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CATHI UNSWORTH |
Londres NoirAux éditions ASPHALTE ED. |
1494Lectures depuisLe mercredi 1 Decembre 2010
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Une lecture de |
Ou quand les éditions Asphalte cultivent les fleurs de bitume. Ces fleurs sont les nouvelles qui décrivent, loin des clichés des cartes postales destinées aux touristes, des quartiers qui recueillent la faune hétéroclite, cosmopolite et interlope qui s’y trimballe. Souvent des musiciens qui auraient pu devenir des stars mais qui vivent en marginaux, n’ayant pas obtenu le succès escompté pour diverses raisons. Ces fleurs sont aussi celles qui fissurent le goudron recouvrant les rues malfamées, l’orge, le houblon ou encore le pavot et qui ne seront pas foulées au pied par des visiteurs en mal de sensations fortes à moins que leurs pas les conduisent justement les traces de ces vaincus de la vie. Parce que, eux-mêmes, se sentent en adéquation et désirent s’accrocher à des images de vaincus, à partager une vie d’errance, à se fondre dans les squats et les bars louches, à avaler moult pintes de bière, de whisky, et s’envoyer en l’air à l’aide de poudre blanche en compagnie de filles anorexiques et de gars désabusés. Dans ce Londres Noir, recueil de nouvelles préparé, concocté et proposé par Cathi Unsworth, c’est bien l’alcool et la drogue qui régit le quotidien des protagonistes de ces récits écrits par des pointures comme Ken Bruen et des auteurs plus ou moins inconnus chez nous mais qui ont à leur actif pour la plupart déjà quelques romans noirs. Ils sont dix-sept et possèdent en point commun d’être ou d’avoir été journalistes et de graviter dans le monde musical. Soit comme compositeur comme Sylvie Simmons qui a rédigé une biographie de Serge Gainsbourg, John Williams qui écrit pour un fanzine punk et joue dans des groupes ou encore Max Décharné, auteur de recueils de nouvelles, des essais sur la musique, le cinéma et la contre culture, batteur du groupe Gallon Drunk et chanteur du groupe de garage punk The Flaming Stars. Certains personnages pensaient pouvoir trouver amour, peut-être, gloire sûrement (et beauté ?) mais ils se rendent comptent qu’ils se sont fourvoyés et repartent chez eux loin dans le Nord. C’est ce qui arrive aux protagonistes de Sic transit gloria mundi de Joolz Denby, auteur de Stone Baby publié chez Baleine. Mais tous n’ont pas ce privilège et continuent de végéter dans les brumes de l’alcool, de la fumée et de la poudre. D’autres sont des passagers de la rue, dont c’est le travail d’arpenter ce bitume. Dans Rigor mortis de Stewart Home, le narrateur est un flic et ce qu’il fait, il le fait en son âme et conscience. D’ailleurs il se défend en déclarant : Toute personne sensée reconnaîtrait que sans lois ni agents de police préparés à faire le sale boulot avec vigilance, la société deviendrait une véritable jungle. Ceci dit, il y a encore trop d’âmes charitables qui aiment salir l’image de la police de Londres. Et que penser de cette phrase du poète gallois Dylan Thomas, citée par John Williams dans New Rose : Un alcoolique, c’est quelqu’un que tu n’aimes pas et qui boit autant que toi. Dans la même collection vous pouvez également découvrir Los Angeles Noir, recueil présenté par Denise Hamilton avec en têtes d’affiche Michael Connelly, Robert Ferrigno, et quinze autres auteurs de nouvelles noires. Vous pouvez également lire mon article sur Paris Noir, en attendant la parution de Brooklyn Noir et Rome Noir. L’intérêt de ces ouvrages est renforcé par la playlist qui figure en rabat de quatrième de couverture. Vous pouvez également visiter le site des éditions Asphaltes. |