Les sœurs Thanh-Van et Tran-Nhut sont Vietnamiennes. Elles sont venues enfants en France avant de s'installer adultes aux Etats-Unis où elles sont devenues chercheurs et enseignantes dans de grandes universités. Et elles écrivent des polars.Tout d'abord un petit rappel historique qui vaudra pour les critiques à venir de leurs autres ouvrages. Le XVIIème siècle où se situent les intrigues du mandarin Tân, leur héros réccurent, est une période charnière où se joue l'avenir du Vietnam jusqu'à nos jours. Depuis deux siècles un confucianisme sclérosé est devenu doctrine d'état. Ce confucianisme est basée sur la reproduction du connu, et les conséquences en Chine comme au Vietnam vont être dramatiques puisque ces pays vont prendre un retard scientifique et technique tel qu'il rendra possible leur colonisation par les Occidentaux. De plus, le Vietnam de l'époque du mandarin Tân va se scinder en deux seigneuries, celle des Trinh au Nord, et celle des Nguyên au Sud. Cette division va se maintenir sous une forme ou sous une autre jusqu'en 1975, avec une brève période d'unification sous le premier roi Nguyên, Gia Long, à la fin du XVIIIème siècle, et jusqu'à l'intervention des Français au milieu du XIXème.Période trouble donc, où les mandarins confucéens représentaient le pouvoir impérial, tout à fait formel puisque celui-ci était partagé par les deux seigneurs cités plus haut, et rendaient la justice. "Le banquet de la licorne", le 8ème polar des sœurs Tran-Nhut, est l'un des plus habilement construit. J'avoue avoir été dupe jusqu'aux toutes dernières pages. Je me suis laissé bercer par ce qui me semblait être une joute de conteurs lors d'un banquet. Jusqu'au moment où le mandarin Tân qui n'a jamais cessé d'orienter la joute par de courtes allusions, clôt l'intrigue tel un collier de grains ou de perles constitué par le récit de chacun des convives. Les récits forment alors intrigue, et quelle intrigue !, On doit alors admettre que les deux sœurs nous ont bien baladés, pour notre plus grand plaisir.
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