Pour la petite histoire, ou pour la grande, comme on voudra, le XVIIè siècle où se déroule les aventures du mandarin Tân est une période troublée dont les déchirements auront des conséquences jusqu’à nos jours. La dynastie des Lê (postérieurs) a laissé place pour une courte durée à celle des Mac, avant que les Lê (postérieurs) soient de nouveau réinvestis du mandat céleste, comme on dit là-bas, par deux seigneurs, les sieurs Trinh et Nguyên. Mais les deux comparses qui ont affrontés de concert et avec succès les Chinois qui soutenaient les Mac vont fonder deux seigneuries. L’une au Nord où l’empereur n’est plus qu’une potiche aux mains des Trinh. Une autre au Sud où les Nguyên vont étendre le territoire de l’actuel Vietnam jusqu’à l’extrême sud du pays. Le nom de Mac ayant été interdit comme précédemment celui de Ly, autre dynastie déchue, tous les Mac et tous les Ly du Vietnam vont prendre le nom de Nguyên (sans parenté avec les seigneurs du Sud). Ce qui explique que ce nom soit porté par 45 % de la population vietnamienne, et jusqu’à 65 % dans les provinces du centre.Période charnière donc à partir de laquelle vont coexister les deux seigneuries pendant deux siècles et demi … Mais période charnière aussi en matière religieuse puisque le confucianisme devenu doctrine d’état le bouddhisme va entrer en déclin, déclin qui perdurera jusque dans les années 30 du XXè siècle, où il reprendra vigueur, mais divisé en plusieurs branches que viendront concurrencer des sectes qui peuvent compter jusqu’à 1 million de membres.Le mandarin Tân, confucéen, est donc un dévoué serviteur de l’empereur potiche et exerce ses talents au Nord du pays, en seigneurie Trinh. Nous croiserons dans "le temple de la grue écarlate" des moines bouddhistes passés maîtres en arts martiaux et une prêtresse taoïste aux mœurs très libres… Vous étonnerais-je en vous disant que les sœurs Tran et Nhut semblent avoir un faible certain pour les taoïstes libertaires et une transparente aversion pour un confucianisme qui fait de la piété filiale la vertu cardinale de chacun des niveaux de la société, et transforme les femmes en reproductrice de mâles susceptibles de perpétuer la lignée ?Dans ce contexte rapidement brossé, voici donc le mandarin Tân et le lettré Dinh aux prises avec un tueur d’enfants difformes. Le tueur semble avoir déjà commis deux meurtres 5 ans auparavant, avant de récidiver par trois fois sous l’exercice du mandarin Tân.Curieuse cité en fait que celle dépendant de l’autorité du mandarin Tân. Outre les moines guerriers cités plus haut, on trouve aussi une milice paramilitaire sous les ordres d’un mandarin de second rang, une meute d’enfants monstrueux, tous de sexe mâle, dont trois feront les frais de notre tueur, une ribambelle de filles en âge d'être mariée (15 ans) que les parents ont bien du mal à caser, et une demoiselle bien joliette, mais au langage si peu châtié qu’il défrise quelque peu notre mandarin qui pourtant n’est pas insensible aux charmes de l'oiselle. Je me garderai bien d’en dire davantage sur l’intrigue, sinon que les deux sœurs nous offriront un rebondissement de dernières pages bien dans leur manière.En trois mots : un vrai régal !
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