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JEAN TEULE |
Mangez-le Si Vous VoulezAux éditions POCKETVisitez leur site |
513Lectures depuisLe samedi 17 Decembre 2011
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Une lecture de |
L’intrigue se passe dans le Périgord à l’époque de la guerre de 1870. En cette mi-août, l’armée française résiste de moins en moins bien aux attaques des Prussiens. L’empereur Napoléon III sera déchu à peine trois semaines plus tard. Les conscrits partent toujours vers le front. Ce sera bientôt le cas d’Alain de Monéys, élu municipal âgé de 28 ans. Malgré sa santé, il a refusé d’être réformé. Avant son départ, il a lancé un projet d’assainissement de la Nizonne, qui sera bénéfique à tous. En ce 16 août 1870, il fait très chaud dans la région. Il quitte la propriété de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, village situé à trois kilomètres. Une bonne partie de la population locale connaît bien Alain de Monéys. Il compte être de retour sans s’y attarder très longtemps. Le jeune homme croise plusieurs amis dès son entrée à Hautefaye. Il y règne une certaine tension, due aux échecs de la guerre, mais on reste patriote dans le village. On crie à la victoire de l’Empereur, à la destruction de la Prusse et à la mort de Bismarck. Alors que les esprits s’échauffent, un malentendu se produit. Un des habitants accuse Alain de Monéys de souhaiter la défaite de la France. On ne tarde pas à le conspuer, à harceler celui qu’on va appeler Le Prussien. Vieux et jeunes vocifèrent contre lui, tant et si bien qu’on est prêt à le pendre. Le curé tente une diversion, très provisoire, afin de le sauver. Maréchal-ferrant de son métier, le maire refuse de secourir Alain de Monèys, visiblement en danger. La foule traîne son suspect jusqu’à l’atelier du maire. La victime n’est plus seulement maltraitée, mais carrément martyrisée par la population en furie. La jeune Anna, secrètement amoureuse d’Alain, ne peut rien faire pour l’aider. Gravement blessé suite aux violentes tortures qu’il a subi, il est emmené à travers le village. On finit par dresser un bûcher, afin d’y faire périr celui que tous considèrent désormais comme l’ennemi. Nul n’ose plus s’opposer aux centaines d’habitants excités… Jean Teulé est un écrivain très sympathique. On aime son enthousiasme quand il présente son nouvel ouvrage dans les médias. Dans les salons, il plaisante volontiers avec ses lecteurs, tout en signant le monticule de livres placé devant lui. On le sent ouvert à l’échange, content de rencontrer ceux qui le lisent. Depuis vingt ans, cet ancien de la bédé s’est forgé un lectorat fidèle. En 2009, après le succès de “Le Montespan”, Jean Teulé publie ce court roman chez Julliard, livre qui est disponible au catalogue Pocket dès 2010. Voilà un roman pouvant intéresser les lecteurs de polars, puisqu’il s’inspire d’un véritable fait-divers. Il s’appuie sur une documentation précise, indiquée en fin de volume. L’atout favorable consiste à présenter les étapes du martyre de la victime sous forme de chemin de croix. C’est hélas l’unique élément positif de ce roman. Tout le reste “sonne faux”. À commencer par les piètres dialogues, si artificiellement fabriqués. Ensuite, il faut souligner une évidente complaisance malsaine à décrire les terribles tourments infligés à la victime. Il était possible d’édulcorer la description des actes, tout en insistant sur leur monstruosité. Si le récit avait bénéficié d’une tonalité ironique, cela aurait servi à dénoncer l’horreur des faits. Ce n’est pas le cas. Quant à la psychologie de cette foule délirante, l’auteur ne cherche pas à nous l’expliquer. “C’est parce qu’ils nient l’évidence et tentent d’exorciser la défaite à laquelle ils refusent de se résigner, analyse Dubois.” Émulation criminelle, ultra-patriotisme exacerbé, violence calculée de quelques meneurs ? Rien ne nous renseigne. D’un auteur de polar, on exigerait davantage de justifications, de crédibilité, de vérité psychologique et d’écriture. D’autres ouvrages traitant d’anciens faits-divers s’avèrent bien meilleurs. Ce livre est une déception, d’autant plus énorme que le sujet s’annonçait puissant. Dommage ! |