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JACK VANCE |
Lily StreetAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
1330Lectures depuisLe lundi 5 Janvier 2015
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Une lecture de |
À Oakland, sur la baie de San Francisco. Dirigés par Neil Hubbard, les services sociaux de la ville sont alertés d'une escroquerie touchant certains bénéficiaires de leurs prestations. Un mystérieux Mr Big ferait du racket sur pas mal de fraudeurs parmi les assistés. Somme modeste de dix dollars réclamée périodiquement à chacun mais qui, en se multipliant, se révélerait conséquente. Neil Hubbard charge Paul Gunther, un de ses travailleurs sociaux, de se renseigner. Engagé depuis trois ans, ce dilettante âgé de vingt-cinq ans n'est pas tellement apprécié de son directeur. Gunther a choisi ce job mal payé car ça lui laisse une belle part de liberté. Mais Hubbard le suppose assez malin pour glaner quelque chose. Pendant trois ou quatre jours, on n'a plus de nouvelles de Paul Gunther. On s'aperçoit que son adresse officielle n'existe pas. Jeff Pettigrew, agent immobilier plus ou moins ami de Gunther, signale qu'il était intéressé par une maison décrépie située sur Lily Street. C'est là qu'on découvre le cadavre assassiné de Gunther. Le lieutenant George Shaw, de la police d'Oakland, entame une enquête de terrain. Il rencontre la mère du défunt, chez laquelle il vivait voilà peu de temps encore. Lillian Gunther l'appelait Garnett, premier prénom de son fils. Elle déplorait qu'il n'ait pas un métier plus rentable, et qu'il n'envisage pas de se marier. Un courrier attestant qu'elle faisait partie des amies de Gunther, Shaw interroge ensuite Barbara Tavistock. Étudiante de famille aisée, peu attachée à ses petits amis, elle reconnaît que le côté atypique de Paul Gunther l'attirait quelque peu. Le policier poursuit ses investigations à West Oakland : “un quartier riche en contrastes et paradoxes dans le domaine social, moral et psychologique. Shaw ne l'abordait jamais sans ressentir un avant-goût d'aventure.” Il questionne les personnes visitées par Gunther le vendredi, jour de sa disparition. Ces gens ne sont guère enclins à parler de Mr Big. Le mari de Mrs Bethea, un tricheur pourtant coriace, refusa de payer et tenta de l'identifier. Avec son fils, ils surveillèrent la boite postale du maître-chanteur où transitaient les paiements. Bethea s'est retrouvé à l'hosto après un étrange accident. Ted, étudiant Noir et pompiste, témoigne du goût de Paul Gunther pour la poésie. Le policier Shaw a collecté beaucoup d'infos quand il fait son rapport à l'inspecteur Morrissey. Toujours inquiet pour l'image des services sociaux, Neil Hubbard continue à suivre de près les progrès des enquêteurs. Quelques facettes du portrait de la victime restent encore trop obscures… Écrit en 1979, ce roman fut traduit en 1983 pour la collection Engrenage International, du Fleuve Noir, dirigée par François Guérif. Il a été réédité chez Presses-Pocket en 1991. S'il fut un grand nom de la SF, Jack Vance se montra très habile dans ses polars. En installant cette histoire à Oakland où il vivait, il est particulièrement à l'aise pour décrire les lieux. Déjà à cette époque, une ville à la population mélangée et souvent modeste, réputée pour son fort taux de criminalité. On suppose que le sujet en filigrane, de médiocres tricheries envers les services sociaux, s'inspire d'un fait de société avéré. Ensuite, il faut remarquer la structure du récit : une grande part des chapitres racontent l'enquête avec, à chaque fois, un flash-back sur une scène passée, puis retour au présent. Ce qui évite une pesante narration linéaire, introduisant des détails sur Paul Gunther et les gens de son entourage. Méthode qui entretient, bien sûr, le doute sur celles et ceux qu'il fréquentait. Si Paul Gunther gardait une distance avec les autres, au risque d'agacer, cela correspondait à un mode de vie très personnel. Qui nous sera expliqué à la fin, bien évidemment. Son meurtre et l'énigmatique Mr Big sont les deux “fils rouges” de l'affaire. Une intrigue solide pour un suspense de belle qualité. |
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