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GIORGIO TODDE |
La Folle BestialiteAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1548Lectures depuisLe mardi 6 Fevrier 2007
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Une lecture de |
Quinquagénaire grisâtre, Ugolino est météorologue depuis 26 ans. Fin prévisionniste, il se trompe rarement. Il a conçu une théorie sur la “climatologie sociale”, un parallèle entre comportement humain et météo. Il est discrètement amoureux de Gilda, sa collègue depuis douze ans. Le soir où elle lui donne enfin rendez-vous, elle meurt peu avant, assassinée dans sa baignoire. Le curieux commissaire Ferfuzio enquête. Selon le psy traitant Gilda, elle était équilibrée, normale. Pourtant, elle sympathisa avec Cosmino, un patient obsédé par les excréments. Le policier imagine une piste “intestinale”. Professeur et écrivain, Costante est le meilleur ami d’Ugolino. Ayant changé son mode de vie et son aspect, le météorologue espère cerner le caractère profond de Gilda. La réponse peut se trouver dans les livres qu’elle lui a légué. L’universitaire Sperlengo est assassiné, écorché vif. Dans son coffre-fort, on découvre un texte rappelant ceux de Dante. Costante confirme qu’il s’agit d’un chant inconnu de la « Divine Comédie », sur le thème de la Folle Bestialité. Ce poème “intestinal” apporte une certaine notoriété à Costante, qui fait des conférences sur ce texte. Sœur aînée de Gilda, Emilia devient l’amante d’Ugolino. Un 3e homme est cruellement assassiné. On ne voit pas de lien avec Gilda, comme s’il s’agissait de brouiller les pistes. Le fou Cosmino et le psy sont hors de cause : Ferfuzio les estimant en danger, ils étaient sous la protection de la police. Sans délaisser la belle Emilia, Ugolino tente une expérience de méditation. Il s’essaie avec succès à la lévitation. Survoler les faits, pour mieux comprendre... On est ici aux antipodes du roman policier ordinaire. Bien sûr, sous une chaleur écrasante, la météo joue son rôle. Les références à Dante et à son œuvre sont affichées. Mais on retient d’abord les personnages : Ugolino qui ressemble à un petit chien, tandis que Costante a l’allure d’un grand insecte, et le policier possède un laid visage “cubiste”. On sent qu’une forme de folie relie les protagonistes de l’affaire. Derrière une apparente normalité règne la Folle Bestialité, à l’exemple du fou Cosmino. Si le sujet est abject ou sordide, le récit est plein d’inventivité et de fantaisie – voire de drôlerie. La narration poétique et souriante relativise les crimes, mais l’intrigue reste subtilement présente. Voilà un roman délicieusement déroutant. |
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