|
|
MARIE VAN MOERE |
Petite LouveAux éditions POCKETVisitez leur site |
700Lectures depuisLe vendredi 3 Juillet 2015
|
Une lecture de |
Venus d'Alsace depuis longtemps, Lazare et Sylvia Vorstein ont implanté leur famille de Gitans à Marseille. Ils ont quatre enfants adultes. Ari, l'aîné, possessif avec les femmes, seconde son père pour leurs trafics. Puis viennent Ivo et Toni, avant la dernière, Dolora. Tous s'impliquent dans les affaires du clan Vorstein, y compris quand il faut supprimer des gêneurs. Toni a déjà séjourné en prison. Il ne fera désormais plus de mal à quiconque : la mère de la fillette qu'il avait violée vient de le tuer, avant de l'enterrer. Elle doit bander ses mains blessées suite à ce funeste règlement de comptes, mais justice est faite. Le plus urgent, c'est que sa fille de douze ans et elle-même s'éloignent de la région marseillaise. En ce mois de juillet, parmi la foule des vacanciers, la Corse est une destination propice. Anorexique depuis le viol, la fillette s'est isolée en se passionnant pour les livres. Sa mère est médecin urgentiste. Son père les a quittées depuis quelques temps, leur préférant sa maîtresse Lila. L'ambiance était lourde entre eux, la mère étant obsédée par Toni Vorstein. Le père reste en contact avec sa fille par SMS… Pour la mère et la fillette, embarquement à Nice, direction Bastia. Puis elles roulent en 4x4 vers le Cap Corse, où un hôtel d'Ersa les attend. Sur le ferry, elles avaient remarqué deux hommes plutôt typés en BMW. Le même duo apparaît à l'hôtel où elles se croyaient tranquilles. Elles doivent fuir au plus vite. Ari et Ivo maltraitent le réceptionniste afin de savoir vers où ont filé la femme et sa gamine. Ils n'hésitent pas à éliminer l'employé, ni à incendier l'hôtel avant leur départ. Mère et fille roulent jusqu'à Corte. La mère a besoin d'une pause, d'un peu de confort et d'un véritable repas. Plutôt mutique, sa gamine n'exprime guère ses sentiments, suivant le mouvement sans trop broncher… Ari et son frère sont allés du côté de Bastia, espérant prendre contact avec un ami dans un bar, le SiouXie. C'est un club où, pour peu qu'on paie bien, les prostituées sont à disposition. Pour Ivo, pas de problème, mais Ari s'avère très violent avec une des putes, la blessant gravement. Au Siouxie, on s'en souviendra. Ça ne les empêchent pas de poursuivre leur périple à travers la Corse. La mère a été victime d'un sérieux incident, à cause d'un piège à renard, sur les terres de la bergerie d'Orsanto Biancarelli. Ex-repris de justice, celui-ci vit à l'abri des regards avec sa chienne Chica. Il la soigne sommairement, avant qu'un discret ami médecin s'occupe de la jeune femme. Convalescente à l'hôtel, elle garde un flingue à portée de main. Quand sa fille remarque la voiture d'Ari et Ivo, un nouveau départ rapide s'impose, malgré son handicap. Le meilleur endroit où trouver refuge, c'est évidemment chez Orsanto. Si, à son tour, Dolora Vorstein se lance dans la traque, ça promet des étincelles… Il y a certainement deux lectures possibles de ce roman. La plus claire, c'est la course-poursuite entre le duo de fugitives et les deux hommes à leurs trousses. Mère et fille se précipitent-elles dans un piège, sachant qu'une île est sans issue ? Malgré les embûches, elles conservent la tête froide. Les Gitans sont plus sanguins, venant venger leur jeune frère violeur, supprimé par la mère. Dont il connaissent l'identité, car elle les menaça avant son passage à l'acte. Au fur et à mesure, on apprendra des détails sur chaque camp en présence. Œil pour œil, dent pour dent, le talion est la règle de part et d'autre. Les frères Vorstein sont assez bien renseignés, on verra pourquoi. C'est un destin chanceux qui permet à la mère et à sa fille de croiser Orsanto Biancarelli. Une autre lecture, plus obscure, peut suggérer le drame (incontestable) du viol, avec ses conséquences familiales. La relation mère-fille est incertaine, un séjour en forme de fuite n'aidant pas à gommer les séquelles de l'agression sexuelle. Le bienveillant Orsanto peut, selon cette approche, représenter une embellie, voire l'espoir d'un nouveau départ. Faut-il vraiment privilégier la psychologie dans cette histoire ? Sans doute pas, même si c'est inclus dans le scénario. Car ce sont les tribulations des unes et des autres que l'on suit réellement avec passion. Le suspense prime, l'action est présente, voilà ce qu'on demande à un bon polar comme celui-ci. |