TITO TOPIN

Les personnages :
Armand Lebras : Un homme autoritaire, égocentrique et cynique, PDG d’une entreprise de mécanique. Il est fatigué de discuter avec les syndicats et considère que tous ceux qui l’entourent ne méritent aucune considération.
Marie-Lotte : Secrétaire et maîtresse entretenue d’Armand Lebras…
Skipper : Un sans domicile qui s’est fait viré de son squat par son ancienne copine. Il rêve d’atteindre Shanghai mais se contente de construire des maquettes de navires, de chercher l’aventure au fond d’une bouteille et de veiller de nuit sur l’entreprise de Lebras.
Betty : Celle que Skipper surnomme virus et qui se passionne pour les émissions médicales.
Pogna : Le frère de Betty; aussi fort que décérébré.
Jean-Baptiste : Le nouveau partenaire de Betty; dealer occasionnel.
Abdou : Voleur de voitures minables; il ignore qu’il n’est qu’un mort en sursis.

Le cadre :
La cour de l’entreprise d’Armand Lebras, les bâtiments d’une usine désaffectée, la route qui va de l’une à l’autre, une station-service, un bar et un parking souterrain… le tout de nuit… ainsi que le lit du Rhône, où quelques protagonistes finiront.

L’action :
Cette nuit-là, Armand Lebras a l’intention de filer en Suisse avec dans un second réservoir d’essence du liquide de la banque de France.
Cette nuit-là, la bande à Betty a l’intention de cambrioler l’entreprise d'Armand Lebras.
Cette nuit là, Marie-Lotte, qui connaît les projets de son amant de patron, a l’intention de contrecarrer ses plans.
Cette nuit-là, Skipper a l’intention de terminer sa jonque…

Le dénouement :
Armand Lebras passera sous les roues de son quatre-quatre; Betty sera collée au plafond par les cheveux avant de terminer sa course dans le Rhône en compagnie de Pogna; Abdou crèvera sur le bord de la route une balle dans le ventre; Marie-Lotte ne se vautrera pas dans la soie… quant à Skipper, il gagnera « Rangoon par les îles Andamanes », les cales pleines.

« Shanghai Skipper » est la réédition d’un polar de Tito Topin, datant des années 80, qui fut porté au petit écran par Michel Andrieu avec Claude Nougaro dans le rôle de Skipper. On mesure, à la lecture de ce roman, qu’habitent une énergie et une verve aussi dévastatrice que d’un autre âge, le chemin parcouru depuis c’est années là, tant il est patent que le politiquement correct a depuis étendu sa chape de plomb.

Une autre lecture du Shanghai Skipper de PAUL MAUGENDRE

Skipper , c’est le surnom d’un rêveur, d’un aventurier d’appartement, vigile de nuit dans une usine de mécanique de précision. Enfin vigile, si l’on veut dire car ses nuits il les passe à monter des maquettes de bateaux, imaginant des voyages lointains peuplés de contrebandiers. Le grand large c’est sa drogue à lui. Sa devise il la tient de Robert Desnos :
Les putains de Marseille ont des sœurs océanes
Dont les baisers malsains moisiront votre chair.
D’autres vers lui plaisent bien aussi :
Ah, la jonque est chinoise et grecque la trirème
Mais la vague est la même à l’orient comme au nord.
Des rêves pleins la tête, il vit de peu et s’en contenterait. Mais le destin parfois joue des tours à sa façon et Skipper, bien malgré lui, se trouvera embarqué au beau milieu d’un complot d’une valeur d’un milliard (un milliard de centimes de franc, restons simples !). Son patron, celui qui lui a offert cette place en or, décide de passer la frontière avec l’argent de l’usine. Mais Marie-Lotte, sa secrétaire, se trouve mise involontairement au courant du projet patronal à cause d’un interphone mal réglé. Or le soir de la fuite du dit patron, le frère et le fiancé de l’ancienne bonne amie de Skipper, aidés d’un troisième larron, décident de visiter justement cette usine et de repartir avec quelques objets que rachèterait volontiers un receleur du coin.

Que vont faire tous ces protagonistes lorsqu’ils se retrouveront nez à nez dans la cour de l’usine ? C’est ce que nous conte Tito Topin dans Shangaï Skipper. Tito Topin maîtrise dans ce roman son imagination débordante, débridée, parfois complexe. Un roman qui fut publié en 1986 à la Série Noire, alors que le commissaire Navarro, incarné au petit écran par Roger Hanin, effectuait ses premières gammes. Et qui devint une symphonie, éloignant Tito Topin, créateur du commissaire préféré des Français, avec Maigret, de l’écriture de romans pour se consacrer à celle de scénarios.