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MARK TWAIN |
Le Rapt De L’éléphant Blanc Et Autres NouvellesAux éditions OMNIBUSVisitez leur site |
1331Lectures depuisLe mardi 5 Juillet 2011
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Une lecture de |
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Préface et chronologie de Delphine Louis-Dimitrov. Limiter la production littéraire de Mark Twain aux seuls Tom Sawyer et Huckleberry Finn, serait réducteur. Personne ne peut nier le succès de ces deux romans destinés en général aux enfants et jeunes adolescents, succès amplifié par les adaptations cinématographiques, pas moins de onze films, des séries télévisées et des dessins animés, mais ce sont un peu les arbres qui cachent la forêt. En effet Mark Twain est aussi l’auteur de cinquante-huit nouvelles, recensées dans cet ouvrage, et dont la plupart sont inédites en français. Même les plus rébarbatifs à la lecture de nouvelles devraient y trouver leur compte car l’humour parfois ravageur, ironique, de Mark Twain, lequel dénonce les petits travers de ses concitoyens, cisèle de petits bijoux. Le narrateur, quel qu’il soit, se montre souvent naïf, candide, crédule. Ainsi dans Le Rapt de l’éléphant blanc, nouvelle éponyme qui donne son titre au recueil, le conteur est chargé de convoyer un pachyderme du Royaume de Siam jusqu’en Angleterre, un don pour enterrer des divergences entre les deux pays. Faisant escale à New-York, son animal en profite pour s’échapper de la grange où il était parqué et s’évanouit dans la nature. L’inspecteur chef de la police et ses hommes, plus d’une centaine, établissent des théories toutes plus abracadabrantes les unes que les autres, et le narrateur s’extasie devant l’intelligence de ces enquêteurs lancés sur la piste d’un animal qui semble se trouver partout et nulle part à la fois. Cela durera de longues semaines, au détriment du portefeuille de notre héros qui ne manque pas de féliciter les policiers pour leurs efforts et surtout leurs hypothèses saugrenues qu’il prend pour argent comptant malgré les préjudices dont il est victime. Mais comme le déclare doctement l’inspecteur chef à une question de bon sens posée par son interlocuteur, « Ce n’est point notre affaire de prévenir le crime, mais de le punir. Nous ne pouvons pas le punir tant qu’il n’a pas été commis ». Je ne vais pas tout vous dévoiler mais attardons-nous toutefois sur quelques-unes d’entre elles. Dans La célèbre grenouille sauteuse du comté de Calaveras, un homme qui a l’habitude de parier en affirmant que sa grenouille est championne dans la catégorie saut en longueur, se fera plumer par un individu plus roublard que lui. C’était le premier texte de Mark Twain publié en 1865 et qui le rendra célèbre sous ce pseudonyme dans tout le pays. Histoire du méchant petit garçon est à contre-courant des écrits destinés à la jeunesse de l’époque dont la finalité était de démontrer qu’il existait une morale et de montrer que toute action de repentance était récompensée. Du cannibalisme dans le train met en scène quelques hommes de la bonne société qui voyageant à bord d’un train vont connaitre les affres de la faim suite à une tempête de neige immobilisant leur convoi. Et les caractères de chacun vont se développer au cours des jours suivants. Un récit recueilli auprès de l’un des survivants. La légende de la Vénus du Capitole nous entraîne à Rome alors qu’un sculpteur, comme la plupart des artistes, vivote chichement, tirant le diable par la queue. Mais un de ses amis d’enfance saura le tirer de ce mauvais pas. Le journalisme dans le Tennessee heureusement n’est pas représentatif de la profession mais qui sait si dans un coin retiré d’un état déshérité… Je terminerai ce petit recensement par une nouvelle, l’une des plus longues du recueil, avec Une histoire policière à double détente. Dans ce récit le lecteur pourra retrouver dans l’un des seconds rôles Sherlock Holmes, lequel est gentiment tourné en dérision, battu à plates coutures dans ses déductions par un jeune homme qui possède la particularité de voir la nuit mais surtout de posséder un odorat particulièrement développé. Bien entendu toutes ces histoires sont empreintes d’une forme d’absurdité humoristique mais qui montre à travers un prisme grossissant le monde, de l’époque ou actuel, car les comportements de nos concitoyens, et de nous-mêmes ne nous leurrons pas, sont souvent en décalage avec la rigueur à laquelle on serait en droit d’attendre. Les comportements mais également les décisions, et il n’est pas étonnant que Mark Twain, sera en avance sur son temps dans bien des domaines. Il sera ainsi le premier Américain à taper une œuvre à la machine à écrire, investira dans une machine à imprimerie automatique, fera partie des fondateurs de l’association américaine des Amis de la Liberté Russe. Il écrira beaucoup pour différents journaux, abordant d’abondants sujets politiques, s’engageant dans divers domaines. Ainsi entre 1900 et 1908, il écrira de très nombreux articles satiriques prenant pour cible la politique impérialiste des Etats-Unis, vis-à-vis des Philippines notamment, dénoncera le tsarisme russe, l’action des missionnaires chrétiens en Chine, la domination du roi Léopold II de Belgique sur le Congo, et en 1905 il sera élu vice-président de la Ligue Anti-impérialiste des Etats-Unis. Un humaniste qui l’est tout autant dans ses écrits que dans ses actions. Relire Mark Twain, c’est oublier le temps de quelques pages, de quelques nouvelles, les soucis et les balayer d’un revers de manche. |
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