de paranoïa ou une confirmation. Elle est dotée d'un accompagnateur, Ricardo, et elle apprend incidemment que celui-ci est Cubain. Ce n'est pas par hasard qu'il est là, Cuba étant proche du pouvoir bolivarien. Elle lui demande s'il peut se renseigner sur son compatriote venu exploiter des terres sud-américaines, Jean-Pascal Laborde. Il promet de faire tout son possible. Gaya va faire la connaissance au cours d'un repas de deux vénézuélien, Mariela Daragon, journaliste à Las Noticias, et Marino Douglas, réalisateur à VivaTV. Gaya collabore avec Mariela dans les bureaux de Las Noticias, situés dans un immeuble qui héberge de nombreux médias. Mais Marino disparait et Gaya lancée à sa recherche, aidée par un gamin qui la conduit dans une impasse, va se retrouver enfermée dans une sorte de cave. De sa fenêtre munie de barreaux, elle aperçoit un cadavre sur une décharge. Sa pratique de l'Aïkido va lui servir pour s'évader. Ce sont les débuts des nombreuses péripéties.
Ce roman, un romanquête comme il est défini en quatrième de couverture, est tout autant un document sur le Venezuela des années Hugo Chavez, celles voyant sa réélection et l'échec de la réforme constitutionnelle. Le peuple vénézuélien est partagé, les pauvres espérant en Chavez un sauveur, les riches le considérant presque comme un usurpateur et un futur dictateur. Le pays, s'il possède des richesses intérieures comme le pétrole, n'arrive pas à s'affirmer comme une grande puissance, de nombreuses pressions extérieures l'étranglant. L'administration Bush par exemple. La proximité de Chavez avec le régime cubain ne plaide pas en sa faveur. Règne donc une ambiance délétère, et les médias se déchainent souvent en défaveur de Chavez. Gaya va s'en rendre compte sur place et se demande si son invitation a été programmée afin de donner du crédit aux réformes médiatiques envisagées. Et le lecteur peut s'interroger de l'utilité de savoir lire entre les lignes les articles journalistique, et surtout de ne pas cataloguer un journal dont certains écrits ne sont pas dans la ligne politique gouvernementale comme obligatoirement un journal d'opposition. Elle va apprendre également que se montrer jambes nues, en short, est considéré comme une atteinte à la pudeur, alors qu'exhiber ses appas mammaires n'est pas provocant. Rouges, les collines de Caracas est tout autant un roman hybride mêlant aventures, action, espionnage qu'un documentaire sur un pays à un moment donné. Tout ce qui est susceptible d'entrer dans un tel roman est utilisé, que ce soit manipulations, disparitions, assassinats, complots et autres formes de trahison avec bien entendu l'ombre néfaste de la CIA, qu'un document tentant d'expliquer la mutation géopolitique et journalistique d'un pays. Le départ est poussif, puis l'action venant l'intérêt grandit, mais comme un soufflé cela retombe rapidement avant de reprendre du volume. Une histoire qui alterne avec le chaud et le froid et dont je ressors avec un sentiment dubitatif.
Curiosité : La photo de couverture fait penser à une représentation du Mont-Saint-Michel. |