Les biffins de Marc VILLARD


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MARC VILLARD

Les Biffins


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Marc VILLARD




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Parution le 1er février 2018. 120 pages. 12,50€.

Travailleur social, ce n’est pas un métier. C’est une vocation et un sacerdoce !

Âgée de vingt-sept ans, Cécile est célibataire sans enfant. Sa vie est un désert affectif consentant. Elle est noctambule, travaillant au SAMU social et patrouillant de nuit dans les rues de la capitale à la recherche des sans-abris, des SDF, des affamés, des blessés aussi car s’ils n’ont pas de toit, ces précaires sont parfois vindicatifs. C’est leur moi qui resurgit.

Les maraudes n’engendrent pas l’ennui, mais la fatigue et lorsqu’elle rentre chez elle, près du périphérique à Saint-Ouen, elle ne pense qu’à une chose, dormir. Vanessa, sa colocataire, n’est pas embêtante et discrète, et il leur arrive de sortir ensemble, le soir, lorsqu’elle n’est pas de service. Faire du bien aux autres, ça donne soif, et surtout de s’imprégner de chaleur humaine pour ensuite la partager avec les déshérités. Il lui arrive également de parler de son statut de travailleur social dans des classes, ce qui dessille quelque peu les yeux des jeunes élèves, eux dont les parents possèdent une vie familiale tranquille, ou presque.

Il ne faut pas croire que tout est rose durant la nuit. Ainsi, ils sont appelés pour un incendie dans un hôtel, en plus des pompiers, et elle aide à extirper des flammes un individu bloqué dans la buanderie. Fifi d’Anvers, un habitué qu’elle connait bien s’inquiète de Samouraï, le promis au feu. Tout va bien, braves gens, vous pouvez dormir le SAMU social veille sur vous. Sauf que Fifi d’Anvers est inquiet pour son camarade Samouraï. Celui-ci est persuadé que sa vie est en sursis, l’incendiaire ayant probablement décelé sa présence.

La nuit prochaine promet d’être émaillée d’incidents. C’est sa dernière surprise-party car elle va intégrer une association, Opaline, qui s’implique dans la réinsertion des sans-papiers et sans domicile fixe. Travailleuse sociale, mais de jour. Son quartier d’affection se situe à la Porte Montmartre, chez les biffins, ceux qui revendent des affaires récupérées ici ou là, mais pas d’objets tombés des camions. Et les accrochages entre biffins et vendeurs à la sauvette animent parfois les trottoirs. Elle fait la connaissance de nouveaux collègues, de nouveaux déshérités, même elle en a côtoyé déjà quelques-uns, de nouvelles randonnées dans Paris.

Elle s’occupe de certains d’entre eux, par sympathie, avec cette espèce d’empathie naturelle qui la caractérise. Samouraï décède dans des conditions suspectes, et elle va plus ou moins enquêter. Nadia aussi, une vieille femme, mais son décès est dû à la maladie. Une maladie que l’on retrouve dans toutes les couches de la société. Et Cécile fouille dans ses papiers, pas par curiosité malsaine, mais parce que c’est comme ça quand on prend quelqu’un en affection.

Elle prend en affection aussi Julien, le jeune assistant informatique, affection qui pourrait tourner à un sentiment plus intime.

Et c’est dans cette accumulation d’anecdotes, pas souvent amusantes, que Marc Villard nous emmène dans le quotidien de Cécile, ponctué de grands désappointements, de colères, de découragements, parfois d’un peu de soleil, le décès de Samouraï et sa suite étant un fil rouge sur lequel se greffent des épisodes souvent à la limite du misérabilisme. A la limite.

C’est une plongée sans concession dans une faune mal connue, souvent traitée avec non-respect par les forces de l’ordre, avec indifférence ou rejet par les médias qui ne se focalisent dessus que lorsqu’il y a conflit, neige et verglas, ou qu’ils n’ont pas autre chose à proposer à leurs lecteurs et téléspectateurs.

Marc Villard n’oublie pas la petite note de jazz, car Cécile est la fille de Bird, enfin un Bird français surnommé ainsi parce qu’il jouait du saxo, cette musique qui exprime aussi bien la joie de vivre que le désespoir, la mélancolie, la recherche de soi, une musique qui se partage comme le pain et le vin. La musique du petit peuple, à l’origine.

Les biffins est tout autant un roman qu’un reportage et un documentaire, ciblé plus particulièrement dans un quartier du XVIIIe arrondissement, situé entre la Porte de Saint-Ouen et la Porte de Clignancourt, mais qui s’en échappe pour se rendre compte que partout il existe des défavorisés, et que ce sont les plus humbles qui s’inquiètent d’eux. En général.

Marc Villard ne s’embarrasse pas de digressions inutiles qui feraient perdre de la force au récit, mais il plaque ça et là quelques coups de projecteurs sur des images, et celles-ci s’imprègnent dans l’esprit plus profondément qu’un livre de trois cents pages et plus. Point n’est besoin d’être prolixe pour émouvoir.

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CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER

Cécile est âgée de vingt-sept ans. C’est la fille d’un défunt musicien de jazz, qui a fini dans la dèche. De santé précaire, Cécile ne manque pas d’énergie dans ses activités sociales. Elle est employée par le Samu social. Toutefois, les maraudes nocturnes commencent à lui peser, aussi va-t-elle sans tarder changer de job. Prendre en charge les miséreux, même si c’est quasiment une vocation, c’est souvent être confronté à des situations compliquées. Et ça limite la vie sociale personnelle. Copiner avec Fifi d’Anvers, c’est sympa mais ça ne débouchera évidemment pas sur une relation intime. Il y a bien ce flic, Steve Legrand, avec lequel elle est en contact, mais elle est réticente quant à son métier.

Changeant d’association, Cécile va se consacrer aux biffins. Il s’agit de ces vendeurs en tous genres qui étalent leur marchandise – sans grande valeur, souvent – à côté des puces de Saint-Ouen. C’est le quartier où elle habite avec sa coloc. Ces biffins se sont organisés. Le rôle du groupe de Cécile est de veiller à la paix sociale dans ce carré. Parmi eux, on trouve des sans-papiers à régulariser et autres sujets relevant des services sociaux. Telle cette Nadia, plus toute jeune et très malade. Il y a aussi des personnages insolites, comme l’orateur Lothaire. Tout ce petit monde est globalement plus calme que ce qu’elle a connu jusqu’ici. Presque trop routinier et mollasson à son goût, d’ailleurs.

Par ailleurs, Cécile s’interroge sur la mort d’un sans-abri, Samouraï, un ami de Fifi. Il se peut qu’il ait aperçu un pyromane ayant récemment incendié un hôtel du secteur. “On sait comment ça se passe à Barbès. Les habitants ne veulent pas lâcher leurs logements, alors les proprios leur balancent des rats dans les couloirs, déversent des poubelles dans les escaliers, cassent la gueule à ceux qui s’accrochent.” Malgré tout, rien ne prouve que cet incendie ait été volontaire. Fifi d’Anvers s’est renseigné sur le passé de Samouraï, qui fut militaire en Afrique. Pourtant, une vengeance paraît improbable, car c’est d’une overdose – provoquée ou pas, jamais facile à déterminer – dont est mort Samouraï.

Cécile se demande si elle a trouvé le grand amour, avec ce technicien en informatique qui opère dans le quartier. “C’est pas le gars compliqué, genre à se poser des questions sur sa capacité à faire jouir.” Néanmoins, côté sentiments, Cécile est quelque peu complexe. Elle continue à suivre le cas désespéré de Nadia, et à vouloir comprendre la mort suspecte de Samouraï…

(Extrait) “Je passe la matinée à repérer les sauvettes qui se glissent régulièrement dans le carré. Il faut les prendre par le bras et les écarter gentiment. En fait, ils sont tous dans le même bain, mais certains ont la carte et d’autres pas. Les vendeurs à la sauvette sont plus jeunes que la moyenne des biffins du carré. Ils emballent leur matos dans un carton ou un drap sale et sont capables de disparaître en trente secondes chrono. Les filles préfèrent s’installer en dehors du carré pour éviter l’évacuation. L’une d’elles, une Asiatique, a noué ses cheveux en chignon, et son peignoir en éponge, composé de carreaux noirs et blancs, glisse sur son sein droit. Deux allumés roumains assis de l’autre côté de la travée sont comme hypnotisés par le mamelon offert. Elle relève la tête et tire vivement sur son vêtement. Un peu plus loin, une femme de soixante ans au bas mot a compilé une dizaine de sacs-poubelles éventrés dans lesquels sa vie fermente dans l’odeur de frites et de sardines avariées. Mais comme elle n’est pas du quartier, je laisse glisser. Je ne suis pas la brigade d’intervention, faut pas confondre.”

On le sait, Marc Villard est un des plus grands experts en matière de nouvelles. Il excelle tout autant dans le roman court. Car son écriture précise fait mouche, évacuant les détails parasites pour ne retenir que le cœur palpitant d’une histoire. Ce qui ne l’empêche pas d’évoquer aussi finement les états d’âmes sentimentaux de son héroïne, que le curieux petit univers de ces biffins vivotant en vendant toutes sortes de produits, dont l’origine peut s’avérer douteuse. C’est le portrait de cette population, à la marge de notre société, qu’il met en évidence, sans jugement ni complaisance. Quant à l’aspect polar, il concerne les mystères autour de l’incendie d’un vieil hôtel, rue Polonceau. Les règles du genre sont respectées, avec une belle maîtrise là encore. Un roman court, certes, mais ne manquant pas d’une densité certaine. Jolie réussite à l’actif de Marc Villard.

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