le pilote du danube de Jules VERNE


Le Pilote Du Danube VERNE179

JULES VERNE

Le Pilote Du Danube


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Jules VERNE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Collection L'Aube Poche Littérature. Parution 2 juin 2016. 328 pages. 13,00€.

Un roman policier mais pas que*...

En cette année 1876, la tension entre l'empire Ottoman et les autres pays qui bordent le Danube est extrême.

Surtout vers la seconde moitié de son parcours, l'actuelle Hongrie, la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie.

Mais à Sigmaringen, l'effervescence règne pour une toute autre raison. La Ligue Danubienne organise son traditionnel et fort prisé concours de pêche. Deux prix sont attribués, l'un à celui qui aura pris à la ligne le plus grand nombre de poissons, l'autre à celui qui sera l'heureux possesseur du poisson le plus gros. Quatre-vingt-dix-sept concurrents, de nationalités diverses comprenant aussi bien Badois, Wurtembergeois, Autrichiens, Hongrois, Serbes, Valaques, Moldaves, Bulgares, Bessarabiens, sont en lice et à la surprise générale, c'est un inconnu, fraîchement adhérent de la Ligue, le Hongrois Ilia Brusch.

Ilia Brusch, qui se déclare comme vivant à Szalka petite bourgade située à quelques lieues de Budapest, émet une proposition qui enthousiasme l'assistance. Il déclare qu'il va descendre le Danube jusqu'à son embouchure, soit trois mille kilomètres, ce qui devrait lui prendre deux mois environ, en ne vivant uniquement que de sa pêche.

Si cette décision est annoncée dans les journaux comme il se doit, une autre affaire tient la une des médias. Depuis plusieurs mois une bande de brigands sévit sur les bords du Danube, et le nombre de fermes dévalisées, de châteaux pillés, de meurtres même ne se comptent plus. Un policier hongrois, Karl Dragoch, est désigné comme chef d'une police internationale destinée à traquer ces voleurs. Certains émettent l'hypothèse que Karl Dragoch et Ilia Brusch ne feraient qu'un.

Et le 10 août, c'est le grand départ, fêté comme il se doit par une présence importante de membres de la Ligue Danubienne. Mais Ilias Brusch, lorsque les regards ne sont pas portés sur lui, se dépêche de descendre le Danube, pêchant certes comme il l'avait promis et vendant son poisson dans les petits ports lors de ses escales, mais la nuit il godille frénétiquement et avance à grande vitesse.

A Ulm, un individu s'invite dans son embarcation, lui offrant une forte somme afin de continuer sa route en sa compagnie. Au départ, Ilia Brusch refuse catégoriquement de prendre un passager à son bord, mais l'homme qui se présente comme un certain Jaeger possède un sésame. Lorsqu'un gendarme se pointe sur le quai et demande à Ilia Brusch ses papiers d'identité, Jaeger soumet une lettre au représentant de la loi et affirme qu'il répond de son hôte. Brusch est bien obligé d'accéder à la demande de Jaeger, et continue sa route fluviale en sa compagnie.

Mais intéressons de plus près de ces deux personnages, puisque Jules Verne lui-même les présente quasiment dès le début du roman, avec un autre protagoniste pour l'instant caché mais qui fera parler de lui.

Tout d'abord Ilia Brusch, qui bien évidemment ne se nomme pas ainsi mais Serge Ladko et est natif de Roustchouck, petit port sur la partie bulgare du Danube. Il exerce la profession de pilote de gabarre, et connait donc bien le fleuve. Mais c'est également un patriote, et il est chargé d'une mission afin de contrer les avancées et l'emprise de l'Empire Ottoman sur son pays. Il aime et est aimé de Natcha, seulement un second prétendant se met sur les rangs, Striga, le côté obscur de Roustchouk, un rival qui dirige la bande de brigands qui sévit sur les bords du Danube. Personne n'a vu son visage, sauf quelques fidèles et il signe ses crimes du nom de Ladko, guidé par la jalousie.

Sous le nom de Jaeger, le passager de Brusch/Ladko n'est autre que le policier Karl Dragoch. Il est chargé comme dit plus haut de traquer et surtout découvrir l'identité du chef des brigands semant la terreur le long du Danube.

Et bien sûr cette intrigue repose sur les machinations et les méprises des uns et des autres, sur fond historique belliqueux entre les pays austro-hongrois, balkans et slaves et la Turquie, guerre qui continuera par la suite et connaitra son apogée en 1912/1913.

Ebauché dès 1880, ce roman, qui à l'origine sera titré Le beau Danube jaune, sera publié à titre posthume en 1908. Si l'on retrouve une grande partie des thèmes chers à l'auteur, les déclinaisons géographiques notamment, les promenades en bateau, et accessoirement la pratique halieutique, Jules Verne intègre à son récit une dimension policière, dont l'enquête tient plus du roman noir que du roman problème tel qu'il fut en vogue à l'époque jusque dans les années cinquante.

Jules Verne, toujours précurseur, quel que soit le domaine littéraire populaire dans lequel il se produit, est donc en rupture complète ne proposant pas une intrigue sophistiquée mais juste une intrigue dans un contexte historique. Dragoch ne se montre pas particulièrement inspiré dans ses déductions, même lorsqu'il se prend pour un émule de Zadig, de Voltaire, en déduisant d'après une lecture du terrain que les bandits, lors du pillage d'un château, ont utilisé une charrette à quatre roues, attelée de deux cheveux dont l'un, celui de flèche, offre cette particularité qu'il manque un clou au fer de son pied extérieur droit.

De même il remarque qu'Ilia Brusch n'est pas véritablement noir de cheveux puisque, au bout de quelques jours, les racines deviennent d'un blond anachronique. De même il fouillera les coffres du pilote, lors d'une absence de celui-ci, absence qui correspond à un nouveau pillage, découvrant l'identité réelle de son compagnon.

L'aspect scientifique présent dans bon nombre des romans de Jules Verne y est gommé. Peut-on tout au plus mettre en avant le plaisir de la pêche, qui est nettement supérieur à celui de la chasse, selon le président de la Ligue Danubienne, et donc de l'auteur :

Quel mérite y a-t-il à tuer un perdreau ou un lièvre, lorsqu'on le voit à bonne portée, et qu'un chien - est-ce que nous avons des chiens, nous ? - l'a dépisté à votre profit ?... Ce gibier, vous l'apercevez de loin, vous le visez à loisir et vous le visez à loisir et vous l'accablez d'innombrables grains de plomb, dont la plupart sont tirés en pure perte !... Le poisson, au contraire, vous ne pouvez le suivre du regard... Il est caché sous les eaux... Ce qu'il faut de manœuvres adroites, de délicates invites, de dépenses intellectuelles et d'adresse, pour le décider à mordre à votre hameçon, pour le ferrer, pour le sortir de l'eau, tantôt pâmé à l'extrémité de la ligne, tantôt frétillant et pour ainsi dire, applaudissant lui-même à la victoire du pêcheur !

Un roman qui n'a pas vieilli, justement grâce au côté précurseur de Jules Verne, et qui par certains côtés nous ramène à des problèmes sociaux-ethniques actuels.

*Petit clin d'œil aux éditions Lajouanie !

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